
Un jour, Nelson Mandela a dit ceci : « L’éducation est l’arme la plus puissante que vous pouvez utiliser pour changer le monde ».
Partant de cette thèse, qui a été soutenue par ce grand homme à l’intention des peuples africains, il est clair que l’une des voies royales pour obtenir des mutations heureuses en Afrique noire, consiste en la création de pôles d’excellence en termes d’éducation. Or, il n’en est pas ainsi dans les pays africains subsahariens. En effet, les systèmes éducatifs, notamment francophones sont, aujourd’hui, dans un état de désastre avancé. Tout se passe comme si les dirigeants de ces Etats fragiles faisaient tout pour plonger leurs jeunesses dans les ténèbres de l’esprit et des lumières de l’intelligence rationnelle. Tout se passe comme si on refuse de créer des conditions optimales à tous les niveaux des cursus scolaires, primaires, secondaires, universitaires pour leur permettre d’éblouir le monde présent par leur intelligence propre. Au contraire, dans beaucoup de pays de l’Afrique noire, l’on se contente de former les jeunes gens au rabais autant dans le système scolaire public que dans celui du secteur privé en vue de les préparer à devenir des fonctionnaires ou de les occuper à des tâches qui tuent leur intelligence rationnelle ou qui annihilent son développement de la meilleure manière possible. Seul le privé confessionnel, qui est moins mercantile ou mercenaire, échappe aujourd’hui à ce jugement général en Afrique noire.
Certes, en son temps, Félix Houphouët-Boigny avait-il perçu la nécessité d’une éducation de qualité comme fondement du développement économique et du progrès social de son pays, La Côte d’Ivoire, et de l’Afrique noire. A cet effet, il avait créé des Ecoles de qualité pour accueillir et les étudiants méritants ivoiriens et ceux des autres pays francophones subsahariens. Il avait eu la volonté d’éclairer les peuples africains par une éducation supérieure performante. Il avait mobilisé beaucoup de moyens financiers pour réaliser des établissements de qualité, entre autres, à Yamoussoukro. Hélas, il n’avait pas été suivi par ses concitoyens qui étaient alors plus préoccupés de vivre le mieux possible ici et maintenant. Donc, ils n’avaient pas compris le sens de ses ambitions pour son pays et pour l’Afrique noire.
Alors, et en ce sens, il est impératif de créer de grandes Ecole et universités comme celles de l’Europe, de grandes institutions universitaires privées comme aux Etats-Unis d’Amérique disposant d’Instituts de recherches scientifiques et technologiques. Parmi les établissements les plus connus au monde, on peut retenir les suivants : Harvard University, fondée en 1636, Yale fondée en 1702, Princeton fondée en1746, Columbia fondée en 1754, M.I.T. soit l’Institut de Technologie de Massachusetts fondée en 1861, Stanford fondée en 1885 etc. Ce sont des entreprises privées qui ont fait, par la création de ces œuvres originales, le succès mondial de l’enseignement universitaire états-unien.
Ces institutions universitaires, que j’appelle de mes vœux, seront gérées par des fondations et les personnels de celles-ci de manière rigoureuse, au service de la performance, de la qualité, et soucieux de la réussite de ces Ecoles ou Institutions dans le monde présent. Celles-ci auront pour finalité le progrès économique des peuples africains comme aux Etats-Unis d’Amérique. C’est dans cette perspective que s’inscrit mon projet de création d’un Institut en Afrique subsaharienne, prêt à être réalisé, si je trouve les investissements nécessaires. Il sera ouvert à toutes les intelligentsias du monde pour peu qu’elles veuillent respecter les Africains chez eux ; et qu’elles aient quelque chose, un projet innovant à proposer, à bâtir, à réaliser pour ce continent de demain. Il y a déjà un grand espace destiné à de telles initiatives technologiques ou agro-industrielles : entre 10 et 20 ha.

