Présentation
L’accession à l’exercice du pouvoir exécutif a pour effet inévitable de transfigurer la personnalité profonde des sujets humains. En effet, ce genre de puissance politique a quelque chose de ténébreux, que nous avons déjà conceptualisé sous la figure de l’influence de Sauron[1], symbole des forces du mal inhérentes au pouvoir, sur la conscience des détenteurs de ce type de pouvoir. Les individus, possédés par les charmes du pouvoir, en viennent très vite à éprouver le sentiment de la supra puissance. Car la plus grande et la plus délirante des formes de suprématie en ce monde n’est rien d’autre que la domination d’un individu sur d’autres. D’emblée, il se met au-dessus d’eux, les transforme en objets dès lors que lui seul incarne la subjectivité souveraine à la manière d’un dieu. A l’instar de Néron dont la raison était comme frappée par la foudre ou traversée de part en part par l’éclair, de tels êtres humains perdent le sens de leur humanité. D’où sa remarque tout à fait juste qui sonne comme le libre arbitre délirant par lequel l’homme de pouvoir se permet tout parmi les hommes ; et sans retenue aucune dans son action. Selon lui, « nul empereur n’avait su tout ce qui lui était possible »[2].
I- Pouvoir politique et puissance sexuelle
Les faits et le réel le prouvent bien : de manière générale, le sentiment de surpuissance politique s’accompagne d’une extraordinaire énergie libidinale dépassant les limites de ce qui est possible à un être humain d’accomplir. Leur impulsion sexuelle se transforme en une espèce de tornade dévastatrice, amplifiée plus que de raison, illimitée. C’est l’excès de tout, tant de l’activité sexuelle normale que de la sexualité sous ses figures dépravées, morbides : luxure, perversion, dépravation, corruption etc. C’est ce que nous tenterons de démontrer à travers l’exemple de quelques empereurs romains et autres magistrats du passé comme des temps contemporains. Suétone, l’un des meilleurs et des plus grands biographes romains qui fût, s’est attaché a approfondir l’analyse de quatre stades essentiels de ses personnages : d’abord, leur généalogie, ensuite, leur ascension, puis leurs œuvres et leurs actions à la tête de l’empire romain, enfin, leur vie quotidienne dont leurs mœurs et frasques sexuelles. Tout se passe comme si leur sexualité opérait une distorsion de la personne humaine tout entière.
Ainsi, Jules César a trainé, durant toute sa vie, la réputation, entre autres travers, de sodomite. En effet, l’empire romain, contrairement aux dominations temporelles du Judéo-christianisme, intolérantes et destructrices de toute autre croyance religieuse, comptait un grand nombre de cultes religieux. Et tous avaient leurs moyens propres de prédiction. Aussi, dans la conquêt du pouvoir, toutes les figures de présage savaient, à l’avance, qui, parmi les concurrents, accéderait au statut de pontifex ou de magistrat de Rome. Tel était le cas de Jules César. Dès lors, ceux qui étaient au pouvoir tout autant que les prétendants au magister cherchaient l’éliminer par tous les moyens. C’est pourquoi, il dût fuir Rome pour se réfugier chez le roi Nicomède de Bithynie. Puisqu’il était un beau jeune homme, en gage de sa protection, ce roi le contraignit au commerce de la chair ; ce qui, à cette époque, n’était pas considéré comme moralement mal : il était tout aussi naturel pour un homme de coucher avec un autre homme ou un jeune homme[3]. Nicomède en fit même son mignon, un fait tout à fait banal et normal parce qu’on ignorait encore la pudibonderie du judéo-christianisme sur les relations sexuelles de quelque nature que ce soit. Pourtant, malgré cette aventure sexuelle de jeunesse, Jules César se maria et divorça même de sa première épouse, coupable de relations adultères avec Publius Claudius.
L’amour ou le désir sexuel peut être source de créativité inouïe, d’imagination extraordinaire pour mettre au point des stratégies aussi loufoques ou subtiles les unes autant que les autres afin d’atteindre son but. Tel était le cas de Publius Claudius : il s’introduisit auprès de Pompeia, épouse de Jules César, en se déguisant avec des vêtements de femme lors d’une cérémonie religieuse. Cette audace impie conduisit le sénat à le condamner pour sacrilège. Il n’empêche que, malgré le triomphe de Jules César dans tout le pourtour méditerranéen, voire son mariage, ses adversaires, voire ses propres soldats composaient des textes satiriques pour se gausser de lui et pour lui rappeler cette aventure de jeunesse :
« César a soumis les Gaules,
Nicomède a soumis César :
Vous voyez aujourd’hui triompher César qui a soumis les Gaules
Mais non point Nicomède qui a soumis César »[4].
