Du refus de la vérité sur le cancer dans les milieux spécialisés et du poids du paradigme scientifique : la thèse du Docteur Laurent Schwartz, cancérologue, comme dévoilement et controverse scientifique et thérapeutique

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De la nécessité de dépasser la prison du paradigme philosophico-scientifique pour une vision nouvelle dans les sciences

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      Depuis quelques mois (fin 2014- début 2015), nous travaillons sur les effets pervers des paradigmes en sciences. Dans un article à paraître sur ce site même, qui est une réfutation de l’économie comme science, en préambule de celui-ci, nous avons défini et longuement analysé ce phénomène intellectuel et psychologique qui, dans les champs des sciences, produit les conditions nécessaires d’une croyance aussi aliénante pour la conscience que le conditionnement moral des religions monothéistes comme le Judaïsme, le christianisme, l’Islam. En substance, il s’agit d’un système de pensée qui s’impose comme un modèle ou qui s’affirme telle une vision unifiée du monde à la fois humain et matériel. Toutefois, à la différence de la foi religieuse dont l’aliénation de la conscience, si fondamentale, ne peut laisser, dans certains cas, aucun recul possible, la croyance scientifique, dans le cadre de l’empire du paradigme, trompe et illusionne les gens en raison de son prestige. Car la science, depuis le triomphe du scientisme au XIX e siècle, a pu accéder, de nos jours, au rang d’une religion qui a son clergé, ses prélats, ses cardinaux, ses thuriféraires, ses doctrinaires aussi impitoyables les uns autant que les autres, mais aussi les uns à l’égard des autres, quand il s’agit de défendre leur vérité instituée. Cependant, au fond, il s’agit d’une pseudoscience, malgré son influence considérable sur le peuple, tout entier converti à la science vulgaire, et même sur un grand nombre d’intellectuels. Les vrais scientifiques, depuis les années 1950 environ, tiennent un tout autre discours sur la vérité scientifique (on peut dire sur ce point que ce qui est vrai, c’est qu’il n’y a pas de vérité indubitable) et sur la nature des phénomènes physiques qu’elle est susceptible d’explorer. Ce qu’elle tient pour des connaissances, toujours provisoires, sont des pans de dévoilement qu’elle opère sur la complexité du Réel effectif.

    La thèse du docteur Laurent Schwartz, dans son dernier ouvrage Cancer-Guérir tous les malades ?-, s’inscrit dans cette dernière vision des phénomènes : ce que l’on sait, c’est qu’on ne sait pas grand chose, entre autres, à propos du fonctionnement réel du cancer comme genre de pathologie mortifère, parfois secrété par notre organisme, parfois créé par des étiologies adventices. Les analyses de ce médecin ont un double intérêt : elles sont le témoignage de l’exercice d’un cancérologue de renom et des limites inhérentes à son métier, d’une part ; mais, d’autre part, elles expriment la vision critique d’un scientifique (telle est la noblesse même de l’esprit scientifique) sur son champ de pratique et de savoir. De la lecture de son ouvrage, nous retiendrons, dans cette analyse présente, trois aspects essentiels : d’abord, l’empire de la finance sur les techno-sciences contemporaines et l’impasse dans laquelle elle les enferme ; ensuite, le poids du conformisme par rapport au paradigme en sciences et l’inanité d’un grand nombre de productions dites scientifiques ; enfin, un tel conformisme conduit nécessairement au rejet des singularités en sciences ; même si le progrès des sciences est toujours le fait de ces dernières.

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I- L’empire de la finance sur les techno-sciences contemporaines et l’impasse où elle les enferme

     Tous ceux qui exercent leurs talents dans les champs des sciences dites appliquées (médecine, biologie, pharmacie, physique, chimie etc.) et y conduisent des recherches savent à quel point leurs travaux sont redevables des financements (subventions publiques ou privées), des investissements privés etc. Cette prégnance excessive sur leurs investigations ne manque de produire un effet pervers suivant trois raisons. D’abord, pour les chercheurs qui ambitionnent d’accéder à de hauts postes universitaires, tel que le titre de professeur d’université, des conditions doivent être nécessairement remplies. Ce peut être par l’art de la courtisanerie du patron, faiseur de roi ou, à tout le moins, détenteur des clefs de l’avancement vers le sommet de la hiérarchie ; comme par exemple le chef d’un laboratoire de recherches. Une telle conduite, selon le témoignage de certains de nos amis lyonnais, ex-professeurs d’université en microbiologie, en virologie, en neurosciences etc., est fort répandue dans le monde universitaire. Ce peut être aussi par la production scientifique. Mais, selon ces mêmes amis – nous nous abstenons de les nommer ici -, il s’git d’une véritable course contre la montre qui est généralement engagée. En effet, chaque équipe ou presque, chacun des chercheurs ou enseignants chercheurs doit produire pour avancer dans sa carrière, même si ccs productions dites scientifiques ont, en réalité, peu d ‘intérêt pour la science elle-même. D’un autre côté, celles-ci sont le fruit d’un protocole expérimental visant à établir un fait biologique, par exemple, l’existence de macrovirus. Dans ce cas, il advient qu’avant même la publication d’un article, fruit du travail d’une équipe, les résultats obtenus soient déjà obsolètes. Même après la publication, la solidité des travaux d’équipe visant à démontrer un fait ne dure que l’espace de quelques mois parce que d’autres travaux d’équipes concurrentes les ont dépassés ou infirmés. Ces travaux, ensuite, sont également nécessaires pour obtenir des financements publics ou privés, des subventions pour maintenir l’activité du laboratoire en vie ; même si les résultats attendus tardent à venir. Dans ce cas de figure, la question de confiance s’impose à la fois du côté des investisseurs et/ou financiers privés ou publics et de celui des équipes de recherches. Enfin, puisque ces productions doivent être quantifiées pour être reconnues scientifiques, les chercheurs s’engagent dans une course folle pour trouver des modèles mathématiques qui consolident leurs hypothèses ; quitte à les distordre pour obtenir leurs ajustements par rapport à la nature/vérité de leurs travaux en cours.
Même les chercheurs, qui ambitionnent d’obtenir un Prix Nobel, n’hésitent pas à se livrer à de telles manipulations mathématiques. C’est ce que soutient Daniel Tammet, l’un des cent plus grands savants du monde contemporain, en écrivant : « Les scientifiques sont victimes d’un autre problème : ils doivent publier fréquemment des recherches qui s’accompagnent de résultats positifs. On appelle cela les « publications biaisées ». Incomplètes, elles peuvent déformer la compréhension que l’on se fait d’un sujet. Une études de 2005 publiée dans la revue Nature a montré que 6% des scientifiques admettent avoir rejeté des données qui contredisent leurs recherches antérieures ; 15% ont également déclarer qu’ils avaient ignoré, de temps en temps, des données qui n’allaient pas dans le sens de leurs démonstrations »(Embrasser le ciel immense-Les secrets du cerveau des génies- (Edit. « J’ai lu », Paris 2010, p. 283). On comprend alors pourquoi les sciences appliquées piétinent aujourd’hui : elles n’arrivent plus à faire émerger la lueur d’une découverte exceptionnelle, tant elles s’obstinent à se répéter et à s’accrocher à leurs sacro-saintes expérimentations en fonction du même paradigme. Dans un récent article du Monde « Science et médecine » , les auteurs analysent longuement la misère de la techno-science contemporaine « Des faussaires dans les labos ». Ils n’hésitent pas à dresser un constat sévère sur les pratiques frauduleuses devenues monnaie courante dans les sciences expérimentales et même au niveau des mathématiques. Dès lors, la définition classique des mathématiques comme sciences exactes est devenue problématique : elles se plient à tous les usages arbitraires comme le remarque ce numéro du « Monde » : « en 2005, des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (Boston) ont créé un logiciel, SCIgen, capable d’écrire automatiquement des articles scientifiques, pour prouver que des publications sans signification pourraient être acceptées dans les conférences ». Au regard de ces faits, on ne peut plus dire, comme le sens commun a l’habitude de l’affirmer : « c’est scientifique, c’est donc vrai ». Car désormais, le vrai scientifique supposé peut se fabriquer arbitrairement sans lien aucun avec les faits réels. Certes, à l’instar de ce qui se passe dans des armées, les unes produisant des missiles, les autres des anti-missiles à l’infini, Cyril Labbé, chercheur en informatique à l’université Joseph-Fourier à Grenoble, en 2012, « après avoir testé avec succès un algorithme similaire, s’est mis en tête de créer un outil de détection des pastiches créés par SCIgen ».   

