« Cet ensemble complexe de relations interindividuelles, dans une cour lyel, s’organise autour d’interdits (susulu). Certains d’entre eux débordent le cadre précis de la vie d’une enceinte familiale car ils concernent tous les membres d’un même Kwala et ils sont redoutés par tous en raison de la sanction qu’entraîne leur infraction ; ce qui met toujours en danger la vie des hommes.
Avant d’en analyser quelques-uns, voyons la situation particulière de la femme par rapport à ces susulu. En fait, les Lyéla pensent que la femme n’a pas de susulu au même titre que l’homme. En effet, selon Joseph Bado de Sienkou et les anciens de Goundi dont les dires s’accordent sur ce point, « dans les paroles de n’importe quel kwala, il n’y a pas de traces d’interdits concernant la femme. Ceci résulte de la nature même de celle-ci. En effet, les susulu du Kwala peuvent ôter la vie à un membre masculin du clan tout en préservant celle de la femme par laquelle une faute a été commise. Quand un homme couche avec une femme d’un membre de son Kwala, on ne demande pas de compte à la femme mais à l’homme ». Ainsi, comme elle n’a presque pas de susulu, on croit que le poison ne tue pas facilement une femme.
La raison nous a été donnée par les écrits de Joseph Bado de Sienkou et il est vrai que, dans la pratique quotidienne, les choses se passent ainsi : chez les Lyéla, l’homme ne doit pas toucher à la nourriture avant la femme. Dès qu’elle dépose le plat devant un homme, elle s’empresse de le goûter en trempant une petite portion de galettes de mil dans la sauce. Le fait que la femme aurait dans sa nature quelque faculté qui annihilerait l’effet du poison serait un don accordé par Dieu à la gente féminine. C’est ce qui aurait institué la coutume qui recommande à la femme de goûter en premier lieu le plat au cas où l’on pourrait avoir mis quelque poison dans la nourriture pour tuer l’homme[1]. Nous verrons, dans la dernière partie de cette étude, qu’en raison de cette situation singulière de la femme, celle-ci est utilisée par la structure invisible de la réalité des Lyéla pour extraire, de la communauté des vivants, quelques individus de la famille qui sont objets de tentations mortifères ou de jalousie. C’est en ce sens que, dans les pratiques relatives à l’empoisonnement par la nourriture, la femme serait mieux placée pour atteindre une victime. Dans un tel cas de figure, elle va feindre seulement de goûter à la nourriture empoisonnée. Et la victime serait ainsi prise au piège qu’on aurait tendu pour capturer son âme.
Mieux, lorsque la femme touche une théurgie destinée à empoisonner ou à tuer, en période de menstrues, son effet nuisible s’éteint. Car la puissance neutralisée sous forme de jinn, pour nuire ou pour protéger l’âme de quelqu’un, se retirerait de la coquille qui le contiendrait. On dit qu’il n’aimerait pas l’impureté comme les menstrues ou même le contact de quelqu’un après l’amour. En ce sens, selon Yombouè Vincent Négalo, « les hommes d’autrefois témoignaient beaucoup d’estime et de respect à l’égard de leurs épouses. Quand ils allaient à l’étranger en compagnie de leurs femmes, elles étaient chargées de goûter à la nourriture qu’on offrait à leur époux. En outre, si un homme possède une théurgie (fétiche) et que la femme sait comment il agit, elle ne tarde pas à détruire son efficience à l’insu de son mari. C’est en ce sens que l’homme ne peut révéler éventuellement son efficience secrète qu’à sa mère seule. Car les parents font figure de déités pour leur progéniture. Si la mère peut souffrir avec son fils, son épouse peut le déstabiliser, voire négliger sa souffrance en vertu de ses propres intérêts. C’est pourquoi, l’homme cherche toujours à cacher ses théurgies à sa femme afin qu’elle n’y ait pas accès et qu’elle ne soit pas tentée éventuellement de détruire leur efficience ».
