Une expérience d’enquête anthropologique en milieu paysan de la Loire (France)

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Collégiale Notre-Dame d’Espérance de Montbrison

Rapport du stage de la Formation à la recherche en Afrique noire (Fran) à Roche en Forez (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris, fin avril-début mai 1981)

« L’impact de la religion chrétienne sur la vie de la population de Roche, de Saint-Bonnet le Courreau et de Sauvain »

   Le manque d’élaboration d’un projet précis de recherche sur le terrain, depuis Paris, a créé à tous les stagiaires quelques difficultés sur le choix d’un sujet. Certes, s’agit-il du projet même de la FRAN (Formation à la recherché en Afrique noire), à savoir justement ne pas avoir au préalable de projet de recherche ? Car, avant le stage, c’est-à-dire depuis l’arrêt de la date du depart de Paris, nous avions maintes fois insisté sur la nécessité de réfléchir sur un projet d’ensemble qui ferait déjà émerger des intérêts et/ou objets personnels d’enquête et, s’il y avait lieu, qui conduirait à des investigations bibliographiques. Cette idée n’a pas été retenue dans la mesure où il semble que, au cours des années precedents, une telle expérience avait déjà été tentée, mais elle n’avait pas, pour autant, donné lieu à des résultats spectaculaires.

   Il a fallu donc, le soir même de notre arrivée à Roche en Forez, voire le lendemain matin, que nous réfléchissions ensemble, c’est-à-dire l’ensemble des stagiaires, sur un projet d’étude. Toutefois, celui-ci n’a pas été trouvé ; tel est, du moins, notre sentiment à ce propos. Dès lors, des groupes se sont constitués pour réfléchir sur des aspects de la vie de la population qui nous avait accueilli. C’est ainsi que, au départ, nous étions deux à nous intéresser au problème religieux. Cependant, en cours d’élaboration de notre projet, un autre intérêt naquit qui préoccupa notre collègue : il s’agit de la vie politique de la population de Roche ou, plus exactement, des diverses influences qui la régissent, la dominent ou l’animent. C’est pourquoi, il nous a fallu mener seul ou, parfois avec notre collègue, des enquêtes sur ce que nous avons jugé digne d’intérêt personnel, en l’occurrence la place de la religion dans la vie de cette population.

     Comment avons-nous procédé ?

       Nous avons conduit trois types d’enquête : d’abord, auprès de trois curés : celui de Saint-Bonnet le Courreau, de Roche en Forez et de Chalmazel ; ensuite auprès d’un groupe de jeunes de Sauvain et de quelques adultes ; enfin, nous avons eu des contacts réguliers avec certains habitants de Roche en Forez dont deux dames qui enseignent le cathéchisme à l’école primaire publique du village. Nous nous sommes renseigné afin de savoir s’il était possible d’obtenir des documents sur l’évolution religieuse dans la region de Montbrison. Les curés, notamment, nous ont conseillé d’aller voir à la D.l.A.N.A. (?), une revue qui n’existerait plus, semble­t-il ; ou consulter des archives à la bibliothèque de la paroisse de Montbrison.

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La place de l’agriculture chez les Lyéla du Burkina Faso

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Présentation

      L’analyse de la vie agricole chez les Lyéla obéit à une double nécessité dans l’économie de ces recherches, entreprises depuis plus de vingt ans au milieu de cette population du Burkina Faso, pays sahélien de l’Afrique de l’Ouest. D’abord, même si nous n’ignorons pas que leurs modes culturaux et leur organisation du travail sont comparables, dans les grandes lignes, à ceux de leurs voisins immédiats du Burkina Faso en particulier, et du Sahel, en général, un tel examen s’avère incontournable pour comprendre des pans entiers de leur réalité sociale.

     Au niveau de l’agriculture – et nous nous en tiendrons seulement aux aspects qui intéressent notre hypothèse – la dimension apparente de la vie est nécessairement imbriquée dans la structure invisible. Le cultural prend son sens dans le cultuel. Les croyances inclinent chaque cultivateur à y puiser l’essence de sa dynamique dans le travail et la rentabilité elle-même de la production agricole y trouve sa justification. Ensuite, le travail de la terre vise, de façon sous-jacente, à tenter de nouer les liens de l’ensemble des membres, par-delà les générations, non d’un clan mais de plusieurs. L’organisation des équipes de travail répond à ce souci. Quelle que soit la catégorie de chacune d’elles (jeunes, adultes, femmes etc.), le but est le même : résorber les différences, atténuer les conflits interindividuels ou, comme autrefois, entre les villages et entre les clans, favoriser les facteurs indispensables de la vie communautaire.