     Selon ces auteurs, dans les laboratoires, entre autres officines, où l’on prétend effectuer des recherches scientifiques, ce qui est devenu la norme, c’est la « fabrication de données, falsification et plagiat, mais aussi « embellissement » subreptice des résultats : l’inconduite scientifique est un phénomène en augmentation, qui entrave l’avancement des connaissances » (In « Cahier du « Monde » N°21871 daté du 13 mai 2015 ).

     Qu’est-ce qui a conduit à cet état présent de la déliquescence de la techno-science ? L’un des facteurs manifestes tient au fait que la science elle-même est devenue prisonnière de la compétitivité, de la productivité, de la rentabilité ; ces termes propres à l’économie libérale ont franchi toutes les portes des disciplines pour s’imposer comme une réalité universelle à laquelle le monde entier et ses divers champs de recherches doivent se soumettre, coûte que coûte. Ainsi, « des travaux ont montré que 20% des études présentées comme ayant été effectuées en double aveugle n’avaient pas été réalisées ainsi ; le journal de l’Organisation européenne de biologie moléculaires (EMBO) expliquait en janvier 2014 que 20% des articles comportent des images « embellies ». Lui-même (Philippe Ravaud, professeur à l’université Paris-Descartes), en novembre 2014 a montré comment des spécialistes pouvaient penser qu’un essai clinique était positif grâce à un résumé bien tourné, alors que les résultats bruts ne montraient aucun effet ». Ce professeur affirme même que, de plus en plus, dans ce contexte de célérité en toutes choses, si les étudiants reçoivent bien une formation technique, celle-ci ne s’accompagne pas forcément d’un solide esprit scientifique : ils acquièrent le langage technique, ils peuvent enseigner plus tard la discipline dans laquelle ils ont été formés, mais sans pour autant avoir maîtrisé le sens des problématiques majeures de celle-ci. Et tel est, selon lui, le sens même de l’esprit scientifique : maîtriser les tenants et les aboutissants d’une science.
Aussi, et de plus en plus, pour arriver à leurs fins, devenir célèbres, accéder à un poste universitaire honorifique, réussir à une soutenance de thèse de doctorat, les candidats n’hésitent plus à se livrer à toutes sortes de manipulations grâce à la puissance de certains logiciels adaptés aux sciences. Les mathématiques , notamment, se prêtent aisément à ce jeu tricheur pour accéder au succès. Le monde entier est concerné par de telles manipulations, Chine , Etats-Unis y compris. En Chine, par exemple, il existe une véritable industrie de la fraude. La gestion des universités connaît un véritable état de désordre : le passage des décennies du système communiste au mode compétitif de l’économie libérale pousse les professeurs à faire montre d’efficacité en misant davantage sur la production quantitative que la qualité. Dès lors, pour les chercheurs qui veulent avancer dans leur carrière « compter les travaux de recherche est la méthode d’évaluation la plus aisée et la plus efficace ». Aussi, la Chine s’interroge souvent sur la culture du faux, si répandue dans les secteurs de la recherche et de l’industrie, sans pouvoir y remédier. Pire, au niveau universitaire, « il existe des agences que les universitaires paient pour un service clés en main allant de la préparation à la publication des travaux ».

      Ce qui importe désormais, ce n’est plus la qualité d’un travail de recherches sur lequel on passe beaucoup de jours et de nuits d’investigations, de déductions logiques comme les philosophes qui trouvaient ainsi les lois de la nature sans expérimentations aucunes ; ce qui importe, c’est donc la quantité en raison aussi de pressions objectives : « tous les observateurs soulignent l’augmentation de la pression sur les chercheurs afin qu’ils publient coûte que coûte, que ce soit pour leur carrière (les postes sont rares et demandés), leur avancement, mais aussi leur budget, car désormais le modèle dominant est la mise en compétition des équipes dans des appels d’offres ». La pression pour l’excellence pousse au crime intellectuel : le copier-coller, le plagiat etc. D’où la boutade courante dans ces milieux : « des titres honorifiques, mais des têtes creuses ».

