ENQUETE ORALE SUR L’HISTOIRE ET LE PEUPLEMENT, A L’EPOQUE COLONIALE, D’UN VILLAGE AGNI DU SANWI DANS LE SUD-EST DE LA COTE D’IVOIRE FORESTIERE (écrit de jeunesse : mémoire du DEA d’anthropologie de l’ECOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES DE PARIS)

PLAN

I- METHODOLOGIE

II- SITUATION DE BIANOUAN

III-PEUPLEMENT DU VILLAGE

IV- UNE BIENVEILLANCE LÉGENDAIRE DES AGNI DU SANWI À L’EGARD DES ÉTRANGERS MISE EN DOUTE PAR UN ANTHROPOLOGUE FRANÇAIS

V–HISTOIR DE BIANOUAN PAR LE CHEF ET LES ANCIENS DU VILLAGE

I – METHODOLOGIE                                                                                                                         

   Je m’étais rendu, en décembre 1980, en Côte d’Ivoire en vue d’une petite enquête. J’étais accompagné dans ce voyage par deux amis lyonnais qui allaient y passer des vacances.

   Il est de coutume, chez les Agni, que lorsqu’un fils du village revient de loin accompagné d’étrangers, il vienne le ou les présenter au chef du village afin qu’il les connaisse et qu’il puisse assurer éventuellement leur sécurité en cas de conflit social. C’est ainsi que, le lendemain de notre arrivée, mes parents et moi-même, nous nous sommes rendus auprès du chef de Bianouan afin de lui présenter mes amis. A la fin du rituel que nous appelons « demander les nouvelles à tout étranger », j’ai fait comprendre au chef Akoi, ainsi qu’à ses notables, le but de mon voyage en les priant de m’aider à l’atteindre, à savoir une enquête sur l’histoire de Bianouan.

   De décembre au début du mois d’avril à peu près, c’est la période de la récolte du café ; période que nous appelons là-bas : la traite. Ce qui signifie que tout le monde est fort occupé. Pour ce faire, il devient difficile de trouver quelqu’un de disponible.

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LE PROBLEME DE L’OBJECTIVITE DANS LES SCIENCES HUMAINES – CRITIQUE DU SAVOIR ETHNOLOGIQUE – (Ecrit de jeunesse)

Introduction

       Comme leur nom l’indique, les sciences humaines ont pour objet l’étude de l’homme. Il s’agit d’une analyse à la fois de ce que l’homme a fait et du comment il se fait dans le temps et dans l’espace. C’est ce dont s’occupe surtout l’histoire. A ceci il faut ajouter que l’homme cherche, non seulement une origine dans le temps et une attache dans l’espace, mais en outre, il cherche à connaître la nature de ses attitudes, de ses comportements. Cette étude de soi-même, qu’on appelle, par ailleurs, la psychologie l’amène à examiner sa conduite vis-à-vis des autres.  En d’autres termes, la sociologie analyse les rapports complexes qui régissent la vie d’une société humaine donnée.

    Si on s’en tient à ces quelques sciences et à leur définition schématique, on voit que, contrairement aux autres connaissances de l’homme, elles ont pour objet l’étude dece qui est spécifiquement humain. Car si les autres sciences ont un objet d’étude extérieur à l’homme, un objet concret, décomposable, manipulable, dans les sciences humaines, l’homme, sujet et auteur des sciences, se prend lui-même comme objet d’étude. Mais l’homme peut-il faire abstraction de lui-même, c’est-à-dire de sa subjectivité, pour s’étudier avec un regard neutre afin de parvenir à la vérité ou, du moins, à l’objectivité ?

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Mouvements migratoires et occupation de l’espace chez les Lyéla du Burkina Faso

Affronter les dangers du désert vers des cieux d’espérance d’une meilleure vie

1- Des raisons de l’émigration des peuples

    A la lumière des recherches contemporaines et la nouvelle intelligibilité que celles-ci instaurent, Jean-Loup Amselle écrit avec justesse qu’en matière d’anthropologie africaniste, il importe de rompre avec la conception simpliste non-historique des groupes humains africains. L’historicité des peuples africains ne commence guère avec la colonisation de territoires africains par l’homme blanc. Une telle conception s’inscrit naturellement dans le schéma ethnocentriste européen en ce qu’il nie une dynamique originaire, propre aux peuples africains, susceptible de les amener dans le champ d’une historicité originale. C’est en ce sens que cet anthropologue écrit : « Ainsi, la cause paraît entendue actuellement : aucune société n’a jamais vécu à quelque époque que ce soit de façon isolée et repliée sur elle-même. Toutes les sociétés[1] ont toujours été insérées dans des ensembles socio-économiques qui les débordaient largement et qui influaient sur elles.

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LA CONSTITUTION D’UNE SCIENCE DE L’HOMME COMME LA PSYCHOLOGIE

Mystères et méandres du psychisme humain

Introduction : Place de la psychologie parmi les sciences

      La psychologie se situe à mi-chemin entre la biologie et la sociologie. Du moins, Auguste Comte classifiait ainsi les Sciences. Et si la psychologie se trouvait au sommet de l’édifice scientifique du XIXe siècle, c’est en raison de la complexité de son objet. Quoi de plus complexe, en effet, que la pensée ? De plus complexe que les états de l’âme humaine ou les comportements de l’être humain en tant que réseaux de relations ?

    Certes, la psychologie est, en quelque sorte, tributaire de la biologie : l’homme n’est pas un pur esprit et ses états d’âme sont en relation étroite avec ceux de son corps. Mais, dès qu’il s’agit de l’être humain, toute explication purement physiologique devient insuffisante. Car l’homme est aussi un être social et ses tendances, ses sentiments, ses idées se trouvent profondément modifiés par la vie en société. La psychologie est donc aussi tributaire de la sociologie. Se fondant sur ces données, Auguste Comte avait conclu que la psychologie ne jouit d’aucune autonomie propre et que, pour être une science, elle doit se démembrer entre Physiologie et Sociologie. Mais l’homme n’est pas plus un simple reflet de son milieu social que de son organisme. Il est capable de réagir, s’il le veut, de façon personnelle, et c’est pourquoi, la psychologie est devenue aujourd’hui une science indépendante, mais elle suppose toutes les autres.

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Une Synthèse de la Philosophie d’Antoine-Guillaume Amo, philosophe africain des Lumières (Allemagne)

Photo de Hanibal et Images présumées d’Antoine Guillaume Amo

 Nous résumons l’essentiel de sa théorie développée dans la Dissertatio de humana mentis apatheia ; du moins, telle que nous l’avons comprise. Antoine-Guillaume Amo veut montrer les connexions entre le corps et l’esprit ; un problème très discuté, depuis des siècles, par la gente philosophique sans parvenir à s’accorder le moins du monde. L’esprit humain, de par sa nature propre, est impassible ou imperturbable, c’est-à-dire qu’il est indifférent. A l’inverse, le corps, qui est le siège des sensations, est sujet aux mouvements. La motion est, d’ailleurs, une faculté propre à l’organisme vivant, en particulier, le corps. Aussi, l’esprit ne peut subir des passions inhérentes à la matière vivante.

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