Même si des interdits concernent également la femme et qu’elle doit respecter les règles de conduite éthiques d’une cour, en raison de sa situation d’étrangère tant par rapport à son Kwala d’origine qu’à celui de son époux, le caractère suprême de certaines sanctions ne la touche que rarement. Parmi les interdits de la cour et du Kwala, nous retiendrons les suivants : il est interdit de prendre, dans la cour, une poule[2] pour aller la vendre ou pour la tuer en vue de sa consommation personnelle, sans aviser les anciens, chef de cour ou aînés investis de quelque responsabilité, et sans avoir obtenu leur autorisation expresse. L’infraction à cette règle majeure dans une cour peut générer des histoires compliquées, voire mettre en péril la vie de l’auteur de la violation de l’interdit en question.
Il est interdit de mettre le pied sur la natte d’une femme de l’un de ses frères à l’intérieur de la cour, voire sur celle de toute femme mariée à un membre d’un même clan. Un tel geste implique qu’on la désire. Même la simple intention dévoilée sous forme de geste est une culpabilité.
Il est même interdit, quand elle est assise, les jambes allongées devant soi, de passer par-dessus celles-ci. Quand une femme de clan entreprend de séduire un membre de celui-ci, par exemple un jeune célibataire, celui-ci doit prendre conscience, sans tarder, qu’elle en veut à sa vie. Dans ce cas, il importe d’aviser sa mère qui saurait mieux le mettre en garde contre elle, et le dissuader du piège qu’elle lui tendrait.
Il est interdit d’aller flâner du côté où les femmes des frères de la cour ou du clan ont l’habitude de se laver. En ce lieu, on risquerait de voir leur nudité et d’être tenté par l’attrait du corps de l’une ou de l’autre.
Il est interdit de donner une tape affectueuse[3] dans le dos de la femme d’un frère de la cour, voire du clan, de s’isoler dans un endroit obscur avec elle. Cette situation pourrait susciter des soupçons préjudiciables.
En cas de vol d’un animal ou de poule dans la cour, à l’insu des anciens, on risque une lourde amende pour réparer le dommage causé dans l’ordre des choses. Si l’on s’y refuse, on court le risque de perdre sa propre vie. L’amende est la suivante : un bœuf, deux moutons, un coq, une poule, un poulet.
Toute punition consiste à payer une amende qui vise à réparer un dommage causé dans l’ordre et l’harmonie des événements ou des faits sociaux ; autrement, à éviter ce qui nuirait à la cohésion de la communauté. Mais on ne punit pas un être humain en l’emprisonnant, fait inconcevable d’un point de vue traditionnel. Toute punition n’est rien d’autre qu’un exemple qui vise à dissuader d’autres individus de commettre les mêmes fautes.
Dans cette société, on tolère un certain type d’inceste : le fait, par exemple, de coucher avec sa sœur, sa demi-sœur ou sa sœur de clan. Un tel acte relève simplement du blâme. Le coupable est couvert de honte et ridiculisé. Tout au plus, il ne mérite aucun respect. En revanche, coucher avec une femme du même Kwala ou clan, même avec sa mère – ce qui revient au même puisqu’elle est, avant tout, une épouse du clan – est une infraction qui appelle une sanction suprême : la mort du coupable. En effet, quelles que soient les cérémonies effectuées pour laver la tache causée sur l’autel du Kwala, on est comme condamné à mort. Mais cette sanction suprême varie quelque peu selon la loi des clans. Dans certains Kwala, comme celui des Bamouni de Réo, si le fautif est lui-même sorcier à l’instar des gardiens des traditions ou du Kwala, il s’arrange avec eux pour supprimer la vie de l’époux de la femme avec laquelle il a commis l’adultère afin de prolonger ainsi la sienne. Mais, tôt ou tard, le coupable lui-même mourra car son existence apparaîtrait comme une entorse faite aux Nia (Paroles des anciens ou testaments oraux) dont le caractère est intangible et les effets inévitables sont accompagnés de diverses sanctions. Pire, on pense que sa vie pourrait encourager quelques autres velléités.