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     Par ailleurs, selon Laurent Schwartz dans son champ de savoir et de pratique, les grands laboratoires pharmaceutiques connaissent une situation paradoxale. En effet, depuis 2012, en France et ailleurs dans le monde, ils traversent un état de crise profonde qui les conduit à des restructurations drastiques et à des licenciements massifs de leurs personnels. Ce phénomène s’explique par le fait qu’il n’y a plus de mise sur le marché des médicaments ou des nouveaux produits opérants. A l’inverse, des médicaments qui ont fait leur fortune s’acheminent vers le domaine public ; donc accessibles à la production sous forme de génériques et moins chers. Mais il n’y a pas lieu de pleurer sur leur sort car ces laboratoires pharmaceutiques trouvent toujours le moyen de vivre de l’argent public. Ainsi, il suffit, selon ce cancérologue, d’observer comment ils s’enrichissent : « Sanofi, par exemple, en caisse en France 424 millions d’euros (remboursés par la Sécurité sociale -c’est-à-dire nous) pour un anti-agrégat plaquettaire, le Plavix, qui pourrait sans dommage être remplacé par … l’aspirine qui a des propriétés anticoagulants équivalents. De surcroît, le Plavix arrive en fin de droit – la molécule sera dans le domaine public l’année prochaine, elle sera probablement fabriquée en générique et vendue pour 2,26 euros, prix auquel est vendu le Plavix en Angleterre, pays sans remboursement, contre 37,11 euros en France – au frais du contribuable » (p.p.17-18). Malgré le risque de crise majeure à venir dans l’industrie pharmaceutique, ils encadrent les recherches scientifiques dans leurs laboratoires et, ainsi, ils empêchent les chercheurs d’investiguer en vue de trouver de nouvelles molécules ; l’impératif étant d’arriver promptement à des résultats immédiatement exploitables et rentables.
Grâce à leur pouvoir financier, qui se moque à vrai dire de la science elle-même – il n’y a de science désormais que la technologie et/ou la techno-science qui permet de produire de la finance au centuple pour les laboratoires et pour leurs investisseurs, entre autres, pharmaceutiques -, ceux-ci peuvent aisément influencer tous les moyens d’information ; ce que Laurent Schwartz appelle, à juste titre, « les dérives mafieuses garantissant des prix exorbitants, aussi bien sur les médicaments d’origine que sur leurs génériques » (p.22). L’argent qui a, par excellence, un pouvoir séducteur, leur permet de corrompre les soi-disant leaders d’opinion, les journalistes spécialisés très sensibles aux cadeaux de toute nature dont un article du « Canard enchaîné » a longuement parlé dans un récent numéro (avril 2015), les associations de malades, elles-mêmes manipulées à leur insu, parfois, et souvent de leur plein gré en ce qu’elles sont largement subventionnées par l’industrie pharmaceutique. Ces dernières finissent même par oublier un fait essentiel : un malade rapporte toujours une certaine somme aux médecins, aux hôpitaux et/ou à l’Etat, aux industries pharmaceutique. C’est donc un processus complexe dans lequel le malade lui-même ne gagne strictement rien, hormis le risque de mort, par parfois par excès de prise de médicament.
Dès lors, les industries pharmaceutiques, c’est-à-dire leurs dirigeants qui abreuvent les média de promesses mirobolantes et fallacieuses – c’est, au fond, l’effet d’annonce d’un lendemain qui chante en matière de découverte de nouveaux médicaments – savent pourtant pertinemment qu’il n’en est rien. Les hypothèses prometteuses ne sont donc, la plupart du temps, que de la publicité, donc des mensonges et des tromperies du peuple accroc à ses croyances imbéciles aux prouesses du Démiurge des temps contemporains qu’est la techno-science. Il s’agit, en particulier, de ce que nous appelons « la lie de l’Humanité » qui est friande ce genre d’annonce tant elle est abrutie par la célébration de la messe quotidienne sur commande des média. En revanche, ce qui est réel/vrai, c’est, selon Laurent Schwartz, qu’« aucun nouvel avenir n’a émergé dans la recherche depuis des décennies. Aucun nouveau médicament réellement efficace n’est sorti dans le même temps. Il n’est aucune maladie incurable il y a quarante ans qui soit aujourd’hui curable » (p.24), parce que la recherche, au sens noble du terme, a vécu pour l’industrie pharmaceutique. Toute recherche, désormais, est condamnée à obéir au principe de l’impératif catégorique de la rentabilité financière hic et nunc. Autrement, la recherche n’a plus d’intérêt ni de prix. La volonté de tromper le peuple et ses élites politiques, valets des capitaines d’industrie, garçons de course du pouvoir de la finance internationale etc., pour mieux les plonger dans les brumes de l’inconscient et dans les limbes de l’innocence ; ce qui fait oublier tout autre souci public, voire l’avenir des générations présentes et futures.
Ainsi, sur le cancer, domaine de spécialité de Laurent Schwartz, à titre de rappel, l’impératif de la communication trompeuse, de la société de spectacle qu’est la nôtre, de la mise en scène de la maladie, quelle qu’elle soit, est devenu essentiel. Selon lui : « Il se tient ainsi sur le cancer un discours bien rôdé, parfaitement mythique, et parfaitement faux, qui entretient dans l’opinion (y compris médicale) un certain nombre d’illusions. Mais la répétition de ces discours mensongers fabrique la vérité sur laquelle s’appuie tout le système pour survivre. Quel discours ?
« Le cancer, c’est compliqué »
« La recherche, c’est hors de prix »
« Seul le high-tech peut nous sauver – et pas tout de suis » (p.p.26-27). Ce discours monstrueusement fallacieux et enchanteur n’est guère éloigné du « Novlangue » de l’ouvrage de George Orwell, 1984 : l’art de manipuler méthodiquement les consciences humaines pour mieux les soumettre à l’empire et à la domination de Big Brother. Ce faisant, la techno-science, qui a fini par s’imposer aujourd’hui, a vite oublié la définition première du mot science (Platon, Aristote) comme savoir désintéressé des phénomènes humains et non humains pour l’unique plaisir de les connaître. Tel est le signe même de la noblesse de l’esprit humain. D’où la nécessité de repenser l’esprit même de la recherche scientifique conformément à la conception du fondateur de la science en son essence : l’Intelligence est le propre d’un esprit synoptique (Platon : La République) qui ne peut se concevoir, même en médecine, indépendamment de la physique, de la chimie, de la philosophie, des mathématiques. Tel est aussi le sens de la science, en son unité, laquelle est définie par Claude Bernard comme « l’esprit philosophique » dans son ouvrage Introduction à l’étude de la médecine expérimentale.
Or, dans le cadre de l’esprit des techno-sciences, on a fini par négliger le souci de la connaissance en vue d’atteindre la vérité qui, seule, éclaire les zones d’ombre empêchant le progrès des sciences. C’est aussi ce qui explique, selon Laurent Schwartz, que dans le traitement des cancers, faute de mieux, on tend à négliger le bien-être des patients. Ainsi, on n’hésite plus, de nos jours, à soumettre quelqu’un qui est atteint d’un cancer à dix traitements différents – c’est une question de rentabilité financière essentiellement – quand il s’agit de formes de cancer qui n’auraient sans doute pas évolué dans le sens de la mort du patient. Mais le sur-traitement des formes de cancer devient une assurance psychologique de guérison possible. Comme le mensonge et la tromperie sont de mise dans le traitement des cancers, les spécialistes, par exemple du tabac, lequel est cause d’un certain nombre de cancers, ne se donnent guère la peine de lire les travaux sérieux d’investigation qui pourraient mieux les éclairer sur ces matières. En outre, au nom de l’impératif du traitement mécanique (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie etc.,), on néglige totalement les traitements alternatifs qui évitent les ravages de celui-ci. Mais ces derniers sont bannis par l’empire des laboratoires pharmaceutiques.

     A titre d’exemple, parmi les traitements alternatifs du cancer, on connaît à présent, l’approche du Docteur Walter Longo, biologiste américain de l’université de Californie du Sud (USC) à Los Angeles. Mais il n’est ni médecin ni pharmacologue, mais biologiste et gérontologue. Ses études ont montré que, par le jeûne, cette pratique diététique en cours chez l’espèce humaine depuis des millénaires, notamment chez les populations asiatiques de confession bouddhiste et hindouiste, on peut aider les patients atteints de cancer dans leur combat contre cette maladie. Son approche thérapeutique par le jeûne contre les cellules cancéreuses est très simple : il fait des essais sur de petits groupes de patients qui sont atteints de cancer, notamment du cancer du sein. Il s’agit d’« affamer » les tumeurs en privant les cellules cancéreuses de leur énergie pour permettre aux chimiothérapies d’être plus efficaces. Il en résultent que les cellules tumorales privées d’énergie réagissaient différemment et plus efficacement à la chimiothérapie que les cellules normalement nourries. Dès lors, le jeûne devient une aide à la thérapie sans coût particulier. Cependant, cette découverte d’une thérapie douce, sans ravage ni destruction de l’organisme, tels que les effets de la radiothérapie et de la chimiothérapie traditionnelle est dangereuse selon la techno-science et l’industrie pharmaceutique. En effet, si le jeûne protège contre les effets toxiques de la chimiothérapie, cela suppose qu’il protège l’organisme contre d’autres facteurs pathologiques, même au-delà et en dehors de la chimiothérapie. Ainsi, en France, le monde des spécialistes du cancer reste toujours sceptique. Leur raisonnement est le suivant : d’ordinaire, il est de bon ton de lutter contre la dénutrition, très fréquente chez les patients en chimiothérapie, qui risque d’affaiblir ceux-ci en les rendant plus vulnérables, c’est-à-dire plus sensibles aux effets secondaires des traitements. Toutefois, il se pourrait bien que certains d’entre soient amenés à changer de posture mentale ou de paradigme quand les résultats des essais américains seront publiés.

