Corps désirant, corps désiré, corps objet de plaisir supplicié par la religion chrétienne. Comment soigner les maux existentiels qui en résultent ?

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Grâce et splendeur d’un corps féminin

Introduction

     Si nous nous en tenons à la pensée du psychanalyste autrichien, disciple de Freud, en l’occurrence, Georg Groddeck, selon lequel nous n’avons pas à nous fonder sur le sentiment que nous avons de ce que nous appelons notre « moi » pour savoir qui nous sommes exactement. Car, dit-il « le Moi n’est absolument pas le Moi ; c’est une forme constamment changeante par laquelle se manifeste le ça et le sentiment du Moi est une ruse du ça pour désorienter l’être humain en ce qui concerne la connaissance de soi-même, lui faciliter les mensonges qu’il se fait à lui – même et faire de lui un instrument plus docile de la vie » (Le livre du ça, tel Gallimard, Paris 1973, p.299).

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De la sublime beauté du silence. Première Partie – Ce que le silence n’est pas : les paradoxes de la solitude, éternel masque de l’existence humaine

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Signe du  silence profond de la solitude existentielle ?

Introduction

     Chacun des êtres humains peut faire le constat suivant : il est évident qu’il naît seul, même dans le cas des vrais jumeaux ou des faux jumeaux. En effet, l’un émerge du sein maternel après l’autre, hormis les anomalies biologiques comme les triplés, les quadruplés, les quintuplés ou les sextuplés. Et tout au long de son existence, il vit seul, même dans l’expérience de l’amour. En celle-ci, le couple est présent à soi-même pendant les préliminaires marqués par les caresses mutuelles. Mais, comme nous le verrons dans les analyses faites à ce sujet par des hommes de lettres ou encore des philosophes, dans l’orgasme, chacun des conjoints ou des partenaires sexuels est, de fait, prisonnier de l’empire de son corps, de la plénitude et de l’intensité de celui-ci. C’est l’instant de l’éclipse du lien avec l’autre. Les prolongements du coït font durer cette éclipse. En ce sens, on peut définir la solitude comme l’état d’une personne qui est isolée psychologiquement ou physiquement. La solitude est l’éclipse des liens tangibles avec autrui.
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De l’impossibilité du bonheur humain et du « réalisme » philosophique

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Introduction 

   Le bonheur, de par sa définition étymologique même, est un leurre. En effet, si l’on s’attache à son étymologie, on s’aperçoit qu’il est lié au hasard, à la chance. Bonheur, sous cet angle, signifie « bon heur » du latin bonum augurum ou quelque chose qui annonce ou présage un événement favorable. Le bonheur, même si on consent à le définir comme un état de satisfaction suprême, qui dépasse le plaisir résultant de la simple possession des objets désirés, il est ce qui nous advient, ce qui nous échoit. Et quand bien même il est indépendant de mon désir, de ma volonté, il n’en demeure pas moins qu’il se présente comme une fin universelle. En effet, le bonheur est recherché par tout le monde car tous les hommes, sans exception, désirent être heureux. Mais peut-on jamais être heureux au regard des scories de la vie qui troublent continûment notre existence, notre sérénité ? En ce sens, tout indique, au fond, que c’est l’homme lui-même qui est inaccessible au bonheur. Certes, toute circonstance de la vie donnerait à chacun une chance de bonheur, à condition d’en être, hic et nunc, conscient et de savoir l’accueillir et le vivre pleinement.

    Une autre difficulté aporétique de cette notion réside dans le fait de lui donner un contenu spécifique. Car le bonheur, en fonction du mode d’être de chacun de nous, véhicule des représentations différentes, des choix divers et variés comme si chacun avait le sien et que les formes de bonheur des autres ne s’accorderaient pas avec le nôtre : son sens est relatif aux modes de vie et même aux préférences sexuelles. En outre, parfois, au moment précis où il nous est donné de connaître une figure de bonheur, nous n’en sommes pas nécessairement conscients et nous ne sommes capables de reconnaître notre bonheur qu’après coup. Mon bonheur, dans ce cas de figure, apparaît comme une idée fugace, parfois frivole, donc insaisissable. D’où une forme de frustration existentielle. Au fond, le bonheur figure parmi ces notions absurdes que l’espèce humaine a inventées pour s’infliger une souffrance métaphysique dès lors qu’il s’agit de quelque chose de réellement impossible comme le prouvent les propos acerbes de ces passages de l’un des livres de Martin Winckler.

