Sciences et Philosophie

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Par Frédéric Baldit, Professeur de mathématiques

I- QU’EST-CE QUE PHILOSOPHER ?

1-La philo au quotidien

De façon inconsciente ou non, lorsque nous agissons, nous le faisons toujours en fonction de nos opinions, de nos jugements, de nos connaissances tirés de toutes nos formes d’expériences.

Ces idées proviennent toujours d’une infinité de rapports, de relations, d’expériences accumulées au cours de notre vie.

Progressivement se mettent en place des conceptions générales de la réalité qui guident nos comportements pratiques. En ce sens, personne n’échappe à la philosophie. (Cf Monsieur JOURDAIN).

Alors les philosophies, élaborées, savantes, donnant des systèmes explicatifs du monde seraient-elles les Sciences de la Totalité ? (Science des Sciences comme elles l’ont longtemps soutenu dans l’histoire de la pensée occidentale.)

2-Comment procède la Philosophie ? Images, concepts, Un exemple célèbre emprunté à DESCARTES : Le concept de cire

Un morceau de cire se définit par:

1- Des images (couleur, grosseur, forme,…etc). Mais ces images disparaissent si on chauffe le morceau de cire…

2-Le concept de cire

Définition en extension : matière qui constitue les rayons de telles et telles ruches que l’on peut trouver à tels et tels endroits.

Définition en compréhension : matière qui a telles propriétés.

3- Essence de la cire : abstraction scientifique (par ex -mélange d’alcools, d’esters, d’acides)

4- Catégorie : matière

Le passage de 1 à 4 est de plus en plus général et abstrait

(Un autre exemple : concept d’atome, de masse, de force, de chaleur, d’énergie…)

A partir de ces concepts élaborés, la philosophie construit (ou tente de construire) des systèmes explicatifs du monde.

A priori, la démarche philosophique semble assez analogue à celles des sciences :

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2- catégories, systèmes

L’expérience quotidienne nous fournit des images des choses. L’image est donc le point de départ de la réalité, de toute connaissance. Mais l’image concrète ne définit pas l’essentiel de la chose, son essence. Il faut alors élaborer un concept c.a.d. quelque chose qui définit la classe d’appartenance d’un objet en EXTENSION et en COMPREHENSION.

ILLUSTRATION

 

Sciences Philosophie
Les faits Les images
Epuration des faits Concepts
Reconstruction des faits Essences
Expérimentations Catégories
Hypothèses
Explications-Preuves-Validations
Lois
Théories Système

On voit qu’il y a quelques cases manquantes du côté de la démarche philosophique, notamment au niveau de l’expérimentation et de la preuve.

3 -L’épreuve du temps

Première différence

L’histoire de la (les) philosophie(s) montre une succession de systèmes….chaque système portant le nom de son auteur, par exemple, le cartésianisme.

Un système philosophique ne peut jamais proposer un tableau d’ensemble du monde sans inclure au moins partiellement de l’arbitraire -d’autres système sont possibles-.

En ce sens, chaque système connaît des limites à la manière de l’esprit humain, qui ne peut tout savoir ; et il est complété ou dépassé par des connaissances nouvelles.(ex : Aristotélisme, Cartésianisme ; Spinozisme ; Hegelianisme…). Dans les théories des sciences de la     matière, comme la Physique ou la biologie, on a affaire à un processus de dépassement de ce genre : physique classique, physique quantique, relativité restreinte, relativité générale, théorie des cordes, des supercordes etc. Cependant, il n’y a pas de remise totale des théories, mais correction/dépassement.

En effet, l’histoire des Sciences est tout autre. On assiste plutôt à une longue marche. Chaque théorie nouvelle élargit l’ancienne, sans la détruire. (Les théories anciennes restant valables dans leur propre contexte historique, dans leur propre champ).

Par exemple, la théorie d’EINSTEIN n’a pas fait écrouler la mécanique classique, (même si elle a provoqué une crise), mais elle l’a élargie.

N.B .On parle bien aussi de physique Galiléenne, Newtonienne, Einsteinienne, de chimie Lavoisiérenne, de biologie Darwinienne, comme à ce qui se passe en Philo.

En revanche, les Sciences, au cours de leur développement, se trouvent parfois en crise et alors elles interpellent la philosophie. (Les sciences posent alors -elles mêmes -des questions philosophiques-). Néanmoins, ces crises, au sein des sciences, sont en fait et toujours des crises de croissance.