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    Dès lors, les travaux de recherches financés par les grandes firmes, entre autres pharmaceutiques, sont encadrés, orientés, manipulés et leur mise sur le marché est abondante à l’inverse des investigations scientifiques dont le but est la recherche de la vérité visant à éclairer l’intelligence humaine sur la nature des phénomènes et à lever le voile qui empêche la science de progresser. Donc, dans le cadre des impératifs de la techno-science, on est quasiment assuré que ces recherches protocolaires ne conduiraient nullement à la mise sur le marché de nouveaux médicaments efficaces. La recherche fondamentale libre, ingénieuse et efficiente étant souvent empêchée, on est alors sous la domination de la recherche appliquée dont les résultats ne sont pas au rendez-vous des espérances qu’elle suscite. On comprend, ainsi, la nécessité des industriels pharmaceutiques de changer de registre dans leurs actes et dans leur ambition : il ne s’agit plus de découvrir de nouveaux médicaments en raison de la destruction massive, méthodique des ressources naturelles des forêts africaines, amazoniennes, asiatiques etc., mais de conserver les acquis du passé. Même si ce manque d’ambition doit s’accomplir au détriment des générations humaines futures par leur endettement, ces industriels sont prêts à franchir le pas au nom des impératifs du présent, comme l’écrit Laurent Schwartz : « Endetter ses enfants d’un fardeau insupportable pour faire « fonctionner » une société en désarroi ne peut, à court ou long terme, qu’amener dans le mur. Commercialiser des médicaments de plus en plus onéreux pour un bénéfice (si bénéfice il y a) minime ne peut aussi que mener à la catastrophe. » (p.157)
Ces problèmes de la techno-science sont aussi liés à un paradigme en science qui aveugle beaucoup d’intelligences belles et de beaux esprits sous la forme de l’aliénation de la conscience humaine à l’instar de la manière dont la religion opère une telle manipulation. Cette aliénation mentale empêche d’exercer son esprit critique.

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II – Le poids du paradigme en science et la stérilité des recherches scientifiques

     Qu’on nous permette de revenir sur ce qu’est l’esprit philosophique, qui est intrinsèquement scientifique. Philosophie et science étaient, en leur origine, identiques. En effet, ce sont les cerveaux des philosophes qui ont créé toutes les sciences modernes, y compris une partie non négligeable de la techno-science dans son procédé méthodique par rapport à la découverte des lois de la nature. Face à ce vaste cosmos, sans méthode, l’esprit humain ne peut rien savoir de précis, de rigoureux dans ce fouillis inextricable qu’est le chaos immanent aux phénomènes naturels. Tel est le sens même de l’étonnement et/ou de l’émerveillement selon Platon et son disciple Aristote. Ils y voient l’origine de la science qui a conduit progressivement les philosophes de l’étonnement des choses ordinaires sur la terre jusqu’à l’émerveillement de ce qui se passe dans les cieux ; et, de fait, de leur désir de tout savoir sans autre intérêt que l’unique plaisir de savoir. Dans les temps modernes, Emmanuel Kant pose autrement le même problème relatif à l’origine de la science et à la nature de celle-ci. En effet, dans la Préface de la deuxième édition (1787) de la Critique de la raison pure, ce philosophe, que nous citerons longuement, expose le phénomène du savoir humain de la manière suivante : « … La raison n’aperçoit que ce qu’elle produit elle-même d’après son projet, qu’elle doit prendre les devants avec les principes qui déterminent son jugement suivant les lois constantes, et forcer la nature à répondre à ces questions, au lieu de se laisser conduire par elle-même comme à la laisse ; car autrement, des observations faites au hasard et sans aucun plan tracé d’avance ne se rassemblent pas en une loi nécessaire… Cette raison doit se présenter à la nature tenant d’une main ses principes, d’après lesquels seulement des phénomènes concordants peuvent valoir comme lois, et de l’autre les expériences qu’elle a conçues d’après ces mêmes principes. Elle lui demande de l’instruire, non pas comme un écolier qui se laisse dire tout ce qui plait au maître, mais comme un juge en charge, qui force les témoins à répondre aux questions qu’il leur pose. » (Œuvres philosophiques (Bibliothèque de la Pléiade, Paris 1980, p.p. 737-738).

        La thèse sous-jacente à ses réflexions est la suivante : la raison humaine est comme conditionnée à ne voir dans la nature que ce qu’elle produit en elle-même. En d’autres termes, sa science n’est rien d’autre que le merveilleux miroitement de ses symboles mathématiques, de ses concepts philosophiques, de la cohérence des formes de raisonnement ou encore de la loi qu’elle a elle-même élaborée en son sein. Car il n’y a pas de lois dans la nature, mais la manifestation constante de phénomènes. C’est donc une analogie par rapport aux lois civiles, même si celles-ci peuvent changer suivant la versatilité des gouvernements et la volonté des rois et des Princes. Ainsi, par-delà ce miroir, elle est dans une ignorance totale de la nature intrinsèque des phénomènes ou, plus exactement, de la nature intime de la matière. Elle se contente alors de contempler la surface de celle-ci, puisqu’elle ne peut sortir d’elle-même pour vérifier la concordance de son miroir bien construit avec la matière nouménale, selon le concept de Kant etc. On comprend alors que le mathématicien et logicien Karl Popper en vienne à définir la science en fonction du critère de réfutabilité puisqu’il n’y a point de vérité scientifique qui puisse résister absolument à la mise en doute suivant d’autres principes expérimentaux probants (In Les deux problèmes fondamentaux de la théorie de la connaissance).

        En vertu de ces données, on conçoit mal, de nos jours, que de nombreux théoriciens et praticiens s’accrochent désespérément à des doctrines et à des dogmes relatifs à un paradigme. C’est, sans doute, ce qui explique les dérapages des médecins et les ravages causés aux patients dans le domaine de la cancérologie. Selon le docteur Laurent Schwartz, on sait sûrement une chose : « On ne guérit pas plus du cancer aujourd’hui qu’il y a trente ans, et on en meurt tout autant. Tel progrès monté en épingle est décompensé, si je puis dire, par l’explosion du chiffre global des cancers, vieillissement aidant. Alors, on soigne, on pallie, on opère indûment, on bricole. De traitement vrai, pas de nouvelles. » (p.19). Selon lui, notre organisme contient 3000 gènes « qui prédisposent au cancer » sur 30.000 gènes.
Or, concernant le cancer de la prostate, lorsqu’« on opère indûment… », il y a parfois des mutilations irréversibles qui en résultent en ce sens qu’« en ôtant la prostate, on coupe le plus souvent les nerfs responsables de l’érection et du contrôle de la zone ». Certes, tous les chirurgiens du cancer de la prostate ne sont pas forcément des « charcutiers », comme on dit ordinairement par préjugé. Certains d’entre eux prennent soin de leurs patients et se soucient sérieusement de leur devenir après la prostatectomie. C’est le cas d’un chirurgien à Lyon, que nous connaissons fort bien, en l’occurrence, le Docteur Arnaud Manel, de l’Infirmerie protestante. Avant tout acte chirurgical, il prend le temps d’en discuter longuement avec son patient en tant que sujet humain doué de conscience, sujet à la souffrance en cas de perte de sa virilité. A l’instar de la médecine chinoise, qui traite non pas un mal localisé dans le corps suivant l’approche mécanique de la médecine occidentale, mais la prise en charge de tout l’être comme corps et esprit, il considère que le patient n’est pas un simple objet de la science, mais une personne entière. En ce qui concerne l’opération elle-même, il tâche, autant que faire se peut, d’éviter cette amputation irréversible qu’est la suppression des nerfs érectiles ; si les dégâts déjà causés par le cancer le lui permettent. Tel n’est le cas d’un grand nombre de ses collègues.