Un satyre au repos
Ce passage montre, de façon manifeste que la bisexualité[5] était une pratique courante, normale aux yeux des Romains. Du point de vue de la moralité, elle n’était nullement condamnée. Toutefois, tout le monde s’accordât à reconnaître que César était fortement porté sur les plaisirs sexuels ; et qu’il faisait preuve d’une grande générosité dans ses amours successives. Car il y avait une espèce de « Don Juan » en lui : il passait du temps à séduire beaucoup de femmes issues de familles illustres de par leur naissance, qu’elles soient jeunes filles célibataires ou qu’elles soient mariées. Tout se passait comme s’il voulait se venger de l’infidélité de sa première épouse. Partout où il passait, César ne manquait pas de séduire les femmes des chefs provinciaux. Il eut même pour maîtresses des reines, comme celle de la Mauritanie, Eunoë, femme de Bogud. A titre de compensation de cette relation adultère, il gratifia le couple de dons princiers. Et puisqu’il ne dédaignait pas non plus les plaisirs sodomites, dans un discours, l’un de ses ennemis, Centurion le Père, le moqua ainsi : « le mari de toutes les femmes, la femme de tous les maris » (p. 65). Ou bien les maris faisaient partie de ces fornications ordinaires, ou bien ils n’avaient pas le choix de s’y opposer[6]. C’est pourquoi, suite à son succès sur les Gaules, ses soldats ne cessaient de répéter par un distique : « Citadins, surveillez vos femmes : nous amenons un adultère chauve.
Tu as forniqué en Gaule avec l’or emprunté à Rome » (p. 64).
Mais l’objet de sa passion la plus forte et la plus grande aussi fut, sans conteste, Cléopâtre, reine d’Egypte. En effet, lors de son séjour en ce royaume, il donna de nombreux festins en son honneur qui duraient jusqu’au matin. Il fit préparer un navire équipé de cabines pour effectuer la traversée du Nil avec elle. Tous deux avaient l’intention de poursuivre leur navigation aussi loin que possible à l’intérieur du continent africain ; en l’occurrence, jusqu’en Ethiopie. Mais les armées de César refusèrent de les suivre dans ce dessein. De retour à Rome, Jules César fit venir Cléopâtre pour l’honorer par de fastes et exceptionnelles festivités. Avec César et par amour, toute chose prenait une dimension grandiose. Au terme de ce séjour d’amour passion, il la combla d’honneur et de présents magnifiques et la fit escorter hors de Rome. Il lui permit même de donner son nom au fils[7] qui naquit de leur amour.
Toutefois, Jules César ne fut pas le seul empereur romain, parmi les plus illustres, de souffrir de la réputation de sodomite. C’était le cas aussi d’Auguste. Certes, son ennemi Pompée le traitait comme quelqu’un d’effeminé. Cette considération était étayée par des faits liés à la manière dont Auguste prenait soin de son corps : il avait pris l’habitude de brûler les poils de ses jambes par une coquille de noix en flamme. Il désirait ainsi assouplir les jeunes pousses de ses poils. Aussi, comme tout le monde savait ce qui se passait dans l’empire, malgré sa vaste amplitude, notamment à propos de la vie des grands personnages de l’empire, on sut plus tard que pendant sa prime jeunesse, il s’était déshonoré par divers scandales sexuels ; et, à ce sujet, de s’être couvert d’opprobres. Pire, alors qu’il était en service en Espagne, il s’était prostitué à Aulus Hirtius en se faisant payer trois mille sesterces. Auparavant, il avait souillé sa vertu juvénile avec Jules César lui-même.
Jeux sexuels entre hommes
Comme Jules César, Auguste ne dédaignait pas non plus la fornication avec des femmes mariées. Cependant, ce n’était par pur libertinage sexuel. Auguste usait de ce procédé pour obtenir, par les femmes de ses adversaires, les secrets des desseins de ceux-ci. Aussi, d’un point de vue politique, on lui pardonna ses frasques sexuelles. C’était donc, la plupart du temps, par dessein politique. Lors d’un repas public, il avait même l’audace, sous les yeux de son mari, réduit à l’impuissance par son geste, ce faire sortir la femme d’un consulaire pour la conduire dans sa chambre et, plus tard, la ramener à table, la chevelure en désordre et tout le visage rougi de plaisir, voire, sans doute, de honte. Il n’hésitait à user des services de ses amis pour se procurer des femmes. Il s’agissait de mères de famille et de jeunes filles adultes qu’il obligeait à se dévêtir pour les examiner avant l’acte sexuel. Pour varier ses plaisirs sexuels, un jour il commit un sacrilège, qui lui fut quelquefois rappelé au cours de sa vie. Lors d’un dîner secret, qu’Auguste avait organisé à l’intention de ses amis, il invita ceux-ci à se déguiser en dieux et déesses. Lui-même se déguisa en Apollon. Il régala ses convives sous la figure d’adultères des dieux[8] ; d’où le nom qu’on donna, par après, à cette débauche : le festin des « douze dieux ». Plus tard, après avoir dominé ses pratiques homosexuelles, la passion d’Auguste était de déflorer de très jeunes filles. Il s’y adonna avec une telle addiction et folie que son épouse était comme contrainte de les faire venir de tout l’empire. Il avait dû être, ainsi, le géniteur putatif de plusieurs milliers d’enfants, en raison de la durée de son règne et de cette pratique sexuelle singulière.
