Religion et rationalité, Humanismes et Lumières : raison, foi et superstition

Et « Dieu créa l’Homme à son image » de Michel-Ange, comme une figure emblématique de la Renaissance

Une brève introduction

    L’alternative de la raison et de la religion semble d’avance faire la part belle à la raison, et reléguer la religion dans la part sombre de l’alternative. Est-il juste, pourtant, d’accorder d’avance à la raison le rôle de norme à l’aune de laquelle il faudrait juger du fait religieux ? Les Lumières ont voulu mettre la raison au centre, et la laisser porter son jugement sur tout, y compris sur la religion. Mais ce jugement est-il en position d’éclairer le fait religieux ? Quand la raison veut juger de la foi, par exemple, n’est-elle pas conduite à essayer de se reconnaître en elle en repérant ce qui lui ressemble et ce qui s’oppose à elle ? La raison parvient-elle à rationaliser la foi ou à la diaboliser comme superstition ? La foi est-elle rationnelle, rationalisable, irrationnelle ?

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Des Droits Humains et du citoyen : une vision philosophique

Logo des Droits de l’Homme

Les droits de l’homme et leurs critiques : égalités et différences

    En un double sens, une réflexion sur la citoyenneté ne peut que déboucher sur la question de la justice. D’abord, parce que la définition des citoyens comme à la fois libres et égaux entre eux est potentiellement contradictoire : comment défendre l’égalité sans diminuer la liberté ? Comment, à l’inverse, épanouir la liberté sans creuser les différences ? Ensuite, parce que la recherche d’une norme universelle est aussi celle de la justice : comment celle-ci pourrait-elle avoir un sens si ses normes étaient plurielles ou changeantes ?

I-La justice et le fait

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ENQUETE ORALE SUR L’HISTOIRE ET LE PEUPLEMENT, A L’EPOQUE COLONIALE, D’UN VILLAGE AGNI DU SANWI DANS LE SUD-EST DE LA COTE D’IVOIRE FORESTIERE (écrit de jeunesse : mémoire du DEA d’anthropologie de l’ECOLE DES HAUTES ÉTUDES EN SCIENCES SOCIALES DE PARIS)

PLAN

I- METHODOLOGIE

II- SITUATION DE BIANOUAN

III-PEUPLEMENT DU VILLAGE

IV- UNE BIENVEILLANCE LÉGENDAIRE DES AGNI DU SANWI À L’EGARD DES ÉTRANGERS MISE EN DOUTE PAR UN ANTHROPOLOGUE FRANÇAIS

V–HISTOIR DE BIANOUAN PAR LE CHEF ET LES ANCIENS DU VILLAGE

I – METHODOLOGIE                                                                                                                         

   Je m’étais rendu, en décembre 1980, en Côte d’Ivoire en vue d’une petite enquête. J’étais accompagné dans ce voyage par deux amis lyonnais qui allaient y passer des vacances.

   Il est de coutume, chez les Agni, que lorsqu’un fils du village revient de loin accompagné d’étrangers, il vienne le ou les présenter au chef du village afin qu’il les connaisse et qu’il puisse assurer éventuellement leur sécurité en cas de conflit social. C’est ainsi que, le lendemain de notre arrivée, mes parents et moi-même, nous nous sommes rendus auprès du chef de Bianouan afin de lui présenter mes amis. A la fin du rituel que nous appelons « demander les nouvelles à tout étranger », j’ai fait comprendre au chef Akoi, ainsi qu’à ses notables, le but de mon voyage en les priant de m’aider à l’atteindre, à savoir une enquête sur l’histoire de Bianouan.

   De décembre au début du mois d’avril à peu près, c’est la période de la récolte du café ; période que nous appelons là-bas : la traite. Ce qui signifie que tout le monde est fort occupé. Pour ce faire, il devient difficile de trouver quelqu’un de disponible.

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LE PROBLEME DE L’OBJECTIVITE DANS LES SCIENCES HUMAINES – CRITIQUE DU SAVOIR ETHNOLOGIQUE – (Ecrit de jeunesse)

Introduction

       Comme leur nom l’indique, les sciences humaines ont pour objet l’étude de l’homme. Il s’agit d’une analyse à la fois de ce que l’homme a fait et du comment il se fait dans le temps et dans l’espace. C’est ce dont s’occupe surtout l’histoire. A ceci il faut ajouter que l’homme cherche, non seulement une origine dans le temps et une attache dans l’espace, mais en outre, il cherche à connaître la nature de ses attitudes, de ses comportements. Cette étude de soi-même, qu’on appelle, par ailleurs, la psychologie l’amène à examiner sa conduite vis-à-vis des autres.  En d’autres termes, la sociologie analyse les rapports complexes qui régissent la vie d’une société humaine donnée.

    Si on s’en tient à ces quelques sciences et à leur définition schématique, on voit que, contrairement aux autres connaissances de l’homme, elles ont pour objet l’étude dece qui est spécifiquement humain. Car si les autres sciences ont un objet d’étude extérieur à l’homme, un objet concret, décomposable, manipulable, dans les sciences humaines, l’homme, sujet et auteur des sciences, se prend lui-même comme objet d’étude. Mais l’homme peut-il faire abstraction de lui-même, c’est-à-dire de sa subjectivité, pour s’étudier avec un regard neutre afin de parvenir à la vérité ou, du moins, à l’objectivité ?

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Mouvements migratoires et occupation de l’espace chez les Lyéla du Burkina Faso

Affronter les dangers du désert vers des cieux d’espérance d’une meilleure vie

1- Des raisons de l’émigration des peuples

    A la lumière des recherches contemporaines et la nouvelle intelligibilité que celles-ci instaurent, Jean-Loup Amselle écrit avec justesse qu’en matière d’anthropologie africaniste, il importe de rompre avec la conception simpliste non-historique des groupes humains africains. L’historicité des peuples africains ne commence guère avec la colonisation de territoires africains par l’homme blanc. Une telle conception s’inscrit naturellement dans le schéma ethnocentriste européen en ce qu’il nie une dynamique originaire, propre aux peuples africains, susceptible de les amener dans le champ d’une historicité originale. C’est en ce sens que cet anthropologue écrit : « Ainsi, la cause paraît entendue actuellement : aucune société n’a jamais vécu à quelque époque que ce soit de façon isolée et repliée sur elle-même. Toutes les sociétés[1] ont toujours été insérées dans des ensembles socio-économiques qui les débordaient largement et qui influaient sur elles.

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