LES FEMMES MAGHREBINES : LES OBSTACLES A L’ACCES AUX SOINS

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Une femme au foyer

MÉMOIRE DE DCSF Session 1997 (GRENOBLE) PAR SABINE PACAUD  DIRIGÉ ET CORRIGÉ PAR PIERRE BAMONY

INTRODUCTION

Depuis le début du 20e siècle, les gouvernements français ont adopté deux types d’attitudes par rapport à l’immigration.

D’une part, ils ont fait appel à l’immigration à certaines périodes : « On les a appelés pour combler les déficits démographiques et pour suppléer aux défaillances historiques de l’économie française. Les travailleurs immigrés ont largement rempli leur « contrat ». […] Ils ont donné satisfaction au-delà de toutes les espérances de ceux qui les avaient fait venir. Il est cependant impossible de limiter, comme on l’a fait souvent, cet apport à son seul aspect économique. C’est toute l’histoire culturelle (au sens large) de la France depuis un siècle qui en a été enrichie ». D’autre part, à d’autres époques, ils ont appliqué des mesures visant à limiter l’immigration. Celle-ci est donc régulièrement au coeur des débats politiques.

   Afin de mieux traiter de l’immigration, deux concepts sont à définir et à différencier : étranger et immigré. Selon le rapport du Haut Conseil à l’Intégration de 1995, est dite étrangère, toute personne née à l’étranger ou étrangère en France et qui l’est restée : elle n’a pas la nationalité française. Tandis qu’est dite immigrée, toute personne qui est née à l’étranger, qui est entrée en France et qui y vit. Cette personne peut être devenue Française ou peut avoir gardé la nationalité étrangère. Les étrangers ne sont pas forcément tous des immigrés et inversement tous les immigrés ne sont pas étrangers.

   J’ai souhaité étudier cette population immigrée et plus particulièrement les femmes Maghrébines, dans leur rapport à l’accès aux soins en France. Le thème de l’accès aux soins pour les femmes Maghrébines m’a intéressé car, même si on parle beaucoup de l’immigration, ce sont souvent les mêmes sujets qui reviennent (sur les clandestins par exemple). L’accès aux soins n’a été que très peu abordé. De plus, je souhaitais, dans le cadre du mémoire, travailler avec une population que je connaissais mal : c’est le cas pour les Maghrébins. J’ai limité cette étude aux femmes car c’est une population qui m’intéresse et avec laquelle j’aimerais travailler à l’avenir.

   Aborder le thème de la santé chez les immigrés m’a permis de voir l’histoire de l’immigration, la politique et les lois concernant l’immigration en France ainsi que la culture Maghrébine. En tant que futur travailleur social, il me semblait important de connaître quelques données de base sur l’immigration.

     Enfin, j’ai choisi de traiter la santé et les soins car c’est un sujet qui m’a toujours attirée. Avant le B.T.S. en Economie Sociale et Familiale, j’ai effectué la première année de faculté de médecine. J’ai changé d’orientation mais je continue de m’intéresser à la santé et au système de soins.

Je me suis donc posé la question suivante : « QUELS SONT LES OBSTACLES A L’ACCES AUX SOINS POUR LES FEMMES IMMIGREES D’ORIGINE MAGHREBINE, DE LA PREMIERE GENERATION ET EN SITUATION REGULIERE EN FRANCE ? »

   Par « première génération », je veux parler des femmes nées à l’étranger, notamment celles qui sont originaires de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, et qui sont entrées en France plus ou moins récemment pour y vivre.

     L’hypothèse que j’ai formulée est celle-ci : « LA CULTURE ET LA MAUVAISE MAITRISE DU FRANÇAIS RENDENT DIFFICILE L’ACCES AUX SOINS POUR CES FEMMES. »

     Ainsi, après avoir consacré la première partie aux femmes Maghrébines, j’étudierai l’accès aux soins. Enfin, j’aborderai les incidences et les solutions dans la dernière partie.

MÉTHODOLOGIE

1- Documentation :

 J’ai Lu divers ouvrages dont certains m’ont particulièrement intéressée :

Le livre de Michèle Tribalat (De l’immigration à l’assimilation)[1] m’a apporté des données d’ordre général sur l’immigration. C’est un ouvrage qui fait autorité en la matière. J’ai pu ainsi avoir une vision globale de l’immigration avec des pourcentages pour plusieurs nationalités.