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Deuxième différence

Lors du développement des sciences, des théories s’affrontent, des hypothèses s’effondrent. Cependant, en définitive, la validation expérimentale a toujours le dernier mot et la théorie la plus féconde l’emporte…jusqu’au moment où elle se révélera elle même insuffisante. (cf théories actuellement en concurrence au sujet du Big-bang   Univers en expansion continuelle ou univers pulsant).

Il en va tout autrement dans le développement de la philosophie… et cela quelle que soit l’époque que l’on considère-donc quels que soient les outils théoriques dont les philosophes disposent-. On constate qu’a l’intérieur même de la philosophie, deux courants s’opposent toujours : l’IDEALISME et le MATERIALISME, qu’on retrouve, en matière de théorie, dans les sciences.

De quoi s’agit-il en première approximation ? Il s’agit de deux positions logiquement concevables en face d’un problème (insoluble ?)

Selon les idéalistes, les idées, l’esprit, les grands hommes…gouvernent le monde. Au fond de l’idéalisme, il y a toujours, sous-entendu, l’idée que le monde et son évolution obéissent à un projet, à une idée. (Téléonomie). L’esprit est ainsi premier par rapport à la matière.

Pour les matérialistes, au contraire, la matière, les choses, sont premières par rapport aux idées. La matière est une REALITE EXTERIEURE existant indépendamment de l’esprit qui l’analyse.

II- LES PHILOSOPHIES INFLUENCENT-ELLES LES SCIENCES ?

En tout homme existe un philosophe qui sommeille. Qu’un scientifique soit ou non imprégné (consciemment ou non) de philosophie idéaliste ou matérialiste ou des deux à la fois de façon confuse, après tout est-ce vraiment important dans le cadre de son activité ?

Quelques exemples le feront mieux comprendre

Premier exemple (Emprunté à la vie courante) : le langage.

Pour un idéaliste (-ayant ou non étudié cette philosophie élaborée-), parler ou écrire sembler être ORIGINAIREMENT la manifestation du langage intérieur, l’expression de la pensée individuelle. L’individu apparaît (-y compris pour lui même-) comme une source autonome de ses valeurs, de sa critique. Autrement dit, l’origine, le point de départ de ma pensée, de mon langage, c’est MOI…Ou bien encore : si je dis ou si j’écris des choses intéressantes, voire géniales, c’est parce que je suis quelqu’un de bien, ou peut-être même génial…en tout cas c’est MA production individuelle.

Ici, langage et pensée sont étroitement liées, le langage étant plus que le support de la pensée, il est lui même Pensée. Pour un matérialiste, le langage vient à l’enfant du DEHORS. (Un enfant sourd de naissance reste muet, sauf exception.)

Lorsque l’individu commence à prendre conscience de soi, il trouve déjà largement développé en lui même le résultat intériorisé de ses rapports/relations avec le monde extérieur….RESULTAT qui ne porte pas de trace visible…longue appropriation psychique du monde qui a transformé le petit d’homme en personnalité développée.

Une fois ce langage acquis, les choses apparaissent à l’envers et le langage peut paraître provenir d’une source interne. Pour le matérialiste, le langage, comme la conscience, n’est pas une chose mais un RAPPORT avec ce qui nous entoure.

Autrement dit, si ce que je dis ou écris est intéressant (ou génial), cela signifie que mon rapport avec l’extérieur a été extrêmement riche, fécond : mon histoire individuelle (gènes compris) aura été telle qu’aujourd’hui je peux produire telle ou telle oeuvre (peut-être géniale).

Deuxième exemple (emprunté à la Biologie) : l ‘évolution

Lorsque deux Naturalistes LAMARCK et DARWIN étudient et cherchent à comprendre l’évolution des espèces, chacun d’eux va être amené à formuler une hypothèse.

Que ces deux savants aient ou non étudié la philosophie élaborée…ils sont, qu’ils le veuillent ou non imprégnés de philosophie !

Quelle est la question ? Comment comprendre l’évolution de l’espèce des « Girafes » (par ex ) ? Peut-on donner une explication au grand cou actuel des girafes ? (La population « girafe » n’a, en effet, pas toujours eu un aussi long cou)

Supposons qu’à une certaine époque les girafes viennent à manquer de nourriture au sol et à hauteur de tête pour différentes raisons. Quelle hypothèse formuler quant à l’évolution de la population « girafe » ?

Selon LAMARCK : les girafes vont, peu à peu, étirer leur cou, et évoluer ainsi jusqu’au moment où elles pourront atteindre la nourriture située beaucoup plus haut dans les arbres. Elles pourront ainsi survivre. Ce caractère acquis (par la seule habitude, la seule volonté) se transmet aux descendants (Hypothèse influencée par l’idéalisme).On voit en effet derrière cette idée de TRANSFORMISME, l’idée d’un projet, d’une intention d’adaptation.