      Toutefois, lorsque cette zone a été épargnée par un excellent chirurgien , les traitements visant à éliminer les cellules cancéreuses sont généralement invalidants : la chimiothérapie ne s’attaque pas unique à ces seules cellules, mais également à celles qui sont saines dans tout l’organisme. La radiothérapie est encore pire : elle peut provoquer des lésions au niveau de la vessie, du colon ou du rectum provoquant des incontinences irréversibles ; et sans espoir de réparation possible. Or, de façon générale, le masculin ne vit et n’existe que par et pour l’activité de son sexe, pour ses quelques secondes de secousses, c’est-à-dire pour son heureuse miction. Quand l’amputation de cet organe, fondamental à ses yeux, est effective, il est désormais condamné à vivre comme s’il était déjà mort. Et pour peu qu’il ait été une sorte de Don Juan, un fieffé séducteur du féminin, le fait d’avoir été réduit à l’impuissance absolue lui paraît une souffrance physique et psychique abominable ; puisqu’il est désormais condamné à se contenter d’observer les femmes sans pouvoir les approcher. On comprend alors pourquoi François Mitterrand, après avoir été bien renseigné sur les conséquences de la prostatectomie, a choisi en 1981 de ne pas se faire opérer de son cancer de la prostate. Il a préféré vivre pleinement sa vie sexuelle durant son double mandat présidentiel ; même si, à la fin de sa vie, il a connu des souffrances épouvantables. Autant le cancer du sein chez la femme, même après ablation – il y a des opérations postérieures qui peuvent redonner à la femme opérée sa physionomie presque normale – ne conduit pas à de tels dégâts physiques et psychiques comme l’impuissance sexuelle, l’incontinence etc., autant l’opération de la prostate est très souvent cause de ravages et de troubles irréversibles. Dans les mêmes conditions, la femme opérée peut continuer à avoir une vie sexuelle normale. Certes, d’un point de vue psychologique, comme le mâle amputé de sa prostate, le féminin souffre tout autant de la mutilation de son corps : le manque d’un sein. C’est une douleur vive qui la hante durant toute sa vie.

    Ces données résultent du fait que, depuis le triomphe de l’étude mécaniciste des phénomènes (matière et vivant) de Descartes au XVIIe siècle, le malade qui est toujours et souvent perdant entre les mains des experts de la médecine, entre autres, la cour des sommités des cancérologues, n’est pas suffisamment pris en compte. Ce n’est plus une personne humaine digne de respect absolu et d’égard, à l’instar des bien portants, mais un objet pour la médecine ou d’expérimentation pour l’industrie pharmaceutique. Quitte à ce qu’il trépasse, selon le degré de gravité de sa maladie, on essaiera toujours sur son être souffrant toute la panoplie des médicaments existants ; même si on sait qu’ils pourraient être inefficaces .Certes, beaucoup de médecins agissent ainsi de bonne foi, en vertu du devoir de soigner. C’est une question d’éthique et de déontologie : par vocation, le médecin doit tenter de sauver la vie de ses patients, coûte que coûte ; avec ou sans le poids des firmes pharmaceutiques.

       A cette  forme de thérapie à tout prix s’ajoute la croyance populaire, qui est aussi une forme de paradigme, selon laquelle le médecin spécialiste, en l’occurrence le cancérologue, est tout-puissant. Il a ainsi le statut d’une sorte démiurge qui détiendrait le pouvoir de tout soigner, voire de tout guérir. Ce paradigme n’est rien d’autre qu’une espèce d’aura dont jouissent les spécialistes, les sommités du corps médical.
La preuve : dans son désespoir, parfois sa déréliction, le patient confie son destin à son chirurgien, en étant tout entier rempli de l’espoir que ce serait pour le meilleur. A propos des problèmes posés par le cancer de la prostate, Laurent Schwartz mentionne quelques données qui n’ont pas eu d’écho dans les média en raison des conclusions pessimistes qu’on en a tirées : « Un exemple parmi tant d’autres : 731 américains sont diagnostiqués entre 1994 et 2002. Les patients sont tirés au sort : la moitié d’entre eux sera traitée par une ablation de la prostate. Ils seront impuissants et souvent incontinents. L’autre moitié est surveillée. Si le cancer augmente de volume, la chirurgie est alors de règle. En 2012, les auteurs concluent dans le célèbre New-England Journal of Medecine que la prostatectomie est dangereuse et ne modifie pas la survie. » (p.20)
Nonobstant ce, en France, le corps médical s’accroche à son paradigme concernant le traitement des cancers : c’est la chirurgie suivie de traitements lourds, longs, couteux pour le contribuable et, surtout, dévastateurs pour les patients. C’est en ce sens que Laurent Schwartz affirme que tous les spécialistes du cancer, qui résistent de nos jours à la même approche de cette maladie mortifère, sont « exclus du cercle de la respectabilité médicale ». Pire, soit on leur interdit d’exercer leur métier, soit on s’emploie, comme un seul homme, à les dénigrer, à les vilipender au nom de la défense des intérêts majeurs du corps médical autorisé d’exercice ; soit on tâche de les pousser en dehors de ce corps, comme John Le carré l’a montré dans La constance du jardinier. Cette traque des médecins résistant à la fois au pouvoir des laboratoires pharmaceutiques, qui poussent à la surconsommation des médicaments, et au corps médical, tout entier soumis à son paradigme, est sévère, notamment en France. D’où le constat amère de Laurent Schwartz : « La recherche officielle vit dans un cercle « vertueux », en fait totalement sclérosé. De l’argent rentre, on affiche haut et fort les quelques résultats dont on peut se targuer […] Ajoutez à cette sclérose intellectuelle une logique financière. Les laboratoires sont dans une logique de brevets, donc dans une logique de complexité, parce que le simple n’est guère brevetable » (p.33). La presse populaire participe aussi au maintient du mensonge sur la réalité du monde médical. Pour vendre du papier, elle n’hésite pas à claironner les merveilleux « progrès de la médecine », même si, dans les faits, tel n’est pas le cas.
Tout ceci a pour effet de renforcer la croyance des patients, forcément désespérés, au pouvoir des « demi-dieux » que sont les représentants du corps médical, selon ce cancérologue : « Les malades – les futurs malades que nous sommes – ont droit à un autre espoir. Ils sont – nous sommes – aujourd’hui prisonniers des grands laboratoires, de protocoles de recherche entravés par les habitudes et la recherche de profits, par une vision de la maladie aussi archaïque que le ciel immobile et géocentré du Moyen-Age, avec son soleil gravitant autour de la Terre… » (p.39).
D’où le paradoxe suivant : l’appel à la charité publique, à la générosité collective pour trouver des fonds s’adresse au cœur de chaque futur patient. Car tout le monde est concerné par la maladie et peut vivre dans la crainte d’un possible cancer et telle est la raison du succès de ce genre d’appels aux dons. Mais les fonds récoltés vont engraisser le privé en lui permettant de générer des bénéfices considérables pour le bonheur de ses actionnaires. Nonobstant la grande générosité du public, la recherche piétine à la fois dans le secteur privé et public. Alors, pour éviter le ridicule, on fait de la belle communication qui a pour effet d’endormir la conscience commune, peu encline à l’exercice de son esprit critique. Pendant ce temps, malgré des dépenses considérables pour communiquer, la recherche n’avance nullement. C’est du bel enrobage et ce n’est rien d’autre.

