EVANGILE DE PAUL ET INCULTURATION

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JÉSUS, L’UNIVERSEL

RÉMY DOUSSET

PREMIÈRE PARTIE : EVANGILE DE PAUL ETINCULTURATION

MÉMOIRE PRÉSENTÉ À LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE DE LYON

EN VUE DE LA MAÎTRISE EN THÉOLOGIE

PAR RÉMY DOUSSET

EVANGILE DE PAUL ET INCULTURATION

DIRECTEUR DU MÉMOIRE ROBERT BEAUVERY

 JUIN 1991

CORRIGÉ ULTÉRIEUREMENT PAR PIERRE BAMONY

INTRODUCTION

 » Ceci est le fruit de plus d’un demi-siècle de réflexions.

Il ne s’agit pas de faire un récit de mes expériences personnelles : peut-être plus précises que beaucoup d’autres, elles n’ont quand même rien d’exceptionnel et s’inscrivent dans un ensemble d’expériences similaires faites par de très nombreux chrétiens de France et d’ailleurs.

J’en donne ici, en introduction, un bref aperçu, que je serai, amené à développer plus loin.

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« Dieu pour quoi, pour qui ? »

Par Paul Gravillon, ancien journaliste du « Progrès de Lyon, écrivain, poète

Intervention au « Pavillon des causeurs », juin 1999

 Dieu ou dieu anthropomorphe ?

     A la question beaucoup plus classique, même si elle est un peu trop directe, « Qui est Dieu ? », vous avez préféré la question, à mon avis plus logique, « Dieu pour quoi, pour qui ? ». Elle est plus précise et, en même temps, plus modeste. Car, en fait, la première n’est pas une vraie question, du moins c’est une question seulement pour le croyant, et encore, même dans ce cas, ce n’est pas vraiment une question : cela devient une « interrogation », c’est-à-dire une question « adressée » à Dieu. Car il faut déjà croire en Dieu pour lui demander : « Qui es-tu ? » Lui seul peut répondre. Comme je ne suis pas Dieu, je vous remercie de ne pas l’avoir posée. La seconde nous convient beaucoup mieux, c’est une question d’homme à homme, nous pouvons nous interroger les uns les autres sur le « pour quoi » et le « pour qui ».

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Pourquoi une morale ? – l’Anthropos a-t-il vraiment besoin de morale ?-

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Introduction

Dans l’énoncé même de la question, il y a une polémique qui peut se comprendre au moins de trois manières, selon qu’elle renvoie à l’analyse empirique d’un fait (pourquoi y a-t-il des morales ? ), à la perspective d’une justification en droit (qu’est-ce qui peut fonder une morale ? Et pourquoi celle-ci plutôt que telle autre ?), ou encore à une forme de dérision sceptique, voire nihiliste (une morale, pour quoi faire ? A quoi bon ?). Dans le premier cas, la question appelle une analyse explicative et non normative, pour laquelle peu importent la différence des contenus des diverses morales humaines ou la hiérarchisation de leurs valeurs. Suivant cette optique, il s’agit simplement de rendre compte de leur apparition en traitant les morales comme des manifestations humaines qu’il s’agit d’interroger, de facto, dans leur spécificité et dans leur articulation par rapport à d’autres manifestations culturelles. Dès lors, l’intitulé s’inscrit dans une problématique plus générale (pourquoi une morale ? Pourquoi une organisation sociale, politique, juridique ?) qui renvoie aux difficultés relatives à la sociabilité humaine, et convoque des analyses non seulement philosophiques, mais aussi ethnologiques, sociologiques, anthropologiques, etc. On peut alors examiner la question suivant trois modalités principales : quelle origine pour la morale (droit naturel, convention, culte, rites) ? Quelle fonction (assurer la possibilité d’une vie en commun par la régulation des passions humaines et des tendances agressives) ? Quelle finalité (parvenir, par exemple, à une concorde universelle) ?
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De la tolérance à la vertu affirmative du respect d’autrui en Philosophie

Introduction : Une inversion des valeurs ?

   Le Philosophe mathématicien et logicien, Ludwig Josef Wittgenstein, dans son ouvrage, Tractatus logico-philosophicus, affirme que « La philosophie a pour but de rendre claires et de délimiter rigoureusement les pensées qui autrement, pour ainsi dire, sont troubles et floues » (Tel Gallimard, Paris 2001). En partant de ce principe, commençons par préciser le sens des concepts en jeu dans cette analyse. D’abord, selon Le Dictionnaire de la langue française d’Emile Littré, le terme « tolérance » dérive du latin « tolerare » signifiant supporter. De ce mot dérive « tolerantia », signifiant l’endurance, la patience, la résignation. Dès lors, et de façon ordinaire, on entend par tolérance l’action de supporter ou de ne pas interdire ce que l’on désapprouve chez autrui. En d’autres termes, on admet chez autrui une manière d’être ou de penser différente de la sienne. On peut aller même jusqu’à admettre la singularité de la liberté d’autrui. Or, par essence et par définition, toute liberté humaine est différente. Il ne peut en être autrement puisque chacun de nous un prototype génétique de l’Humanité, une unicité différente de tout autre, une singularité irréductible à aucune autre ; donc une manière authentique de s’approprier le sens de la liberté, de vivre sa liberté.
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Deuxième Partie. De la sublime beauté du silence : le choix du silence comme facteur de transfiguration heureuse de soi-même

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Se libérer de la ville pour aller contempler la beauté des cieux profonds

Introduction

     Nous avons montré précédemment les paradoxes de la solitude, à la fois comme phénomène psychologique et social, c’est-à-dire comme l’essence de l’être humain. Il est vrai qu’il y a une nuance entre la solitude et l’isolement et nous l’avons aussi déjà indiqué. À l’instar de l’ermite – nous y reviendrons longuement ci-dessous – l’isolement peut être considéré comme physique ou géographique. Car l’impression d’isolement est compatible avec la proximité physique. À titre d’exemple, un étranger découvrant pour la première fois une ville où il n’était jamais allé auparavant éprouve le sentiment lié au dépaysement, qui se traduit par une solitude intérieure ; et ceci malgré la forte densité de la population proche, état de la promiscuité. Cet étranger est isolé du reste des êtres humains, qu’il voit et qu’il se contente de côtoyer. Il y a comme un mur entre lui et ceux-ci. C’est ce que Laurent Mauvignier a bien montré dans son roman Dans la foule (Edit. de Minuit, Paris 2006). Dans un entretien au « Les Cahiers Forell-Formes et représentations en linguistique et littérature- », il revient sur le fait que nous ne pouvons point échapper à notre solitude, même dans une foule compacte. C’est en ce sens qu’il écrit : « Il se trouve que le cas particulier s’oppose à la multiplication des points de vue, à la masse, ou alors il faut faire de la foule, du nombre, une entité à part entière, et donc lui soustraire sa nature même, qui est d’être multiple et indiscernable. C’est donc une limite et un enjeu très fort, d’autant que le monde est de plus en plus le résultat de mouvements de masse… une masse, une foule, ce n’est jamais que 1 + 1 + 1 des milliers de fois, même si les statistiques, les chiffres, l’effet d’ensemble nous donnent à croire qu’il s’agit d’une nuée, d’un corps mobile en action, qui prendrait lui-même ses décisions, qu’il serait libre – et, de fait, souvent nous avons cette impression, par la puissance de la foule – , alors qu’à l’intérieur, si l’on change de focale, on ne voit que de petites unités humaines, notre unité de base. C’est donc ça qu’il faut regarder ».
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