Cependant, si le mari de la femme coupable est lui-même sorcier, il supprime la vie du fautif par l’intermédiaire des puissances nocturnes. Dans d’autres Kwala, les deux hommes, en l’occurrence le coupable et le mari de la femme adultère perdent la vie, même s’ils sont tous les deux sorciers. C’est le cas chez les Négalo de Batondo. Il advient exceptionnellement que la femme soit elle-même victime : sa mort, en accord avec les gardiens de son Kwala d’origine, accompagne celle des deux frères de clan impliqués dans l’affaire. Enfin, dans quelques autres Kwala, seul le coupable perd la vie, à la seule condition que le mari de la femme adultère ne retourne pas dans le lit de celle-ci. Il est même autorisé à trouver une solution adéquate pour la délaisser ou la contraindre à partir ; ce peut être l’absolue négligence de sa personne, voire l’hostilité complice des membres de la cour qu’elle habite.
La cérémonie qui consiste à laver la tache faite sur l’autel du Kwala comprend les animaux suivants : un chien ou un bœuf selon les Kwala. Les deux frères de clan impliqués dans cette relation sexuelle interdite, c’est-à-dire le coupable et le mari de la femme adultère, sont astreints à s’acquitter de ces animaux. Toutefois, les Lyéla reconnaissent que malgré cette cérémonie de réparation du mal causé par un tel acte, il y a de fortes chances de perdre la vie. Dans cette occurrence, il y a une double manducation qui met en jeu les deux structures visibles et invisibles : la cérémonie du jour rassemble les membres du kwala pour partager le repas propitiatoire ; celle de la nuit doit faire respecter la parole des Pères fondateurs, par l’annihilation de l’âme des coupables, l’incorporation à l’autel du Kwala de leur substance vitale ingérée par les sorciers gardiens des traditions.
Toutefois, il y a un relatif salut dans cette situation : pour mettre provisoirement sa vie à l’abri, le coupable se sauve dès que sa faute est ébruitée. Il marque ainsi sa rupture définitive avec son Kwala. Il va se réfugier ainsi dans un pays où il est assuré de ne point rencontrer quelque frère de clan ou quelque membre de son dwi. Car il s’agit bien d’une loi qui scelle définitivement le sort du coupable d’un adultère.
En revanche, si l’on couche avec la fiancée d’un frère de la même cour ou du même clan, avec laquelle il n’avait pas encore eu de rapport sexuel, ce dernier renonce à l’épouser. Elle devient la femme du coupable puisque personne d’autre, parmi les membres de son clan, ne peut désormais l’épouser. Mais cette situation n’entraîne aucune conséquence pour eux ; ce qui ne serait pas le cas s’ils avaient connu la même fille qui deviendrait une femme de leur Kwala.
Pour atténuer ce caractère austère des relations entre les hommes et les femmes d’une même cour, d’un même Kwala, et aussi pour détendre l’atmosphère générale des rapports interindividuels, les Lyéla – comme beaucoup d’autres sociétés de l’Ouest africain – ont institué les relations dites à plaisanterie. Ainsi, selon Blaise Bayili, les plaisanteries sont autorisées entre les catégories suivantes d’individus :
« – Les individus de générations alternées (petits-fils/grands-parents).
– Les frères cadets et les sœurs cadettes d’Ego avec l’épouse de Ego.
– Les conjoints des frères et des sœurs aînés de Ego avec l’épouse de Ego.
– Entre Ego féminin et les maris de ses sœurs aînées. Peuvent plaisanter unilatéralement :
– La femme du frère de Ego avec Ego si celle-ci est plus jeune que Ego. Il en va de même de la femme du frère de la mère de Ego. Ces deux catégories de femmes constituent des épouses possibles pour Ego » [1998 : 132].
Ce schéma général des relations dites de plaisanterie montre que celles-ci sont codées. Ainsi en est-il de la femme d’un cadet qui ne peut plaisanter avec un frère aîné de celui-ci en raison de la possibilité du mariage. Dans une telle relation interindividuelle, il s’agit du respect que l’une doit témoigner à l’autre, voire une sorte de désir de protection qui confine à l’évitement. Dès lors, le point commun, dans ces rapports interindividuels dits de plaisanterie, hormis les partenaires du premier groupe, réside dans la possibilité du mariage. Ainsi, une jeune fille peut plaisanter jusqu’à l’obscénité, dans certains cas, avec le mari de sa sœur aînée : elle est une épouse possible qui autorise un libertinage verbal et qui peut porter même sur des propos d’ordre sexuel entre les deux. En revanche, dès lors qu’elles lui sont interdites, un homme ne peut plaisanter avec les sœurs du mari de sa sœur utérine. Cette attitude confine plutôt à un respect mutuel entre eux.