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    Alors, faute de mieux, c’est-à-dire d’idées neuves pour révolutionner la nature des phénomènes, on choisit la voie la plus classique, mais aussi la plus scabreuse : la médicalisation à outrance des malades souffrant de cancer, comme ce cancérologue l’écrit avec raison : « Après des dizaines de milliards de dépenses (et des centaines de milliards de bénéfices), nous en sommes revenus à conseiller aux cancéreux le brocoli et les carottes (bio et bien lavés), à mettre en place des unités de soins palliatifs, à légiférer sur l’euthanasie. Sous prétexte d’égalité, nous avons gommé toute liberté, en particulier celle d’inventer un autre monde » (p.42)
Si, de nos jours, on observe une telle carence en médecine, on doit reconnaître que cette réalité contemporaine est plus large. Tout se passe comme si la société s’est bloquée de toutes parts en cessant d’inventer et de créer une nouvelle vision du monde, facteur de progrès en science, entre autres réalités humaines. Ce qui enchante ce monde présent, ce n’est plus l’essentiel, mais l’inessentiel : on s’extasie devant les performances de l’ordinateur, autant dire devant une machine ; et devant les progrès apparents de l’informatique, de l’électronique, du numérique, des appareils de toutes sortes. En somme, on se perd d’émerveillement devant la technologie de confort. Le téléphone portable fascine toutes les générations qui, à leur insu, aliène leur liberté, leur conscience critique. Et on a la faiblesse de qualifier ces performances technologiques de « progrès des sciences ». C’est ce constat de notre temps qui conduit Laurent Schwartz à nous comparer aux Romains, sclérosés par et dans des habitudes, des acquis sans pouvoir faire preuve d’aucune forme de génie. En effet, écrit-il, « Les Romains se sont arrêtés alors qu’ils connaissaient la force de la vapeur, la machine à calculer et l’électricité. Ils se sont satisfaits de leurs conquêtes et de leurs esclaves, ils n’ont jamais inventé le chemin de fer, ils ne sont jamais allés sur la lune et ont disparu » (p.50).
Les raisons de cette stagnation contemporaine sont multiples. D’abord, l’hyperspécialisation dans tous les domaines des savoirs a fait perdre de vue l’esprit synoptique dont nous parlions précédemment et l’interdisciplinarité qui, pourtant, s’articulent dans les cerveaux des philosophes. A titre d’exemple, Aristote est l’auteur d’un grand nombre de traités de physique, de biologie (anatomie comparée, classification des animaux), de Métaphysique, de mathématique, de politique et de droit, de logique (fondement des raisonnements mathématiques et scientifique-déduction, induction, démonstration etc.) ; de théologie, d’éthique etc. Au cours des temps modernes, Kant a enseigné, outre la philosophie morale, le droit naturel, la théologie naturelle, la mathématique, la géographie physique, la physique, la logique, la métaphysique, l’anthropologie, la pédagogie etc.
Ces cerveaux encyclopédiques sont mieux et plus novateurs, plus opérants aussi, voire plus visionnaires que des Encyclopédies aux savoirs dispersés, morcelés, partiels et partiaux comme Wikipédia. Dans une récente émission à France-Inter, le neuroscientifique Lionel Naccache, auteur de Le Nouvel inconscient. Freud, Christophe Colomb des neurosciences (O. Jacob, Paris, 2006, 465 p.), en raison des concepts philosophiques à bout de souffle en sciences, notamment en neurosciences, en est réduit à souhaiter que des philosophes inventent de nouveaux concepts pour permettre à la science d’avancer, de progresser conceptuellement. A titre d’exemple, le terme de « conscience » inventé par les philosophes du XVIIe siècle (Descartes, John Locke) doit être redéfini à la lumière des découvertes des neurosciences afin de savoir de quoi il s’agit précisément. Hélas, des philosophes, au sens  noble du terme, il n’y en a plus de nos jours. Ce sont des intellectuels qui se targuent d’être des philosophes sans en avoir l’étoffe.

         Par exemple, en biologie, les recherches portent de plus en plus sur des détails en perdant de vue l’ensemble, le complexe. Pire, le chercheur en cette matière ignore les savoirs propres aux domaines complémentaires comme la physique, la chimie, l’anthropologie, l’agriculture etc. Selon Laurent Schwartz, si la physique admet volontiers ses incertitudes, il en va tout autrement, de nos jours, de la biologie qui semble même être « encore une mythologie ». En effet, « un éparpillement des savoirs et une absence de communication » entre les chercheurs ne permet pas d’appréhender l’étendue des savoirs, par exemple, sur le cancer. Ensuite, le fait que notre monde baigne en permanence dans la haute technologie – monde qui est impersonnel, de surcroît anti-culture savante – ne peut guère compenser la faiblesse et la pauvreté de la réflexion personnelle, prémisse de toute innovation, du sens même du progrès. Il faut donc faire preuve d’audace, de transgression même quand on choisit la voie de la recherche fondamentale, officielle ou à titre privée et/ou indépendant ; pourvu qu’on n’ambitionne pas d’accéder à une réputation nationale ou internationale, à des postes au sommet de la hiérarchie universitaire ou hospitalière. Il faut résister, s’opposer (au) ou briser le paradigme pour éviter l’émasculation de l’esprit créateur, comme l’écrit Laurent Schwartz : « Les scientifiques se sont souvent opposés à ces remises en question du dogme. Au lieu de se laisser guider par le principe d’économie des hypothèses, ils ont suivi l’habitude. Avis aux jeunes : il ne faut pas toujours se fier à l’avis de vos maîtres. Ils se trompent comme tout le monde. D’autant plus que la spécialisation a outrance – le petit bout de la lorgnette – a progressivement castré l’esprit créateur » (p.168) ; et le paradigme apparaît comme une chape de plomb au-dessus de nos têtes ou, plus exactement, un frein au libre déploiement de notre intelligence originale dans sa quête du savoir des phénomènes.

III- Le rejet des singularités dans un monde où la médiocrité devient un impératif catégorique