Parmi les empereurs romains de la glorieuse période, Tibère comme Caligula ou encore Néron passaient pour des monstres dans les crimes odieux qu’ils ont commis ou firent exécuter. Néron, par exemple, n’hésita à tuer ses rivaux, ses ennemis, ses amis même et des membres de sa famille. Quant à Tibère, en matière de mœurs sexuelles, il fit le pire aussi. En effet, dans son retrait à Capreae, il ordonna d’installer un local avec des bancs où il regardait des obscénités secrètes. En ce lieu, des groupes de jeunes filles et de jeunes garçons débauchés, venant de partout, se rassemblaient. Ils formaient une triple chaîne devant lui. Puis ils se prostituaient face à lui. Tibère espérait ainsi éveiller la vigueur de son organe sexuel éteinte. Il fit décorer de peintures et de statuettes reproduisant des scènes lascives des chambres placées en différents endroits. De cette manière, il voulut que chaque figurant trouvât des postures sexuelles qu’il désirait voir reproduire ou mimer. Tibère commit de nombreuses autres turpitudes aussi infâmes les unes autant que les autres.
Pour ce qui est de Caligula, il commença une vie de débauché alors qu’il était encore très jeune. En effet, au cours de sa prime jeunesse, il se déguisait pour se rendre dans des lieux de débauche et d’adultère, en portant une perruque et en se dissimulant sous un long manteau. Devenu empereur, il ne fut arrêté ni gêné moralement par aucun interdit. En effet, il eut des relations incestueuses ave toutes ses sœurs et en public. Ainsi, à table et devant tout le monde, il les plaçait à tour de rôle en-dessous de lui, puis il invitait sa femme à se mettre au-dessus de lui. Il déflora sa sœur Drusilla chez leur aïeule Antonia qui assurait alors leur éducation. Pire, après le mariage de Drusilla, il l’arracha à son époux, le consulaire Lucius Cassius Logimus. Et il se comporta à son égard comme si elle était son épouse légitime. Avant que la maladie n’eût raison de sa vie, il en avait fait l’héritière de sa fortune (ses biens) ; mieux de l’empire. Car il aimait passionnément sa sœur Drusilla ; un amour-passion qu’il n’éprouva nullement à l’égard de ses autres sœurs, même si elles furent, elles aussi victimes du satyriasisme de Caligula. Celui-ci avait aussi l’habitude d’arracher les belles femmes à leurs maris pour les épouser, l’espace de la satisfaction de son désir sexuel, puis il les renvoyait aussitôt après. Mêmes si elles habitaient dans de lointaines provinces, il les faisait venir pour les humilier sexuellement avant de les répudier. Il ordonnait à certaines femmes qu’il aimait beaucoup de chevaucher nues, même devant ses soldats, en portant un casque et un bouclier. Parfois, il lui arrivait d’inviter des femmes et leurs maris pour un banquet. Comme elles devaient passer devant lui en allant prendre une place, il les observait attentivement, lentement, puis il relevait leur tête comme si elles étaient des marchandises à la manière des marchands d’esclaves. Alors, il sortait de table avec celles qui lui plaisaient et, après avoir couché avec elles, il les ramenait dans la salle à manger en tenue désordonnée. Enfin, il procédait à la critique de leur personne et de leurs prestations au lit devant ses convives ; sans aucun égard ni respect de leur dignité ni même de celle de leur mari. En fait, Caligula s’en servait comme des objets sans importance ni valeur en vertu de son statut d’empereur qui lui conférait tous les droits de la terre sans aucun devoir humain. Il se situait au-dessus de tous les autres hommes en tant que seigneur et dieu.
Mais le pire d’entre tous les empereurs, en matière de dépravation sexuelle, fut sans conteste, Néron. Néron fut un personnage détestable à tous points de vue, selon le témoignage de Suétone : « son libertinage, sa lubricité, sa profusion, sa cupidité et sa cruauté se manifestèrent d’abord graduellement et d’une façon clandestine, comme dans l’égarement de la jeunesse, et pourtant, même alors, personne ne peut douter que ces vices n’appartinssent à son caractère plutôt qu’à son âge. Après la tombée de la nuit, ayant saisi un bonnet ou une casquette, il pénétrait dans les cabarets, vagabondait dans les divers quartiers, faisait des folies, qui d’ailleurs n’étaient pas inoffensives car elles consistaient d’ordinaire à frapper les gens qui revenaient d’un dîner, à les blesser, à les jeter dans les égouts, s’ils résistaient, et même à briser les portes des boutiques et à les piller »[9].
Néron se débauchait avec les jeunes gens libres et dévergondait les femmes mariées. Même les religieuses, comme les Vestales, n’échappaient à ses assauts sexuels. Pire encore, il fit émasculer un enfant qu’il désirait transformer en femme et il ordonna qu’il lui fut emmené en grand cortège avec son voile rouge et sa dot, conformément aux cérémonies de mariage classique. Par la suite, Néron traita ce transsexuel comme sa femme. Cette conduite insolite inspira la remarque satirique suivante à ses adversaires : « Quel bonheur pour l’humanité si Domitius son père avait pris une telle femme (p.322). Ce jeune enfant, Sparus, fut paré en impératrice que Néron promenait partout dans l’empire, porté en litière comme l’empereur lui-même. Même en public et à tout moment, il le couvrait de baisers lascifs et provocateurs pour signifier qu’à l’empereur tout est permis. En ce sens, il se comportait comme s’il était au-dessus des lois. C’est pourquoi, Néron ne se privait nullement d’avoir des relations sexuelles incestueuses avec sa mère Agrippine. En effet, il la prenait dans sa litière et tous se montraient en public les vêtements en désordre et tâchés par les traces de leurs frasques sexuelles.