Pour DARWIN : dans la population des girafes à petit cou, certains individus (anormaux par rapport à la majorité) possèdent un grand cou. On parlerait aujourd’hui de mutants génétiques. Seules ces girafes au grand cou pourront trouver de la nourriture en quantité suffisante, et seules elles pourront survivre…ou du moins elles auront un avantage certain dans la quête de nourriture, par exemple, en cas de pénurie au sol, elles et leurs descendants.

Petit à petit, la population « girafe à petit cou » disparaîtra au profit de celle au grand cou. Dans cette hypothèse, il n’y a pas de projet ou d’intention. Les girafes au grand cou sont le produit/rapport entre une population et des circonstances extérieures. Ce « produit » aurait pu être différent si les mutations avaient été différentes et/ou l’environnement différent. Hypothèse influencée par le matérialisme.

Reste à valider l’une ou l’autre de ces hypothèses ou bien à les infirmer toutes les deux. Les connaissances actuelles -génétiques, paléontologie…-font plutôt pencher la balance en faveur de l’hypothèse de Darwin (même si elle n’explique pas tout).

D’une part, celle-ci est plus explicative, elle peut être une clé de la logique de l’évolution (elle permet d’entrevoir l’évolution des systèmes vivants…de la cellule aux espèces plus complexes…et une évolution multiple, en branche, sans projet, par le jeu des mutations successives et de la sélection « naturelle » du moment.

D’autre part, elle est lourde de conséquences : Pour l’illustrer, considérons notre terre actuelle avec son cortège d’inquiétudes écologiques fondées ou non (percée de la couche d’ozone protectrice des U.V., destruction de la forêt amazonienne, radioactivité…etc). Face à ces questions, beaucoup tiennent encore le raisonnement de Lamarck c.a.d. « l’Homme s’adaptera ». Si ces dangers sont réels, l’espèce humaine ne s’adaptera pas…peut-être a-t-elle des possibilités de résistance encore ignorées, lui permettant de survivre dans un environnement différent, mais en tout cas elle ne s’adaptera pas. Il y aura, peut être, parmi ses descendants, des mutants mieux adaptés que nous au nouvel environnement. Ce sont ceux-là, dans ces conditions spécifiques, qui survivront, mais il en sera fini de l’espèce humaine actuelle.

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Certes, une mutation favorable dans un contexte donné peut devenir défavorable dans un autre. Attention au jugement hâtif : « ce sont les mieux adaptés-les meilleurs qui survivent, qui dominent »

Autre illustration : l’émergence de l’Homme.

Il existe environ 2 millions d’espèces différentes peuplant la terre actuelle. Il y a peut-être encore plus d’espèces qui ont vécu sur notre terre et qui ont aujourd’hui disparu….et pourtant, toutes ces espèces proviennent d’un ancêtre commun -comparable aux bactéries actuelles- apparu il y a quelque 3 milliards d’années (on estime l’âge de la terre à 4,6 milliards d’années.)

La vie a donc fait son apparition relativement rapidement sur terre. L’homme n’est apparu qu’à la fin du Tertiaire. Durant cette ère, les mammifères se sont développés. On peut faire l’hypothèse que, s’ils se sont développés, c’est parce que les terrifiants dinosaures, tyranosaures et autres tryceratops, qui dominaient la planète avaient disparu….Cette disparition n’est pas encore totalement élucidée. On suppose que ces êtres fabuleux ont été décimés à la suite d’une collision entre la terre et une énorme météorite, collision si importante qu’elle aurait pu provoquer l’apparition d’un nuage de poussière occultant la lumière solaire, empêchant ainsi tout réchauffement de ces géants  » à sang froid  » (indice géologique confirmant cette hypothèse : la couche noirâtre que l’ on peut trouver dans de nombreuses couches géologiques, en de multiples lieux géographiques datant de 65 millions d’années, comportant un fort % d’iridium…% conforme à ce que l’on peut trouver dans certaines météorites)

-Les plus anciens primates connus à ce jour datent de la fin du crétacé-70millions d’années- On leur a donné le nom de Purgatorius (du nom de la colline du purgatoire dans le Montana où ils furent découverts).Ils n’étaient guère plus gros qu’un rat et se nourrissaient probablement de fruits et d’insectes)

-Dans l’ordre des primates, l’homme se situe dans la famille des hominidés, famille voisine des pongidés (gorille, chimpanzés, …).Il semblerait que ces deux familles se soient détachées l’une de l’autre il y a 20 millions d’années.