       Dan la Première partie de l’Ecclésiaste, il est écrit :
« Ce qui fut, sera
Ce qui s’est fait se fera,
Et il n’y a rien de nouveau sous le soleil !
Qu’il y ait quelque chose dont on dise : « Tiens, voilà du nouveau », ce fut dans les siècles qui ont précédés. Il n’y a pas de souvenir d’autrefois, et même pour ceux des Temps futurs : il n’y aura d’eux aucun souvenir auprès de ceux qui les suivront » (La Bible de Jérusalem –Desclee de Brouwer, Paris 1975, Qo 1,9 à 11-). Ainsi, tout ce que l’Humanité croit découvrir, à chaque période de son histoire, n’est rien d’autre qu’une redécouverte de ce qui fut trouvé autrefois et dont on avait oublié les traces. Dans ses théories de la métempsychose, Platon le montre aussi, mais sur le plan des savoirs et des souvenirs de chaque âme humaine incarnée. Dans cette perspective, selon Platon, savoir n’est rien d’autre que se ressouvenir de tout ce que chaque âme a connu avant son incarnation dans un corps. Le sens de toute recherche se comprend donc de cette manière : toute investigation en science présuppose quelque chose qu’on voudrait savoir. En ce sens aussi, l’âme humaine est capable, si elle est bien conduite, comme Socrate l’a fait par rapport à l’esclave de Menon, qui a résolu un problème complexe de géométrie (comment doubler la surface d’un carré donné ? « C’est sur la diagonale du carré que le carré est construit »), de retrouver la chaîne totale des Idées pré-empiriques qu’elle a connues avant sa chute dans un corps.
C’est ce que reconnaît aussi Laurent Schwartz à propos de certaines redécouvertes de savoirs bien établis par les philosophes ou les penseurs de l’antiquité. Ainsi, bien avant l’avènement de notre temps et l’explosion de ses technologies, les Grecs anciens et les Romains savaient déjà prédire les éclipses et les marées. Les Egyptiens, puis les Babyloniens connaissaient déjà, grâce à leurs calculs et/ou déductions mathématiques, bien avant notre ère dont on s’émerveille tant sottement, le mouvement des astres. Nos découvertes modernes ne sont rien d’autres que des redécouvertes, dès lors que les Anciens maîtrisaient tout aussi bien l’art des mathématiques et que les astres n’ont point changé fondamentalement de mouvements, de trajectoires, d’ellipses etc. En ce sens, la révolution scientifique a toujours été le fait de singularités humaines qui, par déductions et/ou intuitions rationnelles et mathématiques, parviennent à découvrir des lois immuables de la nature ; ou ce que notre raison conçoit comme telles. C’était vrai hier, comme aujourd’hui. Certes, les instruments technologiques d’inspection des cieux proches et lointains et autres engins mobiles autour et au-delà de notre terre élargissent et affinent notre vision de ces phénomènes dans la construction du vrai. Nonobstant ce, c’est toujours à l’intelligence humaine, à la finesse de son interprétation et/ou déduction qu’il faut recourir en dernier ressort pour parvenir à cette fin. En ce sens, la révolution en Science n’est pas nécessairement le fruit de la découverte et de l’usage de nouvelles technologies, mais bien le génie du cerveau humain qui invente une nouvelle vision du monde, une nouvelle lecture et/ou interprétation des phénomènes.
Donc, savoir fondamentalement, c’est se ressouvenir de ce qui est, de ce qui a été découvert, mais oublié par des générations d’hommes en raison de facteurs multiples. Tel est le sens des remarques suivantes de Laurent Schwartz : « La révolution copernicienne précède la découverte du télescope. Les instruments dont disposait Copernic étaient pourtant moins précis que ceux de l’astronome alexandrin Ptolémée. Mais, plutôt que des mesures incertaines, Copernic utilisa les banques de données de l’époque : le mouvement des astres depuis l’Antiquité babylonienne était colligé dans des manuscrits. Fascinés que nous sommes par la technologie moderne, nous oublions aujourd’hui le prodige de ces astronomes : les Babyloniens avaient calculé, sans télescope, sans aucun ordinateur, la longueur de l’année avec une erreur de moins de 0,001% » (p.167). Toutefois, ces découvertes étaient aussi le fruit du travail ou du cerveau de singularités. Ainsi, L. Schwartz remarque que Lavoisier a imposé son nom dans l’histoire des sciences grâce à sa fameuse formule : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Même s’il a changé la formulation, il n’est pas, pour autant, le premier a inventé cette évidence après coup. En effet, le philosophe grec Anaxagore de Clazomènes au Ve siècle av. J-C, l’avait énoncée presque dans les mêmes termes : « Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau ». Lavoisier lui a emprunté sa formule en omettant de citer sa source comme l’exige l’honnêteté intellectuelle.
L’origine du progrès de l’esprit humain a été bien perçue par Descartes dans son Discours de la méthode. Dans la seconde partie de cet ouvrage, Descartes soutient que, pour édifier un ouvrage beau et solide, il importe de se fonder sur des principes originaux, clairs et évidents, plutôt que de se référer à des ouvrages composés de plusieurs pièces ou édifiés par plusieurs mains. A ce titre, il prend l’exemple d’une ville dont les bâtiments tracés par un seul architecte sont plus « beaux et mieux ordonnés ». En outre, il peut en faire les contours pour vérifier leur solidité. Il sait comment ils construits et il en a une idée claire et précise. Cette thèse cartésienne permet de faire une remarque de bon sens : à travers la longue histoire de l’humanité, ce n’est jamais le peuple, dans son ensemble, qui pense. Le peuple ne pense pas ; il ne sait pas penser mais opiner. En revanche, il donne naissance à des singularités qui pensent pour lui et l’éclairent en permanence. D’où la boutade de Laurent Schwartz : « Je crois plus aux rats de bibliothèque qu’au projet « Manhattan » de la science » (p.124).
A tire d’exemple : on sait que la France est connue dans le monde entier en raison notamment de sa Révolution de 1789. Mais, il y a eu aux Etats-Unis une première Révolte apparentée à une Révolution (les treize colonies d’Amérique du Nord ont fait cession de la Grande Bretagne le 4 juillet 1776 pour former les Etats-Unis d’Amérique), mais qui n’a pas eu autant d’échos que celle de la France. La raison en est simple : ce sont les élites françaises, les philosophes des Lumières, comme Rousseau (certes, ce dernier est d’origine genevoise, mais il a édifié l’essentiel de sa pensée en France), Diderot, Montesquieu, d’Alembert, D’Helvétius, Condorcet, Olympe de Gouges, Saint-Just, Condillac etc., qui ont fait connaître ce pays au-delà de ses frontières. Leurs idées de la défense des libertés individuelles, du respect d’autrui, de l’avènement d’un nouvel Etat, comme la République bien plus que d’un gouvernement fondé sur la démocratie à laquelle aucun d’entre eux ne croyait, de l’égalité des individus en droit ont beaucoup séduit et inspiré le monde en lutte pour l’indépendance, entre autres motifs. Elles ont milité pour instituer des lois qui étaient censées protéger tous les citoyens et dont la finalité était l’abolition de l’Ancien régime, voire subsidiairement de l’esclavage. Même si ces idées étaient utopistes, et inabouties dans les faits, elles ont, néanmoins, largement nourri toutes les formes de résistance aux pouvoirs institués comme en Amérique du Sud et Centrale et ailleurs dans le monde. Elles ont inspiré le désir de démocratie, de liberté, d’égalité etc. Or, pendant que les pouvoirs royaux ont malmené un grand nombre de ces philosophes, le peuple était totalement indifférent par rapport à leur sort.
Ainsi, les singularités sont à l’origine de tout progrès humain ; et même de tout progrès des sciences. Gregor Mendel partageait son temps entre la prière et son travail dans la botanique. Par ses analyses des couleurs et des formes des pois, il pose les fondements de la génétique moderne ; et ceci dans l’indifférence totale de ses contemporains. Même le fameux Darwin, auquel il communiqua ses travaux, n’avait même pas pris la peine de les ouvrir, à plus forte raison de les lire. L’anglais Harvey, au XVIIe, avant Descartes, qui travaillait sur les données biologiques, a trouvé seul le sens de la circulation du sang en posant un garrot ; du cœur vers les tissus, puis mouvement inverse vers le cœur ; une découverte que les docteurs de la Sorbonne, sans doute sous le poids de leur paradigme, la théologie dominante, ont mis soixante ans pour admettre la réalité et le fondement véridique. Tel est aussi le sens de la réflexion de Laurent Schwartz : « Le changement de paradigme, et donc le risque, fait peur. Mais le risque fait partie de la vie et ne justifie en rien la paralysie » (p.146).
A travers l’histoire de l’humanité, on voit bien que les grandes inventions, qui lui ont fait connaître des progrès spectaculaires, sont le fait des singularités. Elles ont œuvré en solitaires pour imposer, par leur évidence et leur vérité, de nouveaux champs de vision. Ce faisant, elles ont fait voler en éclats le paradigme de leurs temps. Tel est le cas de Newton en 1666 : alors qu’il était étendu dans son jardin, du moins selon la légende, la chute d’une pomme sur la tête lui fit émerger de l’esprit l’idée de génie de la gravité, responsable de la chute de cette pomme tout autant que des phénomènes qui se passent dans les cieux. Par une même loi, il relie la terre aux cieux. C’est en ce sens qu’on peut comprendre les remarques suivantes de Laurent Schwartz : « Il est évident que l’académicien qui a passé sa vie à courber l’échine pour accéder aux sphères de la reconnaissance officielle ne fait pas un bon candidat à l’imagination. L’évadé idéal est un récidiviste. Il a déjà tenté de créer, mais son œuvre a été rejetée ou plus souvent ignorée. Notre candidat est donc à la fois créatif et dans la douleur. Car, à son génie, la société répond par le silence » (p.165).
Ainsi en est-il de la découverte des philosophes astronomes grecs de Milet. En effet, dès le VIe av. J-C, ils avaient déjà compris que le centre du système est le soleil et non pas la terre. Pourtant, pendant des millénaires, leur système héliocentrique sera méconnu ou marginalisé ; bien qu’il ait été quelquefois cité par des philosophes comme Cicéron, voire par l’empereur Julien l’Apostat et même des moines du Moyen-âge, selon Schwartz. Dès lors, on peut dire que l’originalité de Copernic a consisté à compiler tous ces travaux, ces idées, ces découvertes etc., pour constituer un tableau unique vérifiable et cohérent. Donc, contrairement au paradigme scientifique de notre temps, ce ne sont pas forcément les expériences qui conduisent à des découvertes extraordinaires dans n’importe quel domaine des sciences appliquées. Aussi, pour trouver leur théorie, ni Copernic, ni Einstein n’ont fait d’expériences selon le modèle contemporain, qui en fait un dogme dans ces sciences. De même, dans le cadre des recherches en cancérologie, puisqu’on sait peu de choses sur cette pathologie multifactorielle, les découvreurs de génie doivent s’éloigner de tout, y compris d’Internet. L’espoir, selon Laurent Schwartz, réside dans la perspective d’un changement de paradigme en vue de « découvrir le tableau dans son unicité ». En d’autres termes, les chercheurs en cancérologie, comme Laurent Schwartz, ne doivent plus être uniquement prisonniers des « expérimentations scientifiques encourageantes ». Ils doivent s’élever à un niveau de regard synoptique pour comprendre l’ensemble des données existantes, génératrices potentielles d’idées neuves et révolutionnaires dans la perspective de nouvelles découvertes décisives.
Finalement, le monde contemporain, qui ronronne dans ses certitudes, qui s’aveugle sur des prouesses technologiques et qui voue un culte à son paradigme scientifique, par exemple le modèle standard en physique, doit être transgressé par des volontés individuelles, ce que Nietzsche appelle « la Volonté de puissance ». C’est la condition de la création de nouveaux mondes, par-delà les dogmes de la science, qui est en jeu. Cependant, cette volonté de transgression entraîne de graves conséquences : le prix à payer est lourd, tragique, destructeur même pour les audacieux, les conquérants de demain, d’un monde qui chante. Laurent Schwartz cite le cas de l’un de ses collègues, Bernard Junod, qui trouvait abusif le dépistage systématique du cancer du sein chez les femmes et qui conduit souvent à des « traitements lourds et inutiles » et sans conséquence heureuse sur la santé de celles-ci. Sa hiérarchie lui intima illico l’ordre de « quitter l’Ecole nationale de santé publique de Rennes et on l’a poussé à la retraite de façon prématurée » (p.57). L’auteur de cet ouvrage, Cancer-Guérir tous les malades- ? connut le même genre de punition pour ses audaces. C’est en ce sens qu’il écrit : « A mon retour de Harvard, encore jeune, je publiai, en 1998, un essai, Métastases, où j’étais le premier cancérologue, à discuter de la défaite de la guerre contre le cancer… Le lendemain, j’étais convoqué par la direction de l’hôpital Saint-Louis de Paris pour me signifier une interdiction professionnelle… Quinze ans plus tard, il n’y avait aucune faute dans ce livre, sauf, peut-être, celle de l’avoir écrit » (p.152).
D’où sa colère légitime, qui termine son ouvrage, contre ce monde aveugle, le nôtre, qui se complaît dans le mensonge et l’hypocrisie institutionnels et, de surcroît, tout à fait prisonnier d’une vision surannée du monde : « Alors, oui, j’en veux aux laboratoires, j’en veux à cette médecine aux ordres, sans imagination et sans résultats, qui pontifie volontiers mais ne crée plus rien. Cette médecine qui s’acharne à fabriquer des molécules complexes dont l’efficacité s’avère presque systématiquement douteuse – simplement parce qu’elle est engoncée dans sa routine et dans des hypothèses de départ qui se sont révélées le plus souvent erronées » (p.182). En somme, nous vivons dans un monde où triomphent « la lie de l’Humanité », comme nous nous sommes accoutumés à qualifier le niveau le plus bas de l’intelligence humaine dans certains de nos travaux ; et des « adorateurs du Gros Animal », selon l’heureuse expression de Platon (La République). Il s’agit, en l’occurrence, du monde des opinions vulgaires et des préjugés de toutes natures qui structurent, dominent la mentalité de la majorité des hommes en ce monde. Ceci est, sans conteste, le véritable frein à toute forme de progrès de l’Humanité. Ils ont la haine de la culture savante, soleil intérieur de notre intelligence rationnelle, en cultivant la misologie, c’est-à-dire la haine de la raison.