Néron aimait aussi se faire posséder, c’est-à-dire sodomiser par son affranchi Doryphore. Pendant l’acte sexuel, il poussait des gémissements semblables à ceux des jeunes filles vierges avec lesquelles leurs partenaires sexuels faisaient l’amour violemment sans égard pour leurs douleurs. Il aimait tellement la souillure de son corps qu’il pardonnait à toux qui étaient sujets à l’impudicité, puisque, selon lui, « nul homme ne respectait la pudeur et ne conservait pure aucune partie de son corps, mais que la plupart dissimulaient ce vice et le cachaient avec adresse » (p.323).
Quant à l’empereur Tibère, on ne peut dire que, par ses moeurs sexuelles, il ne fit exception à la règle de la dépravation de leur vie de porcs. Ainsi, à caprée, n’hésitait-il pas à se promener avec Othon, l’un des futurs empereurs. De même, Vittelius, autre empereur mineur figura parmi ses mignons. Dès lors, se prostituer n’avait rien de honteux aux yeux des Romains et de leurs futurs empereurs. D’ailleurs, avant d’accéder à la magistrature suprême (souverain pontificat), Vittelius mena une vie de débauché en se souillant de diverses manières. Ceci lui valut une triste réputation en raison de toutes sortes d’opprobres. A titre d’exemple, Vittelius avait forcé l’affranchi Asiaticus à une prostitution mutuelle. Comme celui-ci éprouva du dégoût pour ce genre d’acte sexuel, il dût s’enfuir loin de Rome pour lui échapper. Mais l’empereur, ayant réussi à le retrouver, le fit mettre aux fers. Tout compte fait, comme il l’aimait beaucoup, il se hâta de le libérer pour en faire l’un de ses mignons préférés jusqu’à la fin de son règne. Quand il voyageait, il faisait préparer des chariots qui transportaient ses concubines qu’il désirait emmener. A cet effet, il leur faisait couper les cheveux tels des hommes ; et elles devaient se comporter en Amazones équipées de boucliers et de haches.
Aux actes de sodomie, il semble que peu d’empereurs ont résisté. Même des empereurs mineurs comme Galba, ont succombé à ce genre de pratique sexuelle fort courante dans tout l’empire de Rome. Aussi, quand celui-ci apprit l’assassinat de Néron, alors qu’il servait en Espagne, pour manifester sa joie, il embrassa devant tout le monde, dont ses propres soldats, l’un de ses mignons, Icelus, le priant illico de se raser avant de l’embarquer à l’écart pour satisfaire sa libido.
Comme Galba, Titus manifestait une intempérance sexuelle exubérante. Outre l’amour des femmes, il entretenait des troupes de mignons et d’eunuques pour assouvir ses pulsions et/ou besoins sexuels quasi insatiables. On comprend alors les remarques de Suétone à propos des frasques sexuelles de Domitien : « D’une lubricité excessive, il considérait les plaisirs de l’amour comme une sorte d’exercice journalier, qu’il appelait « gymnastique du lit » » (p.429)
II- Pouvoir, démesure et avidité de la libido masculine[10]
La dernière hypothèse, du moins parmi celles que nous nous sommes proposé d’examiner ici est d’ordre biologique. On la trouve en filigrane dans l’œuvre du Professeur Bryan Sikhes, La Malédiction d’Adam. La question primordiale que l’on peut se poser est la suivante : qu’est-ce qui fait tant courir les hommes à travers toute la terre ? La réponse est, du point de vue de la génétique des populations, unique et claire : semer du sperme autant que faire se peut. Cette pulsion du mâle, différente du simple désir de se perpétuer dans le temps, par une certaine descendance, est confirmée par plusieurs études de la génétique des populations. Entre autres auteurs, Bryan Sikhes montre qu’en vue de cette unique préoccupation du masculin, les hommes commencèrent par acquérir des richesses, non pour elles-mêmes, mais en vue d’autres acquisitions plus essentielles, plus vitales : la constitution d’un harem. A cette fin, le masculin va alors engager tout son honneur, son audace, son énergie. Ce faisant, en se constituant un espace avec autant de gynécées, il va progressivement enlever aux femmes la liberté initiale dont elles bénéficiaient du temps du règne de l’Androgyne. Le féminin n’aurait même plus le choix de ses partenaires. Auparavant, les femmes pouvaient choisir autant de maris qu’elles voulaient, comme dans l’ancienne Egypte, en Libye, en Ethiopie, ou avoir, de façon plus modeste, deux maris, comme en Mésopotamie. Désormais, avec le triomphe du pouvoir du masculin, comme nous l’avons démontré dans notre libre, ce ne sont plus les hommes qui appartiennent aux femmes, mais bien l’inverse ; pour le pire.
