La manducation : Clef de voûte du système social des Lyéla du Burkina Faso

Initiation au culte du BWITI (Gabon) qui confère l’ambivalence des pouvoirs du cerveau : bivision et forces de la sorcellerie

Résumé

      La manducation, qui vient du latin manducatio de manducare, signifie « manger « . Mais elle ne se limite pas seulement, chez l’homme, à la satisfaction des besoins physiologiques, besoins primaires qu’il a en partage avec tout vivant sur la terre. Elle connote un pouvoir de symbolisation qui le met quelque peu à distance de ce lien premier avec tout autre vivant.

   C’est sur ce point dernier point que la manducation accède à un niveau de monstre incontrôlable chez les peuples de l’Afrique noire. Elle est devenue tellement obsédante qu’elle nuit systématiquement aux intérêts d’une partie des membres des familles ; et ceci d’autant plus que ceux-ci sont divisés en deux catégories. Il s’agit, d’un côté, des individus nés sorciers et initiés, par après par les mères, aux pouvoirs de la manducation des âmes qui confèrent automatiquement au cerveau ou à la psyché des forces démoniaques par essence mortifères. A l’opposé de ceux-ci, on a affaire, d’un autre côté, aux individus dépourvus à la naissance du don de la bivision ou énergie de la sorcellerie, qui sont peu nombreux et qui, de ce fait, sont soumis en permanence aux exactions des premiers. C’est pourquoi l’Afrique des peuples noirs apparaît toujours sous une réalité complexe et ambigüe : le jour, c’est le paradis pour tout le monde, la bonté humaine par excellence ; la nuit, c’est l’enfer pour les membres des familles qui sont dépourvus des forces érébéennes ou impulsion à commettre des meurtres gratuits en détruisant l’âme des faibles ou ceux qui sont dépourvus des pouvoirs de la bivision.

   Or une telle bi-structure des sociétés africaines a conduit à des modes d’existence qui confine à l’instauration d’un état de misère permanente, voire du refus quasi-total du développement et du progrès des pays et des peuples à l’occidentale (Europe de l’Ouest, Etats-Unis d’Amérique, Canada). Car l’on a sacralisé la manducation comme la finalité de tout en créant une idiosyncrasie maligne et perfide au sens où elle se fonde sur le culte des meurtres gratuits à l’ombre des lumières de la raison humaine. Les premiers prennent, de fait, en otages les membres des familles privés du don de la bivision qu’ils considèrent comme de possibles proies en vue de satisfaire leurs rituels ou leurs pratiques effroyables du monde de la nuit : la manducation de l’âme des gens qui oblige, ainsi, les sociétés à un nivellement par le bas, surtout par le bas-fond. C’est le triomphe de l’ombre des communautés par rapport à la lumière des individualités brillantes, la négation des singularités et, à l’inverse, l’exigence de l’égalité mathématique de tous les membres de la communauté familiale qui dénie la volonté de réussite des individualités.

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La question de la croyance et de la spiritualité : Peut-on être spirituel sans être croyant ?

Par le Père Etienne Long

Tout n’est qu’une superbe combinaison d’énergie entre les pouvoirs du cerveau humain et l’Energie du Cosmos

I- Que signifie « être croyant » ?

  Je voudrais commencer par m’arrêter à la signification que l’on peut donner au terme « croyant », et pour éviter de restreindre a priori son champ d’applications aux croyances religieuses.

I-1 tous les hommes sont des croyants

    Je crois que c’est très important, à propos du sujet qui nous réunit ce soir, de rappeler que tous les hommes sont des croyants, que tous croient en bien des choses, qu’il est impossible de ne pas croire en plein de choses, tout simplement parce qu’il y a au fond très peu de choses que l’on sait de savoir absolu. Peut-être même n’y a-t-il quasiment rien que l’on puisse savoir de façon simple et absolue.

    Même la raison raisonnante, dans l’exercice des plus rigoureuses méthodes scientifiques, doit reconnaître qu’elle repose sur des postulats qu’elle ne peut elle-même fonder.

Jean-Louis LÉONHARDT, Le rationalisme est-il rationnel ? L’homme de science et sa raison, L’aventurine, 2009

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Du devenir de l’Anthropos sur terre : fin possible ou espoir quand même ?

Conflagration générale fatale ou simple fiction quant au futur du genre humain ?

     Nous revenons, pour terminer ces investigations, aux données d’un livre prophétique dont nous avions commencé les recherches et l’écriture au cours de nos premières années d’études universitaires à Lyon et à Paris-IV-Sorbonne. Le fruit de ces investigations a été publié à Grenoble par une jeune maison d’édition[1]. Car nos analyses se sont, par après, réalisées au cours des années 2000.

    La question fondamentale que nous posions alors est la suivante : si l’homme de la rue – du monde occidental ou d’ailleurs – ignore le futur vers lequel le mouvement actuel conduit la terre ; si l’avenir de ses petits ou de ses arrières-petits enfants est l’utopie, soit la renaissance éventuelle d’un nouveau projet porteur de vie et de futur, ou la mort, c’est-à-dire l’acheminement continu de l’état actuel du monde vers un état eschatologique, il n’en est pas ainsi de la Raison mécaniciste. Elle a déjà amorcé, comme un plan caché, l’abandon de la terre à sa possible ruine mortifère. L’espace devient son ailleurs contemporain où elle se projette et elle pense offrir, ainsi, à sa dynamique un futur possible qu’elle partagerait non avec toute l’espèce humaine, mais essentiellement avec les seuls instruments dont elle se sert pour être et pour devenir. Il s’agit, en l’occurrence, des ingénieurs, des scientifiques technocrates, des détenteurs et des producteurs de l’industrie financière.

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Religion et rationalité, Humanismes et Lumières : raison, foi et superstition

Et « Dieu créa l’Homme à son image » de Michel-Ange, comme une figure emblématique de la Renaissance

Une brève introduction

    L’alternative de la raison et de la religion semble d’avance faire la part belle à la raison, et reléguer la religion dans la part sombre de l’alternative. Est-il juste, pourtant, d’accorder d’avance à la raison le rôle de norme à l’aune de laquelle il faudrait juger du fait religieux ? Les Lumières ont voulu mettre la raison au centre, et la laisser porter son jugement sur tout, y compris sur la religion. Mais ce jugement est-il en position d’éclairer le fait religieux ? Quand la raison veut juger de la foi, par exemple, n’est-elle pas conduite à essayer de se reconnaître en elle en repérant ce qui lui ressemble et ce qui s’oppose à elle ? La raison parvient-elle à rationaliser la foi ou à la diaboliser comme superstition ? La foi est-elle rationnelle, rationalisable, irrationnelle ?

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Des Droits Humains et du citoyen : une vision philosophique

Logo des Droits de l’Homme

Les droits de l’homme et leurs critiques : égalités et différences

    En un double sens, une réflexion sur la citoyenneté ne peut que déboucher sur la question de la justice. D’abord, parce que la définition des citoyens comme à la fois libres et égaux entre eux est potentiellement contradictoire : comment défendre l’égalité sans diminuer la liberté ? Comment, à l’inverse, épanouir la liberté sans creuser les différences ? Ensuite, parce que la recherche d’une norme universelle est aussi celle de la justice : comment celle-ci pourrait-elle avoir un sens si ses normes étaient plurielles ou changeantes ?

I-La justice et le fait

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