Il convient de se rappeler que notre Commune Terre a des bornes infranchissables. L’Homo sapiens, depuis de sa sortie du continent africain, n’a cessé de prendre de l’extension sur toutes les surfaces émergées. Il en a fait le tour et il ne peut plus aucunement aller plus loin. Depuis le XVe siècle, les Européens ont accéléré de manière vertigineuse le processus d’occupation de la surface de la terre. Mais, comme le reconnaît Emmanuel Kant, philosophe des Lumières, partout où ils ont poursuivi leur avantage, les terres, déjà occupées par des semblables humains, ils ne les ont pas reconnus comme tels. Au contraire, ils les ont massacrés, humiliés, spoliés de leurs biens, de leurs terres, de leurs richesses. Et ils ont agi, ainsi, au nom de leur « narcissisme des nations », expression que j’ai trouvée pour qualifier la manière dont les civilisations, les pays, les peuples, quels qu’ils soient, se représentent eux-mêmes comme les meilleurs d’entre les Humains en rejetant les autres, leurs semblables génétiques, dans la sphère de la nature brute.
C’est en ce sens que Kant écrit dans son livre Projet de paix perpétuelle (1795) ceci : l’étranger a « un droit de visite… droit qu’a tout homme de se proposer comme membre de la société, en vertu du droit de commune possession de la surface de la terre sur laquelle, en tant que sphérique, ils ne peuvent se disperser à l’infini ; il faut donc qu’ils se supportent les uns à côté des autres, personne n’ayant originairement le droit de se trouver à un endroit de la terre plutôt qu’à un autre {…} Si l’on compare maintenant avec cette condition la conduite inhospitalière des Etats policés, notamment des Etats commerçants de notre partie du monde. L’injustice dont ils font preuve quand ils visitent des pays et des peuples étrangers (visitent qu’ils confondent d’ailleurs avec conquête), va si loin qu’on en est effrayé. L’Amérique, les pays des nègres, les îles à épices, le cap, etc… lorsqu’il les découvrirent, furent considérés par eux comme n’appartenant à personne, parce qu’ils ne tenaient aucun compte des habitants. Dans les Indes orientales (l’Hindoustan), ils introduisirent des troupes étrangères sous prétexte de n’établir que des comptoirs commerciaux, et avec ces troupes on opprima les indigènes, on provoqua entre les divers Etats de ce pays des guerres considérables et par suite, famines, insurrections, perfidies et toute la litanie des maux quels qu’ils soient, qui désolent l’humanité » (p.p.30-31). Ces conquérants européens étaient aveuglés par une vision du monde mercantile ou mercenaire ; donc, une erreur de perception d’autrui. Ils étaient alors sous l’empire de la conscience duonique qui est, en soi, toujours aveugle.
Pour ce qui me concerne, et dans le cadre de mon projet, comme je l’ai dit précédemment, nous devons, contemporains, construire ensemble un monde de demain meilleur que celui dont Kant décrit les désastre provoqués par l’agressivité des Européens conquérants. Notre vision du monde doit changer dans la perspective d’un humanisme au double sens du terme : à la fois philosophique, c’est-à-dire fondé sur l’amitié et le respect de tout être humain ; et Jésuiste (soit l’enseignement de Jésus, différent du christianisme), c’est-à-dire édifié sur la fraternité universelle du genre humain. Je dirai que cet Institut étant ouvert à tout un chacun sur la Terre, a aussi besoin de la contribution financière des philanthropes, des Fondations humanistes, de l’apport matériel de tout le monde pour bâtir ensemble, en Afrique noire, un espace inaugurant une nouvelle vision du genre humain. Pour terminer, ce continent convient tout à fait à un tel projet : ses peuples aiment mieux que tout autre les étrangers, quels qu’ils soient ; mais à une seule condition désormais : qu’ils soient aimés en retour ou respectés. Car, ailleurs sur notre commune Terre, c’est le règne du nationalisme, toujours en soi dangereux, et le rejet du dissemblable. C’est le cas de certains pays de l’Asie du Sud-Est. C’est aussi la bienveillance par rapport aux autres et la concordance entre gens semblables comme les pays occidentaux chrétiens. Il y règne la tolérance à l’égard des êtres humains différents, mais non forcément le respect de leur personne. Ceci n’est pas un jugement de valeur. Que m’importe ce genre de faiblesse humaine ! C’est un constat objectif tout à fait conforme aux réalités humaines du monde présent pour peu qu’on mette de côté le « narcissisme des nations ».