Les conquêtes elles-mêmes, qui conduisent à la dispersion du masculin à travers l’espace, s‘expliquent essentiellement par cette pulsion de la nature ou de l’être du masculin. C’est ce que fait observer le Professeur Bryan Sikhes quand il écrit, à propos de l’exemple d’un peuple européen dit conquérant, que « L’ère des Vikings porte tous les signes caractéristiques de la malédiction d’Adam : le besoin pressant des hommes de s’accoupler avec le plus de femmes possible, et l’intense rivalité qui s’ensuit entre chromosomes Y. Tandis que les aînés accumulaient assez de richesses pour avoir des femmes, leurs infortunés cadets, dépossédés des moyens d’attirer une compagne aussi sûrement que des paons à la queue bien déployée, se lancèrent en mer en quête de sexe sur ces lointains rivages[11] ». On comprend que les conquêtes aient été impitoyables pour les autres masculins, qui avaient le malheur de connaître la défaite : pour s’accaparer leurs femmes, on était prêt à toutes les formes de barbarie, comme les guerres sanglantes, meurtrières, répugnantes, brutales. En ce sens, tout ce qui a pu se dire sur le sens de l’honneur, la recherche de la gloire, la puissance du triomphe de soi sur l’ennemi, n’est guère qu’une vulgaire histoire de soif et de faim du sexe féminin. L’apparence belle de toutes ces histoires de conquérants n’est rien d’autre qu’une superbe vue d’intellectuels heureux de glorifier la mémoire de ces individus assoiffés de combler le creux de leur nature. En d’autres termes, il s’agit d’un langage flatteur, laudatif pour cacher qu’au fond de tout ceci, la seule chose qui valait tant de batailles était la conquête du sexe féminin pour y injecter du sperme dans l’espoir d’avoir une descendance. Le chromosome Y mène le masculin, tout au long de sa vie, par le bout de son flagelle ; et pour l’injecter dans quelque orifice accueillant ou non, on était (et on l’est toujours) prêt à commettre les pires crapuleries, comme le fait remarquer Bryan Sikhes : « s’il fallait pour cela tuer et prendre la femme d’un autre, le chromosome Y était indifférent à la douleur et au désespoir. Survivre et se multiplier, c’était la seule chose qui importait[12] ».
Dès lors, quel autre sens donner aux grandes migrations des masculins, si ce n’est la quête d’un endroit pour vivre et pour trouver des femmes ? Devenir héros, c’est-à-dire faire le coq ou le paon, si ce n’est avoir toujours plus de femmes ? La surenchère de la possession de nombreuses terres et grandes surfaces ou de plus en plus de richesses, si ce n’est ainsi s’arroger le droit, voire la possibilité de posséder le plus de femmes possible ? Pour prouver que toutes les belles conquêtes guerrières se ramènent, en dernier ressort, à la question de l’implantation du chromosome Y en quelque sein féminin, Bryan Sikhes donne l’exemple de l’empereur mongol Gengis Khan. En effet, partout sur son parcours, dans chaque contrée ou chaque ville conquise, il s’octroyait le monopole de coucher seul avec les plus belles femmes du pays conquis sans égard pour leur statut initial. Il ne pouvait souffrir de dormir seul. Cette frénésie sexuelle de Gengis khan a donné lieu, aujourd’hui, à seize millions d’êtres humains qui portent son chromosome, c’est-à-dire plus que la population d’un immense pays comme le Niger en Afrique occidentale. D’où la question de Bryan Sikhes : « la réussite du chromosome est-elle imputable aux exploits sexuels et aux conquêtes militaires de l’empereur mongol ? Ou est-ce une ambition de son chromosome Y qui a donné au grand Khan ses succès à la guerre ? »[13] On pourrait répondre à cette question par l’hypothèse suivante. On peut admettre qu’au commencement et au terme de ses projets ambitieux, de ses conquêtes, de ses invasions, de ses usurpations, de ses mensonges, de ses renversements de situation, comme sa domination du féminin, il y a toujours à l’épreuve la manifestation d’un même fait typiquement masculin : la démonstration de l’incompréhensible, irrépressible, compulsive puissance du fragile flagelle qui le meut tout le temps. Tel est l’un des aspects de l’être du masculin et les malheurs de son sexe à travers toute la terre.
La vie sexuelle des empereurs romains au cinéma
III- Un Satyre contemporain : Mouammar Kadhafi de Libye
Le comportement désordonné de la sexualité du masculin, surtout quand il accède au pouvoir politique, peut s’expliquer aussi par le désir d’assouvir des vices démesurés. Ainsi, comme Jules César et comme Auguste, Kadhafi ne dédaignait pas non plus les plaisirs homosexuels. Selon Annick Cojean, quand le jeune capitaine Kadhafi prit le pouvoir en Libye par un coup d’Etat, dans son discours du 1er septembre 1981, il annonça à toutes les femmes des nations arabes une nouvelle ère : leur libération de toute forme d’esclavage et de soumission. Objets du masculin depuis toujours et de son empire sexuel sur elles, elles deviendraient, désormais sujets souverains avec la révolution de la Jamahiriya. Dans ce discours, le message perçu alors comme un nouveau testament du statut des femmes est très clair : « Nous, de la Jamahiriya et la grande révolution, affirmons notre respect des femmes et levons leur chapeau. Nous avons décidé de libérer totalement les femmes en Libye pour les arracher à un monde d’oppression et d’assujettissement de manière qu’elles soient maîtresses de leur destinée dans un milieu démocratique où elle auront les mêmes chances que les autres membres de la société {…} Nous appelons une révolution pour la libération des femmes de la nation arabe et ceci est une bombe qui secouera toute la région arabe et poussera les prisonnières des palais et des marchés à se révolter contre leurs geôliers, leurs exploiteurs et leurs oppresseurs. Cet appel trouvera sans doute de profonds échos et aura des répercussions dans toute la nation arabe et dans le monde. Aujourd’hui n’est pas un jour ordinaire mais le commencement de la fin de l’ère du harem et des esclaves »[14].