En fait, ces relations dites de plaisanterie apparaissent comme un exutoire dans le cas d’amour possible, mais interdit par la communauté, et pour éviter les formes d’agressivité entre les individus. Elles tâchent de suppléer aux conflits latents. Elles conviennent bien à l’esprit des Lyéla puisqu’elles permettent de nier les formes possibles de hiérarchie. L’individu trouve en elles une expression de liberté de parole tant dans sa cour, son Kwala, son village, que dans d’autres villages avec lesquels le sien entretient des relations dites de plaisanterie. A titre d’exemple, les Négalo de Batondo plaisantent avec les Nébié de Bavila ou de Bandéo Naponé qui, par ailleurs, sont également des unités exogamiques : les Nébié épousent les filles du Kwala Négalo et vice-versa. C’est aussi une manière pour l’individu de se sentir libre par rapport à quelques contraintes au niveau des formes d’autorité. C’est en ce sens que nous partageons les remarques suivantes de Blaise Bayili : « la relation à plaisanterie se veut être un exutoire socio-politique par où sont réalisés les désirs interdits mais pensables au niveau de la parenté et une sorte de soupape (qui libère les agressivités contenues, sans danger) au service des rapports politiques entre groupes ou villages. La relation à plaisanterie occupe donc une place importante dans l’équilibre de la société lyél. Elle se présente de ce fait comme un complément nécessaire à l’organisation socio-politique et religieuse de la parenté » [1998 : 133-134] (p.p.89-97).
Extraits de :
Pierre Bamony : Des pouvoirs réels du sorcier africain-Forces surnaturelles et autorités socio-politiques chez les Lyéla du Burkina Faso (Paris, L’Harmattan, coll. « Etudes africaines », 2009, 452 p. Paris septembre 2009)
Quatrième de couverture
L’esprit du monde contemporain, qui fait de la croyance aux phénomènes matériels son seul credo, est devenu une nouvelle religion, une espèce de confession dont l’irrationalité dépasse, du moins, égale l’obscurantisme des temps anciens. Cette foi dans la machinerie matérielle, reconnu comme le critère de toute rationalité, oublie que la conception rationnelle des choses n’est pas capable, dans l’absolu, de nier l’esprit. Mais son combat contre cette dimension de l’homme confine, de nos jours, à une inclination sentimentale, pseudo-scientifique même qui exerce une suprématie souveraine sur les intelligences les plus faibles en les entraînant dans toutes les formes d’adhésion.
Mais, a-t-on fini de découvrir les secrets enfermés dans les méandres de l’âme humaine ? Et si la véritable explication de l’opacité de la matière gisait dans la complexion de l’homme lui-même ? Comprendre comment fonctionne l’énergie qui compose la structure de la matière et de l’esprit, sous une autre modalité que les seules ratiocinations matérialistes, n’est-ce pas faire un pas en direction d’une intelligence différente de notre mystérieuse nature, par-delà les préjugés dangereux des savoirs positifs et les a priori des cultures ? Tels sont quelques enjeux que ces investigations anthropologiques s’emploient à dévoiler chez les Lyéla du Burkina Faso en montrant une autre perception des phénomènes.
Ceux-ci sont un ensemble de clans considérés comme l’une des populations autochtones de ce pays sahélien enclavé de l’Afrique de l’Ouest. Ce peuple, sans véritable puissance militaire, ni pouvoir politique central, a su, malgré sa faiblesse (dépourvu d’armées), son dénuement matériel, résister pendant des siècles à tous les peuples envahisseurs locaux ou étrangers. Qu’est-ce qui explique une telle énergie de défense de soi dans le temps ? Mes recherches prouvent qu’une telle force résulte de leur forme d’organisation sociale fondée sur le développement des pouvoirs psychiques.