-Il y a 17 millions d’années, l’Afrique entre en contact avec l’Eurasie et va permettre le passage de beaucoup d’animaux et de primates de l’Afrique à l’Eurasie

-Aux alentours de 8 millions d’années, l’est africain se soulève (Vallée du Rift). Avec ce soulèvement, on assiste à un changement de climat de cette partie de l’Afrique. On passe de la forêt grasse et humide à la steppe.(L’étude des bois fossiles le confirme). Parmi les descendants orientaux des primates, certains ont la faculté de se dresser sur leurs pattes arrière de façon permanente (ce qui leur confère un avantage-vision plus lointaine, adaptation pour la défense, course améliorée). Ces descendants bipèdes sont omnivores, autre avantage. On les appelle les Australopithèques. C’est avec eux que notre rameau se détache.

-L’étude de nos origines commence toujours par l’Australopithèque car avec lui surgit l’aventure des êtres capables de fabriquer des outils. Cet ancêtre de l’homme est incontestablement bipède « permanent ». Cette bipédie a du même coup entièrement libéré la main, qui devient libre pour accomplir d’autres tâches… On dit que l’homme est intelligent parce qu’il a une main, en réalité c’est parce qu’il marche sur ses deux pieds.

-« …il semble bien démontré que le départ de l’évolution humaine n’a pas été pris par le cerveau mais par les pieds et que les qualités supérieures n’ont pu émerger que dans la mesure où longtemps avant elles le terrain pour leur émergence s’est trouvé constitué » (Leroi-Gourhan : Le geste et la parole Albin-Michel)

-« La valeur humaine du geste n’est donc pas dans la main, dont la condition suffisante est qu’elle soit libre pendant la marche, mais précisément dans la marche verticale et dans ses conséquences paléontologiques sur le développement de l’appareil cérébral. »(Leroi-Gourhan : Le geste et la parole     Albin-Michel)

En résumé : deux circonstances exceptionnelles, la disparition des grands reptiles 70 M années-la faille de l’Est africain 8M années, ont opéré une sélection adaptative qui a abouti aux Australopithèques, puis par transformations graduelles à Homo habilis, erectus , sapiens Néanderthalis, sapiens sapiens.

III- QUE PEUVENT ATTENDRE LES SCIENTIFIQUES DE LA PHILOSOPHIE ?

Ce dont les scientifiques n’ont plus besoin, c’est d’une philosophie qui, comme autrefois, c’est-à-dire jusqu’au XIX è siècle, voudrait régir les sciences et qui établit à leur place un tableau d’ensemble du savoir.

Toute science est conduite par ses besoins et son mouvement propres à se représenter le monde d’une manière déterminée…La biologie tente de représenter la logique de l’évolution, l’astronomie celle de la cosmogénèse…pour cela, nul besoin de philosophie qui prétendrait dicter les résultats ou juger à titre d’instance supérieure.

Mais, dans la mesure où le scientifique cherche une généralisation théorique, il opère avec des concepts de plus en plus généraux, qui débordent le champ de sa discipline (exemple : Concepts de matière, structure, mouvement, espace, hasard, nécessité…) -et il ne peut y échapper !- il s’expose ainsi à des confusions extraordinaires, s’il tient l’étude de la philosophie pour inutile.

Ce que les scientifiques attendent de la philosophie ? Non pas qu’elle construise des systèmes, mais qu’elle intervienne dans les problèmes soulevés pour élucidation. Le but de la philosophie matérialiste serait alors une clarification logique de la pensée. En effet, les sciences portent sur les choses, alors que la philosophie porte sur le RAPPORT entre les choses et la pensée.

Le résultat d’une telle intervention serait non pas de nouvelles propositions philosophiques, mais le fait que des propositions s’éclaircissent.

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Un exemple historique

Aux environs de 1900, la physique est en crise (de croissance):

    -1892 : découverte de l’électron, véritable brèche dans la conception de l’atome indivisible, indestructible, doué de masse.

        -1895 : découverte des rayons X par ROENTGEN.

        -1898 : découverte du Radium par Marie CURIE.

          -1896 : découverte de la radioactivité par BECQUEREL.

La théorie électromagnétique ébranle la mécanique, la théorie des quanta de Max PLANCK, puis la relativité d’EINSTEIN achèvent de ruiner l’idée de valeur universelle de la mécanique. Cette crise de croissance va bientôt devenir une crise de confiance. H.POINCARE, par exemple, déclare -à la suite de la découverte de l’électron-« La matière s’évanouit ». Si la matière s’évanouissait, disparaissait, TOUT ce que l’on avait comme certitudes s’écroulait et avec elles TOUTE la physique et sa prétention de vouloir connaître le REEL.