Hélas, il n’en a rien été : une promesse vaine, des espoirs déçus, une superbe illusion pour toutes les femmes de la nation arabe, en particulier, pour les Libyennes. Tout indique qu’il a tenu un discours auquel lui-même ne croyait pas un mot au regard des travers sexuels auxquels il était enclin pendant toute sa vie. Kadhafi était fondamentalement un prédateur dans ses mœurs sexuelles, atteint d’un satyriasisme incurable jusqu’à sa mort violente le 20 octobre 2011 par la volonté arbitraire de certains pays occidentaux : la France, la Grande Bretagne, les Etats-Unis essentiellement.
Dès que Kadhafi est devenu maître de son pays en s’imposant comme un tyran et en réduisant à néant toutes les tentatives de coup d’Etat comme il avait lui-même agi pour imposer son régime, il laissa exploser sa libido morbide. Tel Auguste autrefois, par ses proches, notamment ses fameuses amazones, elles-mêmes esclaves sexuelles du guide, il faisait rechercher les filles vierges dans tout le pays. En prenant un malin plaisir à les déflorer, il savait pertinemment qu’il les condamnait à ne devoir jamais trouver un mari, puisque les coutumes matrimoniales de son peuple et du monde arabe musulman en général imposent la virginité comme condition au mariage bien réussi. Ces filles étaient âgées de douze à seize ans. Il préférait celles qui étaient encore assez paysannes, du moins dans leurs comportements et leur niveau de culture afin de les faire préparer par sa garde rapprochée selon son goût : il les faisait raser, sauf les poils du pubis, épiler et habiller suivant la nature du plaisir qu’il recherchait avec chacune d’elles. Ce peut être un string, comme tout vêtement qui moulait le corps ; ce peut être aussi une robe blanche satinée comme les Vestales de l’antiquité ; mais avec une fente sur les côtés et décolletée dans le dos et sur la poitrine, les cheveux dénoués. Bref, c’était une tenue vestimentaire qui laissait deviner les formes sensuelles de ses victimes et dont il se délectait avant l’acte sexuel. L’arôme des parfums rares et fins contribuait à rendre vive sa surexcitation érotique. Quand des filles résistaient, il les faisait brutaliser afin de les domestiquer et, pour ainsi dire, les réduire au rang d’esclaves sexuelles, comme l’héroïne de l’enquête d’Annick Cojean : « regarde-moi cette pute ! Elle refuse de faire ce que je veux ! Apprends-la ! Et ramène-la moi ! » (p. 45). Parfois, c’est lui-même qui se chargeait de domestiquer les filles rebelles au lit en les violant brutalement au point de déchirer leur sexe. Sa violence physique s’accompagnait de mots humiliants, comme il s’est comporté avec l’héroïne de ce livre : « viens donc, ma pute !… alors, il s’est levé d’un bond, et avec une force qui m’a surprise, m’a attrapée le bras et lancée sur le lit avant de se coucher sur moi. J’ai tenté de le pousser, il était lourd, je n’y arrivais pas. Il m’a mordu le cou, les joues, le poitrine. Je me débattais en criant « Ne bouge pas, sale putain ! ». Il m’a donné des coups, m’a écrasé les seins, et puis ayant relevé ma robe et immobilisé mes bras, il m’a violemment pénétrée » (p.52).
Kadhafi et sa soldatesque au féminin : amazones ou esclaves sexuelles ?
Kadhafi ne s’intéressait pas qu’à la vulve des jeunes adolescentes pubères, mais aussi à leurs menstrues. En effet, aussitôt après son forfait, à l’aide d’une serviette blanche, il s’empressait d’essuyer le sexe de ses victimes et, aussitôt, il disparaissait avec le sang recueilli. D’aucuns prétendaient qu’il hébergeait dans ses palais des féticheurs et de grands marabouts originaires d’Afrique noire. Ceux-ci étaient chargés de faire de la magie noire avec le sang soit pour avoir accès plus aisément à d’autres victimes, soit pour obtenir une longue durée au pouvoir. Ces pauvres créatures, après ses forfaits, étaient vouées à une triple vocation : soit elles étaient admises parmi sa garde rapprochée, c’es-à-dire les fameuses Amazones de Kadhafi ; soit il les renvoyait chez elles avec quelques récompenses qui n’effaçaient pas, pour autant, l’opprobre, l’humiliation, le déshonneur ; soit elles intégraient son Harem. Celles-ci devaient recevoir toute une formation aux règles de l’érotisme et à la dépravation sexuelle : apprendre des danses lascives, par les DVD d’érotisme mis à leur disposition, les différentes méthodes sexuelles pour procurer du plaisir intense au guide comme la fellation et autres techniques et postures sexuelles de ce genre.