Maghreb, peuples et civilisations écrit sous la direction de Camille et Yves LACOSTE[2], m’a permis d’obtenir des renseignements plus précis sur le Maghreb, sa culture et sa religion,

La Chrysalide par Aïcha Lemsine[3] m’a paru intéressant dans le sens où, même si c’est un roman, on trouve de bonnes descriptions des relations au sein des familles traditionnelles et du recours au taleb.

   J’ai étudié également des documents se rapportant à la santé et à l’accès aux soins pour les populations migrantes tels que : Accès aux soins et état de santé des populations immigrées en France par le Centre de Recherche et de Documentation en Economie de la Santé (CREDES). L’objectif de cette étude était d’avoir des éléments sur la santé des immigrés en France et sur leur utilisation du système de soins. Le CREDES[4] a réalisé deux enquêtes sur l’hospitalisation, la protection sociale, les soins médicaux et dentaires etc. Ces points sont comparés entre Français et Etrangers.

« Comportements et besoins médico-sociaux d’une population migrante »[5], publié dans la revue Migration-Santé n°79 du 2ème trimestre 1994 et « Consommation médicale des immigrés »[6] paru dans le Hors-Série de mai 1983 de la revue Prévenir, m’ont fourni des données chiffrées.

   Tous ces documents m’ont été utiles pour mieux connaître l’immigration Maghrébine en France, de façon théorique. J’ai ensuite recueilli des renseignements sur le terrain pour illustrer la théorie.

 2- entretiens :

J’ai eu des entretiens semi-directifs avec douze femmes immigrées d’origine Maghrébine. Elles sont toutes mariées et mères de famille. Elles sont âgées de 25 à 56 ans. Elles sont en France depuis plus ou moins longtemps : 34 ans pour celle qui est arrivée en premier lieu et 3 ans pour la dernière qui est arrivée en France. Elles sont originaires du Maroc (8 femmes) ou d’Algérie (4 femmes). Le guide d’entretien et résultats bruts de l’exploitation des entretiens sont portés en annexe n°1. L’objectif était de connaître l’incidence de la culture et de la mauvaise maîtrise du français sur l’utilisation du système de soins.

     J’ai rencontré six femmes lors de consultations de la Protection Maternelle et Infantile, trois femmes à l’association « Les Voisines » à Saint-Etienne et trois femmes lors d’un cours d’alphabétisation au centre social « Jardin des Plantes », 26 rue Basly à Saint-Etienne.

     Pour mener à bien mes entretiens, on a mis à ma disposition un bureau ou un local. Cela a permis une plus grande discrétion, une confidentialité et un calme indispensable à mon sens. Chaque entretien a duré de 20 à 30 minutes. J’étais soit seule avec la dame soit accompagnée par une dame qui est traductrice en P.M.I. et qui fait également des vacations au C.H.U. de Saint-Etienne. J’ai limité mes techniques d’enquête à l’entretien car c’était l’outil le plus adapté à la population que j’ai contactée. Les difficultés en français rendaient impossible la diffusion d’un questionnaire à ces femmes. De plus, la communication verbale tient une place importante dans la culture maghrébine ; d’où la pertinence du recueil des données par des entretiens.

   Je me suis entretenue avec le chef au bureau des étrangers à la Préfecture de la Loire, à propos du regroupement familial. J’ai rencontré le responsable de l’ensemble des secteurs de prestations à la CP.A.M., dans la circonscription de Saint- Etienne, pour des explications relatives à l’Aide Médicale Générale.

   De plus, j’ai rencontré un médecin généraliste à Saint-Etienne, le guide d’entretien est présenté en annexe n° 2. J’ai pu avoir des données sur les soins, la prévention, la santé des femmes Maghrébines et leur culture.