De nombreux philosophes idéalistes se sont engouffrés dans cette brèche pour dénier aux sciences toute aptitude à analyser le réel. Le réel restant mystérieux et inaccessible à l’entendement humain. Même certains physiciens …et pas des moindres, comme MACH, AVENARIUS, leur emboîtèrent le pas. Ce problème de l’évanescence de la matière n’est pas encore résolu en Physique.

Quelle réponse attendre alors de la philosophie matérialiste ? L’ancien concept scientifique de matière doit être repensé et enrichi d’aspects nouveaux. Ces nouveautés étant elles-mêmes matière au sens philosophique du mot , dans la mesure où elles existent objectivement en dehors de notre esprit.(Bien distinguer matière au sens scientifique et au sens philosophique-Les concepts scientifiques de matière désignent des connaissances, relatives à l’état historique des sciences. Le sens de la catégorie philosophique de matière ne peut changer puisqu’il ne porte sur aucun objet de sciences).

Par exemple, rien n’est changé dans le fait que la matière est ce qui est extérieur à notre esprit.

Cette affirmation ne se démontre pas au laboratoire, mais elle a des effets théoriques…conception ouverte de la matérialité où des formes nouvelles, inédites de matière, incompatibles avec ses anciennes représentations mécaniques et corpusculaires, peuvent se concevoir.

L’unique propriété de la matière (catégorie philosophique) est d’être une réalité objective c.a.d. une réalité extérieure à l’esprit qui l’analyse.

Cette façon de concevoir la matière l’a emporté peu à peu.

Le seul critère de validation pour la philosophie est la CONCORDANCE FECONDE sur une grande période.

Mais on ne peut jamais déduire de la philosophie un savoir matériel quelconque (hormis la culture savante et l’ouverture de l’esprit à l’universel).On ne peut démontrer l’existence de quoi que ce soit par un raisonnement …même si des idéalistes fervents le pensent. L’existence se constate. La philosophie ne porte pas sur les choses elles-mêmes, mais sur la façon dont on doit s’y prendre pour les étudier, pour penser.

IV- POUR CONCLURE

« Hâtons nous de rendre la philosophie populaire » (DIDEROT).

L’histoire des sciences montre que c’est la philosophie matérialiste qui les a toujours le mieux servi. Au contraire, chaque fois que les sciences accouchaient d’une idée vraiment novatrice, elles ont du lutter contre les idées dominantes (elles mêmes dominées par l’idéalisme) -cf : Galilée, Newton, Pasteur, Darwin, ….Certains, parmi ces novateurs, ont même du lutter parfois au péril de leur vie

Ce que les scientifiques peuvent attendre d’une philosophie matérialiste, c’est une intervention « à façon« , au coup par coup, pour ELUCIDATION de certaines catégories philosophiques.

L’essence ultime de la pratique de la philosophie est donc une intervention dans le domaine théorique, en sciences, le progrès de l’esprit, si l’on consent à suivre le dur chemin de développement de l’intelligence corticale.

N.B.– La philosophie n’a pas toujours existé. On fait remonter ses origines à Pythagore. Mais, c’est surtout avec PLATON que la philosophie a réellement commencé, en rapport avec les mathématiques grecques. Elle est relayée plus tard (XVII è siècle) par DESCARTES, en rapport avec la physique Galiléenne naissante, puis par KANT (XVIII è siècle), en rapport avec les découvertes Newtoniennes…Les grandes révolutions scientifiques provoquent toujours des remaniements importants à l’intérieur de la philosophie qui peut alors devenir un laboratoire théorique où sont élaborées les catégories nouvelles requises par les concepts nouveaux. Par exemple, le cartésianisme a accouché de la nouvelle catégorie de causalité, nécessaire à la physique Galiléenne -qui butait sur la cause aristotélicienne, comme un obstacle épistémologique-. En effet, toute science est recherche des causes. Admettre qu’une chose puisse exister sans cause, c’est renoncer par avance à l’expliquer. C’est renoncer à la science. Causes=comment + pourquoi. La science classique s’est constituée au 17ème -18ème siècle en rupture avec une interprétation aristotélicienne et médiévale, ce qui impliquait un rejet des causes finales -le pouquoi- et une conception mécaniste de la nature…le développement actuel des sciences fait apparaître que la causalité mécanique n’est pas la seule façon de déterminer les phénomènes.

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