En fait, il les corrompait absolument pour son unique plaisir. Tel est, du moins, le témoignage de Soraya, l’une des ses victimes préférées : « Il est allé dans la salle de bains, s’est plongé dans le jacuzzi… et m’a crié : « Tends-moi une serviette » Elles étaient à portée de sa main, mais il voulait que je serve : « Parfume-moi le dos. Et puis il m’a indiqué une sonnette près du magnétophone. J’ai appuyé ! Et Mabrouka est entrée illico : « Donne des DVD à cette petite salope pour qu’elle apprenne son boulot ». {…} « Tiens, voilà du porno. Regard bien et apprends ! Le maître sera furieux si tu n’es pas au point. C’est ton devoir d’école » (p.p. 61-62). Parfois aussi, il les droguait à la cocaïne pour décupler leur énergie et rester le plus longtemps possible en activité. Sur ce point, il faisait usage de toutes sortes de drogues aphrodisiaques pour intensifier son désir, varier ses plaisirs, prolonger ses actes sexuels. Aussi, il lui arrivait de procéder à des parthouzes lui avec ses proies : plusieurs filles s’activaient sur son corps pendant que d’autres se livraient à des danses lascives. Quand il était mécontent des prestations de l’une d’elles, il l’entrainait près du jacuzzi, la faisait monter sur le bord de la douche de sorte qu’il puisse uriner sur son corps pour l’humilier encore plus.
Kadhafi interprétait même les versets du Coran à sa manière afin de s’affranchir totalement de leur rigidité et de leur ascétisme. Ainsi, outre le jeûne pendant le ramadan, il est recommandé d’observer l’abstinence sexuelle. A ce sujet, il faisait entendre invariablement à ses victimes la même version : « C’est uniquement manger qui est interdit ». Or, il n’observait même pas le jeûne au cours du ramadan. D’ailleurs, il ne respectait jamais ce qu’il recommandait ou interdisait à son peuple : il était contre la polygamie et, pourtant, il vivait avec de nombreuses femmes dans son Harem, à l’exception de sa propre épouse qu’il croisait rarement dans ses palais.
Gardes du corps ou harem ?
Comme Jules César et comme Auguste, Kadhafi ne dédaignait pas non plus les plaisirs homosexuels. Outre les adolescentes déflorées, il avait également toute une cour d’éphèbes et/ou de mignons dont il faisait usage à sa guise. Mais ceux-ci étaient moins humiliés que les filles, en général. Il les gratifiait de nombreux cadeaux en nature et les comblait financièrement. Rien ne devait leur manquer. En contrepartie, ils ne pouvaient se donner à quelqu’un d’autre sous peine de punition ou d’expulsion de ses palais ; pire de meurtre déguisé en un accident. En revanche, ils n’avaient rien d’autre à faire qu’à se rendre disponibles pour satisfaire les fantaisies, les frasques et les fantasmes sexuels du guide. Ils passaient leur temps à errer dans les souterrains du palais de Bab al-Azizia ; ou de palais en palais. A l’instar de ses deux prédécesseurs, Kadhafi n’hésitait à séduire les femmes et les filles de hauts gradés de son armée. Tel est le cas de l’un de l’un de ses généraux qui finira par se suicider d’opprobre. Sous un fallacieux prétexte de fête entre femmes, son épouse et sa fille, il invita, d’abord, la femme du général dont il en fit un objet sexuel ; puis sa fille qui subira le même sort avec violence et humiliation. Ce fut par un mensonge au général que la cerbère intime de Kadhafi trompa la vigilance de son général afin qu’il consentit à lui envoyer sa femme : « Mabrouka est en ligne… C’est un honneur magnifique que le guide de fait ! La preuve qu’il te sait proche de lui, et te considère comme un vrai révolutionnaire. Ce sera une très belle fête, uniquement entre épouses ». Rassuré le général laisse partir sa femme… Après plusieurs mois, l’épouse revient un jour avec les clefs d’un bel appartement « Cadeau » de la femme du guide, annonce-t-elle, affirmant en être devenue la grande amie… Mais un soir, Mabrouka et deux autres femmes se présentent à la porte en transmettant cette fois une invitation de la part d’Aïcha, la fille aînée de Kadhafi, à l’intention de la fille du général. Elle porte la main à son visage, elle paraît horrifiée. Sa fille, elle, est ravie… Le général lui-même paraît interloqué. Il le sera davantage quand sa femme lui avoua en pleurant que les invitations de Safia camouflaient des convocations du guide. Et que l’argent, les cadeaux, l’appartement, n’étaient que la réponse d’une relation sexuelle contrainte {…} « Qui est Aïcha ? demande {la fille du général} en souriant.
« C’est moi Aïcha ! Répond le guide avec froideur. Il ne tentera ni de la séduire ni d’y mettre les formes. Il la violera, la frappera, l’humiliera autant qu’il est possible, et à plusieurs reprises. Elle ne sortira de Bab al-Azizia qu’au bout d’une semaine pour aller voir son père, mourant à l’hôpital » (p.p. 212-213).