I- Le désastre de la vie humaine et sa souffrance rédhibitoire

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     La vie à deux, le plus souvent, ce n’est pas une vie de couple, mais une vie de coups, une vie de cons. J’ai vu tant de couples mal assortis, à la fois haineux et complaisants, pour lesquels le seul enjeu était le pouvoir – imposer la couleur du canapé et le carrelage de la salle de bains, choisir le nom des enfants et la façon de les habille, refuser le plaisir au nom du devoir ; voler des plaisirs au nom de la liberté individuelle, rejeter le désir de l’autre pour justifier ses propres frustrations, le laisser baiser à droite et à gauche pour ensuite, avec magnanimité et compréhension, mieux l’enchaîner en lui pardonnant.

   Dans la mythologie commune, vivre en couple, se marier, avoir des enfants, c’est « créer la vraie famille dont on a rêvé et qu’on n’a jamais eue ». En réalité, c’est surtout reproduire la mauvaise famille dont on est issu, restaurer en plus caricatural la foutue famille sur laquelle on a craché jadis, donner un semblant de légitimité à une association équivoque, de circonstance ou de convenance.

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De l’économie réelle à la fiction financière : un organon de prise en otage des peuples de la Terre et de leur servitude volontaire à une minorité vorace, la « malintocratie »

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Submersion

Présentation

De l’empire d’un paradigme économique ou le mensonge universel d’une pseudoscience

     On insinue que notre monde humain contemporain est illuminé, éclairé par le progrès des sciences dans leur ensemble. Plus que les époques précédentes, plus que les brillantes civilisations d’antan, elle baigne dans les sciences à l’instar du poisson dans l’eau. Cependant, même si nous sommes aujourd’hui submergés par une masse de savoirs dans tous les domaines qu’il est donné à l’esprit humain de connaître, il n’en demeure pas moins que la majorité de nos contemporains n’ont accès qu’à des connaissances vulgaires véhiculées par des canaux (télévision, radio etc.,) incapables de transmettre aux gens des savoirs approfondis. Aussi, l’ignorance demeure toujours comme la chose la mieux partagée parmi les hommes.

   Même au niveau de l’univers des sciences véritables, on ne peut soutenir raisonnablement que les esprits soient éclairés par le rayonnement du monde intelligible. A tout le moins, si dans chaque champ des savoirs, la connaissance des phénomènes est infiniment approfondie, précisée, au point de conférer aux spécialistes de ces champs une certaine noblesse de la finesse de l’esprit humain, on ne peut dire que l’on fasse assurément preuve d’une vision synoptique des sciences. Autrement, on ne comprendrait point que les esprits éminents, à l’exception de quelques figures de la pensée contemporaine comme, par exemple, Noam Chomsky ou Jeremy Rifkin, n’entreprennent de remettre en cause l’état présent du monde humain après en avoir compris toute l’ampleur de la distorsion et la perversité immanente.

     Quiconque fait office de penseur devrait le savoir : notre monde humain contemporain a vendu son âme à l’emprise du mal, au sens métaphysique du terme, en s’imposant un mode de fonctionnement inique, un cours de son histoire tout entier engagé dans un processus de décadence rédhibitoire, fatal même. Mais il ne le sait pas, à l’instar des civilisations d’autrefois, détruites à leur insu, ou emportées par une vague déferlante dont elles étaient elles-mêmes les causes efficientes. Le mal de notre monde présent réside essentiellement en ceci : le renoncement des peuples, des pays à être souverains et du même coup, le transfert du pouvoir de se gouverner à une entité magique, en son essence mystérieuse ou creuse, absolument insignifiante, qu’on appelle communément l’Economie. On lui attribue tellement de facultés qu’elle a fini par accéder au statut de quasi divinité qui détient désormais le monopole de l’omnipotence et s’octroie le privilège de conduire leur destinée. C’est ainsi que les adorateurs de ce « Gros animal », pour emprunter cette expression à Platon (La République), prétendent que la marche du monde est ordonnée par l’idéologie de l’économie libérale. Dès lors, la minorité humaine (universitaires, entrepreneurs, industriels etc.) qui en tire largement profit au détriment de la majorité humaine s’acharne à défendre, à justifier, à imposer cette idéologie comme la norme, ou la conformité des choses à la nature.

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