   En outre, la répartition des produits de la terre entre les diverses composantes d’une cour oblige à une équité du chef de famille sans laquelle une concession est susceptible de basculer dans la rupture. En ce sens, l’agriculture apparaît comme la réalité fondamentale des liens sociaux, le cœur qui rythme les accords et les désaccords, la compénétration du visible et de l’invisible.

   C’est pourquoi, l’essentiel de nos analyses sur ce chapitre s’en tiendra aux enquêtes conduites sur le terrain lors de nos recherches successives, notamment initiales sur le terrain. Ce qui implique que nous laisserons de côté les modifications qui ont pu y intervenir, avec la collaboration dynamique des nombreuses O.N.G. occidentales qui opèrent, entre autres, dans cette zone du Burkina Faso.

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Frères de clan, frères paternels, frères maternels : la phratrie et les niveaux de fraternité chez les Lyéla du Burkina Faso

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Présentation

D’après la définition de l’”Encyclopédie Universalis”, la pratrie est un “terme qui désigne à l’origine des groupes de parenté (phrater : frère) rassemblant plusieurs familles (au sens large) dans le culte d’un ancêtre commun”, on trouve chez les Lyéla du Burkina faso un mot qui a un sens voisin, en l’occurrence, le Dwi. . Celui-ci désigne, d’abord, le clan ; ensuite, la famille étendue. A ces acceptions, il faut inclure les alliances de différents clans, grâce aux échanges matrimoniaux, et les liens de parenté qui en résultent par la naissance des enfants. Selon le glossaire L’Elé-Français du Père François-Joseph Nicolas, le terme dwi (pluriel dwa) désigne d’abord, « race, clan, famille » (au sens très large). Une telle conception du dwi conduit à une notion de fraternité qui s’étend sur plusieurs niveaux de sens qu’il importera de préciser.

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Une brève présentation de la science quantique des Lyéla

Pierre Bamony : Des pouvoirs réels du sorcier africain Forces surnaturelles et autorités sociopolitiques chez les Lyéla du Burkina Faso, (Paris, L’Harmattan, coll. « Etudes africaines », 2009, 452 p. Paris septembre 2009)

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   L’esprit du monde contemporain, qui fait de la croyance aux phénomènes matériels son seul credo, est devenu une nouvelle religion, une espèce de confession dont l’irrationalité dépasse, du moins, égale l’obscurantisme des temps anciens. Cette foi dans la machinerie matérielle, reconnu comme le critère de toute rationalité, oublie que la conception rationnelle des choses n’est pas capable, dans l’absolu, de nier l’esprit. Mais son combat contre cette dimension de l’homme confine, de nos jours, à une inclination sentimentale, pseudo-sicientifique même qui exerce une suprématie souveraine sur les intelligences les plus faibles en les entraînant dans toutes les formes d’adhésion.

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Etude des formes de la pratique médicinale traditionnelle chez les Lyéla du Burkina Faso

Résumé 

   Les médecins traditionnels lyéla distinguent généralement deux genres de pathologies : les maladies dites naturelles et celles causées par l’action mortifère des membres sorciers des familles. Comme ces maladies ne sont pas de même nature, ils sérient les approches. Les dernières étant d’un genre particulier, elles nécessitent des cérémonies rituelles variées, exigeant même des sacrifices divers et, donc, des soins spécifiques. C’est ce sens que tout soignant est à la fois médecin, devin et prêtre quel que soit le niveau de ses connaissances qui l’autorisent à pratiquer ce type de métier

   Dès lors, les praticiens dits traditionnels doivent tenir compte des phénomènes complexes d’interactions dans les diagnostics et les traitements des pathologies. Traiter celles-ci consiste non seulement à soigner une maladie singulière et localisée dans le corps-peau, mais également à restaurer un état de perturbation vitale chez un malade.


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