L’appétit et l’obsession de Kadhafi pour le sexe étaient tels qu’ils entachaient de honte tout son régime politique. En effet, il ne craignait pas, lors de sommets internationaux et de visites d’Etat en Libye de courtiser les épouses de certains d’entre eux qui avaient trouvé grâce à ses yeux. Aussi, sachant pertinemment la penchant morbide du guide (d’opérette) libyen pour le sexe, chacun tâchait de protéger l’honneur de son épouse en évitant toute invitation privée avec lui. Nonobstant ce, il parvenait parfois à ses fins en couchant avec certaines d’entre elles. Son imagination et celle de ses amazones était si débordante qu’ils édifiaient des stratégies pernicieuses pour réaliser ses desseins. Dans ce cas, il comblait sa proie de cadeaux faramineux : valise pleine de dollars, parfois jusqu’à 500000 dollars, de joaillerie fine comme les diamants etc. Il violait aussi les épouses de ses cousins et neveux dès lors que celles-ci avaient le malheur de lui plaire.
Toute compte fait, les décennies du règne de Kadhafi en Libye se résument en une série continue de fornication, son action politique en une recherche effrénée de plaisirs sexuels tous les jours et toutes les nuits ; et plusieurs fois. Cette situation est bien résumée dans le livre d’Annick Cojean. En effet, dans son palais de Bab al-Azizia, il y avait un vaste « harem » puisque « une troupe de femmes y vivent ensemble, en chambre double ou individuelle, à la merci du guide, de ses humeurs, de ses fantasmes, de ses moindres exigences. La plupart, amenées à lui par le biais des fameux comités révolutionnaires, ont été violées et n’ont plus d’autre issue, pour échapper à l’opprobre de leur famille, que d’entrer à son service. Au moins sont-elles nourries, logées, vêtues (en uniforme de garde). Au moins ont-elles un semblant de statut (gardiennes de la révolution). Dans leur demeure, rien n’est interdit : alcool, cigarettes et hachich sont consommés en abondance. Kadhafi les y encourage. Et le programme des journées et des nuits est invariable : « on mange, on boit, on baise »… La maison connaît des chassés – croisés quotidiens entre les filles qui viennent passer une nuit puis repartent. Certaines volontairement, d’autres sous la contrainte. « Kadhafi nous pressait les unes les autres de lui amener nos sœurs, nos cousines, éventuellement nos filles » »[15].
Objet de toutes les tentations !
[1] In Pierre Bamony : Pourquoi l’Afrique si riche est pourtant si pauvre Tome 2 – La malédiction du pouvoir politique- Quel avenir pour les peuples de demain ?
[2] Suétone : Vie des douze Césars (Gallimard, Coll. « Folio », Paris 1976, p.332)
[3] Les mœurs sexuelles romaines, sur ce point, différaient beaucoup de celles des Grecs de la même époque. Si l’acte sexuel entre un homme d’âge mûr et un adolescent (un éphèbe) était considéré comme conforme à l’éthique sexuelle, on abhorrait et on punissait même ce genre d’acte sexuel entre deux adultes. A la limite, on pouvait le tolérait entre un homme libre et un esclave, mais jamais entre deux hommes libres. Cela passait pour une humiliation du partenaire sexuel passif.
[4] Opus. Cit., p.63
[5] Horace (In Œuvres, Flammarion Poche, Paris 1993) raconte que lorsque le démon du midi venait mettre en émoi ses sens et sa libido, il se gardait bien d’aller courtiser la femme de son voisin, de peur des représailles consécutives à l’adultère. Pour éviter ce genre d’ennui, il préférait se servir d’un domestique pour cet office. D’ailleurs, Suétone raconte que même s’il était physiquement plutôt disgracieux, Horace était excessivement porté sur le sexe. D’après son témoignage, ce poète avait disposé des miroirs dans toute sa chambre de sorte que l’image de ses ébats amoureux pût se refléter dans toutes les directions.
[6] Sur ce point Jules César se montra généreux dans ses débordements sexuels et respectueux des maris de ses maîtresses. En revanche, comme nous le montrerons ultérieurement, d’autres empereurs durent recourir à l’assassinat, à l’humiliation, au mieux à l’exil des époux des femmes convoitées et/ou séduites soit pour les marier, soit pour en faire des maîtresses.
[7] Celui-ci sera tué par l’empereur Auguste, lors de sa conquête du pouvoir, pour éviter qu’il n’osât plus tard revendiquer la succession de Jules César.
[8] Ce fait montre manifestement que les Romains ne témoignaient guère d’une foi sérieuse en leurs dieux. Certains empereurs pillèrent même la richesse des temples, notamment l’or, pour le transformer et en user à titre de richesses personnelles. Jules César le fit dans les temples gaulois. Commode se moquait de la cérémonie de sa divinisation. Il savait qu’il n’en était rien : cette cérémonie ne lui ôtait pas sa condition d’homme mortel.
[9] Vies des douze Césars (Gallimard, coll. « Folio », Paris, p.321)
[10] On peut trouver ces analyses dans Eve, fille d’Eve, le féminin intemporel (Thélès, Paris 2008)
[11] La malédiction d’Adam (p.215)
[14] In Annick Cojean : Les proies-Dans le harem de Kadhafi- (Bernard Grasset, Paris 2012, citation en préambule.
[15] Annick Cojean : Les proies-Dans le Harem de Kadhafi (Bernard Grasset, Paris 2012, p.p. 196-197)
Une réflexion sur “La vie de luxure et de débauche des Empereurs romains et autres hommes d’Etat”