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2 réflexions sur “Du refus de la vérité sur le cancer dans les milieux spécialisés et du poids du paradigme scientifique : la thèse du Docteur Laurent Schwartz, cancérologue, comme dévoilement et controverse scientifique et thérapeutique

  1. leeloo32 dit :

    Cet article montre tout à fait certains excès des scientifiques, qui, persuadés d’être en mesure de devenir des Maîtres possesseurs de la nature (se conférer aux propos de Dagognet dans son œuvre Sciences Humaines), dépassent souvent les limites de ce qui pourrait, sous certains aspects, se nommer notion d’éthique. Nous pouvons voir ce fait rien qu’en lisant ce passage fortement révélateur : « ce n’est plus la qualité d’un travail de recherches sur lequel on passe beaucoup de jours et de nuits d’investigations, de déductions logiques comme les philosophes qui trouvaient ainsi les lois de la nature sans expérimentations aucunes ; ce qui importe, c’est donc la quantité en raison aussi de pressions objectives » ou encore « des titres honorifiques, mais des têtes creuses ». Il semblerait que certains individus, qui se disent scientifiques, négligent volontairement leurs patients, considérés presque comme des rats de laboratoire. Des scandales de ce type sont souvent récurrents. Quand pourrons-nous, enfin, espérer un monde un peu plus sain, sans business répugnant, sans corruption, sans argent sale, qui pourrait fonctionner par le travail honnête et les recherches des Hommes, avec, comme qualités suprêmes, la qualité du travail et le perfectionnement ? Un peu trop utopiste, à mon avis mais il faudrait tout de même y remédier. L’espèce humaine semble également trop orgueilleuse : « par exemple le modèle standard en physique, doit être transgressé par des volontés individuelles, ce que Nietzsche appelle « la Volonté de puissance ». C’est la condition de la création de nouveaux mondes, par-delà les dogmes de la science, qui est en jeu. Cependant, cette volonté de transgression entraîne de graves conséquences : le prix à payer est lourd, tragique, destructeur même pour les audacieux, les conquérants de demain, d’un monde qui chante. » Néanmoins, il serait temps que tout individu accepte ses limites d’intelligibilité. Il serait aussi temps de cesser de prendre de haut ce monde autour de nous, et cesser de le défier avec mépris. Selon mon point de vue, il est toutefois légitime de rechercher des réponses à nos origines ou encore de tenter de percer ce monde mystérieux qui nous entoure pour accéder à une forme de vérité…En revanche, avec le respect et la dignité de son prochain, ce serait beaucoup plus noble et réellement acceptable.

  2. pierrebamony dit :

    Merci pour cet article et cette réflexion intéressante sur la base du livre de Laurent Schwartz.
    Une cure préventive annuelle…a été initiée par un chercheur de renom, dont L. Schwartz parle peut-être, à savoir Dr André Gernez qui a corrigé le dogme erroné de la division cellulaire fin années 40 je crois et auquel on doit la théorisation des cellules souches.
    Gernez a mis au point un protocole de prévention du cancer qui, certes, demande un effort pour sa mise en œuvre, mais qui protège jusqu’à 93% de l’apparition d’un cancer. Il est à renouveler tous les ans pendant un mois, et ne s’attaque qu’aux 10 à 1000 cellules cancéreuses, avant que ces dernières ne forment un amas. Par ailleurs, il semble qu’il ait dégagé un facteur commun de survenue des maladies dégénératives dont cancers, parkinson, alzheimer, etc., à travers la question de l’hormone de croissance. Un document de la chaine Arte reprend la question de l’hormone de croissance sous une approche complètement distincte et indépendante. Le film présenté de nouveau par Arte il y a peu est visible sur you tube et s’intitule « secrets de longévité ».
    Les différents gouvernements de la France ont été informés de ses découvertes depuis des décennies jusqu’à tout dernièrement le gouvernement Hollande, mais rien ne bouge.
    Le Dr Jean Pierre Willem parle de lui dans son ouvrage « ces peuples sans cancers » au milieu d’autres approches préventives. André Gernez est décédé l’année dernière à l’âge de 93 ans.
    Voilà quelques idées que m’inspire ton article sur le livre de Schwartz. Par ailleurs, les constats concernant la recherche scientifique sont attristants..

    i.bouraux@wanadoo.fr

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