Selon leur conception de la réalité humaine, les frontières qui séparent les règnes de la nature (matière/esprit) sont souples et peuvent être franchies par des moyens « surnaturels ». L’inorganique est vivant parce que tout est Pan-vie. Les fluides de la parole, alliés à la puissance psychique, deviennent un tissu de significations inépuisables. L’objet de la puissance est, dans ce contexte socioculturel, l’action par laquelle un sujet humain est capable d’user des pouvoirs de son esprit, en soi incommensurables, pour transformer une force physique en une puissance invisible ; en somme, pour accéder aux métamorphoses de la désintégration de l’union de l’âme et du corps. L’on peut ainsi dénouer les rets de l’existence par l’appréhension de la dimension profonde de l’être humain qu’est l’énergie psychique ou âme, là même où se tiennent les secrets de la vie et de la mort de tout un chacun.
Pierre Bamony : Of the real powers of African sorcerers. Natural forces and sociopolitical authorities among the Lyela in Burkina Faso.
Backcover
The spirit of our contemporary world, whose only credo is the belief in material phenomena, has become a new religion, a kind of confession whose irrationality goes beyond, or at least equals the obscurantism of ancient times. This faith in material machinery, accepted as the criterion of all rationality, forgets that the rational conception of things is not able, in absolute terms, to disown the existence of the human spirit. But its fight against this dimension of man verges on a sentimental, even pseudo-scientific inclination that exerts a sovereign supremacy over the minds of the weakest by taking them towards all forms of support.
As a matter of fact, have we finished discovering the secrets shut up in the twists and turns of the human soul ? What if the genuine explanation of the opacity of matter lay in the constitution of man himself ? Understanding how the energy that makes up the structure of matter and spirit works, in a way that is different from mereley materialistic quibbling : isn’t this taking a step towards a different intelligence of our mysterious nature, beyond the dangerous prejudices of positive knowledge and cultural apriorism ? Such are some of the stakes that these anthropologic investigations aim at disclosing among the Lyela in Burkina Faso by showing another perception of phenomena.
They make up a group of clans regarded as one of the native populations of this hemmed-in Sahelian country. In spite of its weakness (deprived of armies), its material destitution, with no real military power, nor central political power, this people has been able to resist all sorts of invaders, whether local or foreign, for centuries. What can explain such a will to defend oneself throughout the ages ? My research proves that such a force results from their form of social organisation founded on the development of psychic powers.
According to their conception of human reality, the boundaries that separate the reigns of nature (matter/spirit) are flexible and can be bridged thanks to ‘supernatural’ powers. Inorganic matter is alive because everything is Pan-life. The mysterious powers of words, together with psychic power, become an endless network of meanings. In this sociocultural context, the object of power is the action through which a human subject is able to use the powers of his spirit, intrinsically immeasurable, to transform a physical strength into an invisible force ; in short, to attain the metamorphoses of the desintegration of the union of soul and body. It is thus possible to undo the snares of existence by the apprehension of the deep dimension of human beings, namely their psychic energy or soul, in the very place where the secrets of life and death lie for eveyone.
Traduction Odile Gouget
[1] Il s’agit davantage d’une croyance que d’un fait établi dans la nature biochimique. Car celle de la femme n’est en rien différente de la nature de l’homme. Est-ce une manière pour l’homme de se mettre à l’abri des tentatives d’empoisonnement dans la mesure où, le plus souvent, c’est lui qui est visé par la « jalousie tueuse » ?
[2] Notons qu’un tel interdit ne concerne pas la pintade. Dans le domaine de l’élevage, tout le monde est autorisé à posséder des pintades pour son usage personnel. La pintade n’est pas une volaille dont les Lyéla se servent traditionnellement dans les cultes religieux naturels ; elle n’y intervient qu’exceptionnellement. Dès lors, seul le chef d’une cour et les divers responsables masculins peuvent avoir un droit de propriété sur les poulets élevés soit par les jeunes gens, soit par les femmes.
[3] En fait, c’est tout contact physique qui est rigoureusement interdit entre les hommes et les femmes d’un même clan. Toute communication avec une femme du Kwala doit s’effectuer oralement et toujours à distance. C’est même une cause de soupçon de se rendre seul dans la maison d’une femme du clan en dehors de sa propre cour. Le seul contact admis est de l’ordre des sanctions : un frère de clan peut « corriger » une jeune femme de clan si elle a commis une faute grave et ostensible, non en lui portant la main sur le corps, mais en usant d’un flagelle.