UNE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE EN CLASSE TERMINALE

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PROBLÉMATIQUE : La Philosophie a-t-elle un sens aujourd’hui ?

Brève introduction : les deux enjeux de la Philosophie

     Le mot « Philosophie », comme on le sait, a au moins deux significations fondamentales. En son premier sens, c’est-à-dire la « sagesse », on peut dire que la Philosophie est aussi ancienne que l’humanité elle-même. Il faut entendre par là que depuis la prime jeunesse de l’homme, les communautés humaines ont eu, chacune, sa vision du monde, sa conception de la vie, ses idées et même sa croyance sur la place de l’Homme dans le Cosmos (l’Univers considéré comme un système bien ordonné). Selon ce premier sens, on peut dire qu’il n’y a point de peuples, donc de cultures ou de civilisations qui n’aient une Philosophie spécifique.

     Mais, dans un autre sens, la Philosophie est une réflexion critique sur tous les problèmes, tous les sujets qui concernent l’Homme ; et sur les solutions qui leur ont été apportées. Cette critique porte également sur l’esprit lui-même qui a conçu ces solutions. En ce second sens, la Philosophie a une origine beaucoup plus récente : environ trois mille ans. Elle implique une prise de conscience des problèmes, et à ce titre, elle est loin d’être un mouvement spontané de l’esprit. Bien au contraire, elle exige une préparation, une culture qui est l’objet même de l’enseignement philosophique.

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« Dieu pour quoi, pour qui ? »

Par Paul Gravillon, ancien journaliste du « Progrès de Lyon, écrivain, poète

Intervention au « Pavillon des causeurs », juin 1999

 Dieu ou dieu anthropomorphe ?

     A la question beaucoup plus classique, même si elle est un peu trop directe, « Qui est Dieu ? », vous avez préféré la question, à mon avis plus logique, « Dieu pour quoi, pour qui ? ». Elle est plus précise et, en même temps, plus modeste. Car, en fait, la première n’est pas une vraie question, du moins c’est une question seulement pour le croyant, et encore, même dans ce cas, ce n’est pas vraiment une question : cela devient une « interrogation », c’est-à-dire une question « adressée » à Dieu. Car il faut déjà croire en Dieu pour lui demander : « Qui es-tu ? » Lui seul peut répondre. Comme je ne suis pas Dieu, je vous remercie de ne pas l’avoir posée. La seconde nous convient beaucoup mieux, c’est une question d’homme à homme, nous pouvons nous interroger les uns les autres sur le « pour quoi » et le « pour qui ».

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L’art du penser autrement dans la Philosophie des Profondeurs. Court dialogue d’un esprit humain avec un « Eon »

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Une figuration de la Philosophie des profondeurs ?

Brève introduction à la Philosophie des profondeurs

 

Il est tout à fait possible de parvenir, avec l’esprit et la raison universels de la Philosophie, à une autre dimension de cette science première et ultime qu’on peut appeler la Philosophie des profondeurs. Celle-ci se gausse d’une quelconque spécialité scientifique, laquelle est très souvent signe de connaissances techniques inclinant à la répétition d’une nomenclature propre à une science. Mais, qu’est-ce donc que la « Philosophie des profondeurs » ? Celle-ci, en tant qu’opération de l’intelligence rationnelle ou activité du penser permet d’accéder au trésor de la pensée synonyme de l’intellection pour créer des dimensions de réalités nouvelles qui rendent possible l’élévation ou le progrès de l’esprit humain. La pensée est un état, synonyme du trésor des connaissances savantes et communes qui sont perpétuellement répétées par l’enseignement ou par l’écriture de livres et de thèses sur ces savoirs figés. A l’inverse, le penser est une activité continue ouvrant des horizons toujours nouveaux à la création de nouveaux savoirs et de sciences novatrices par l’efficience des concepts qu’elle découvre. Le penser est un facteur de progrès continu en tant qu’il est dynamique, contrairement à la pensée qui est une statique susceptible de nous enfermer dans la répétition du même.

 Les extraits de livre proposés ci-dessous s’inscrivent dans le cadre du penser qui n’a de cesse d’interroger les phénomènes pour aller découvrir le fond des choses au-delà de leur apparaître et de la manière dont leur connaissance est instituée par la pensée.

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De la tolérance à la vertu affirmative du respect d’autrui en Philosophie

Introduction : Une inversion des valeurs ?

   Le Philosophe mathématicien et logicien, Ludwig Josef Wittgenstein, dans son ouvrage, Tractatus logico-philosophicus, affirme que « La philosophie a pour but de rendre claires et de délimiter rigoureusement les pensées qui autrement, pour ainsi dire, sont troubles et floues » (Tel Gallimard, Paris 2001). En partant de ce principe, commençons par préciser le sens des concepts en jeu dans cette analyse. D’abord, selon Le Dictionnaire de la langue française d’Emile Littré, le terme « tolérance » dérive du latin « tolerare » signifiant supporter. De ce mot dérive « tolerantia », signifiant l’endurance, la patience, la résignation. Dès lors, et de façon ordinaire, on entend par tolérance l’action de supporter ou de ne pas interdire ce que l’on désapprouve chez autrui. En d’autres termes, on admet chez autrui une manière d’être ou de penser différente de la sienne. On peut aller même jusqu’à admettre la singularité de la liberté d’autrui. Or, par essence et par définition, toute liberté humaine est différente. Il ne peut en être autrement puisque chacun de nous un prototype génétique de l’Humanité, une unicité différente de tout autre, une singularité irréductible à aucune autre ; donc une manière authentique de s’approprier le sens de la liberté, de vivre sa liberté.
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De l’expérience de trois années de maturation en Prépa Littéraire Première partie

De l’expérience de trois années de maturation en Prépa Littéraire : Première partie.

De Pauline Khalifa.

I/ Annonce de ton ironique

De nombreux stéréotypes entretenus par des inconnus ou par d’anciens élèves de ce milieu relativement fermé, cultivant un certain mythe social, nous invitent à réfléchir à nouveau aux expériences vécues par les étudiants de Prépa littéraire (A/L). Entre l’exigence intellectuelle des concours de la BEL, comme l’ENS de Lyon ou d’Ulm, demeurant la Tour de Babel d’un symbole de « réussite sociale », et la rigidité personnelle que certains étudiants s’imposent par souci de bien-faire et de perfectionnisme, la Prépa semble mettre en exergue une image anxiogène de son parcours. Si nous nous amusons un instant à énumérer de manière ludique toutes les croyances relatives au Prépa – et la liste n’est pas exhaustive, nous aurions : milieux élitistes, pédanterie gratuite, compétition, dépression et sentiments de culpabilité durant l’inactivité, perte de vie sociale, solitude… Lire la suite