     J’ai également eu des entretiens avec différents travailleurs sociaux (cf. guide d’entretien en annexe n° 3) : une conseillère en E.S.F. de l’ASSFAM, une animatrice au Centre Social « La Mosaïque »au Chambon-Feugeroiles, une conseillère en E.S.F. à l’Amicale Laïque de Côte Chaude à Saint-Etienne, une animatrice retraitée qui a longtemps travaillé à Echange et Promotion, une animatrice au Club Féminin de Montchovet à Saint-Etienne. Ces professionnels aux formations diverses m’ont permis d’approcher le vécu quotidien du travail avec les femmes Maghrébines mais aussi d’avoir plus d’éléments sur la culture maghrébine. Cela m’a permis d’élargir mes connaissances lors des entretiens avec les femmes maghrébines.

     J’ai rencontré des difficultés pour parler avec certaines femmes. Lorsque la dame traduisait  les questions et les réponses, je ne m’adressais alors qu’indirectement à la femme interviewée. L’entretien se déroulait alors essentiellement en langue arabe entre les deux dames, me laissant une place un peu inconfortable. Lorsque j’étais seule avec la dame maghrébine, j’ai eu parfois beaucoup de mal à me faire comprendre, à poser mes questions et à comprendre les réponses qui étaient formulées. Malgré ces difficultés, qui m’ont mise involontairement à distance par rapport à la population, les entretiens m’ont apporté des éléments très intéressants           pour avancer dans ma recherche.

     L’objectif de cette première partie est de mieux connaître la population maghrébine en France ainsi que sa culture et sa religion.

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Silhouettes de femmes maghrébines

 PREMIÈRE PARTIE : LES FEMMES MAGHREBINES

 I- l’IMMIGRATION MAGHREBINE EN FRANCE

   Diverses causes peuvent être évoquées lorsqu’on s’intéresse à l’immigration en France. Jusque dans les années 1970, l’expansion économique a nécessité l’entrée de travailleurs immigrés. Cependant cette cause n’est pas majoritaire ni essentielle quant à l’immigration des femmes. En ce qui les concerne, le regroupement familial prédomine.

1-1 Le regroupement familial favorise la féminisation de la population

   Le regroupement familial est basé sur le droit à vivre en famille, qui est un droit prévu par la Constitution Française.

   Les immigrés vivants en France peuvent être rejoints par leur famille. Dans la majorité des cas, les personnes qui entrent en France à ce titre sont des femmes avec leurs enfants. L’intéressé doit faire une demande au Commissaire de la République de son département (ici la Loire). Pour que cette demande soit recevable, il est indispensable de réunir quelques conditions. Le demandeur doit être en situation régulière en France, c’est-à-dire qu’il doit avoir un titre de séjour. Il doit justifier de deux années de présence en France (la procédure qui dure six mois peut être inclue dans les deux ans), de revenus suffisants (supérieurs ou égaux au SMIC sur une année) et stables ainsi que d’un logement compatible avec l’accueil de la famille. L’habitat doit être équipé d’eau potable, de chauffage. Une surface minimale est exigée : 52 m2 pour cinq personnes ou 79 m2 pour huit personnes. Durant la procédure du regroupement familial, la famille doit demeurer au pays d’origine. Le décret du 4 décembre 1984 a supprimé la possibilité de régulariser la situation sur le territoire français. En outre, seuls le conjoint et les enfants mineurs peuvent en bénéficier. Lors du regroupement familial, les personnes accueillies obtiennent un titre de séjour de même nature que celui de la personne accueillante. Ces renseignements m’ont été fournis par le chef du bureau des étrangers à la Préfecture de Saint-Etienne.

   L’ouvrage d’E. Mestiri nous indique que « ces dernières années, 40 000 membres de familles se sont établis annuellement en France. » En effet, la féminisation de la population immigrée est en progression. Plus précisément, la population féminine étrangère est en progression de 14 % entre le recensement de 1975 et celui de 1982. Ceci peut s’expliquer par le fait que l’immigration fut tout d’abord masculine. Les femmes restant au pays d’origine, puis, quand la possibilité leur fut offerte, beaucoup vinrent rejoindre leur mari. Leur situation en France n’est guère confortable : sans travail, sans réelles connaissances de la langue française pour la plupart, certaines femmes sont restées durant une longue période, sans contacts avec l’extérieur. Ceci traduit également la place de la femme et son statut au sein de la culture maghrébine.

1-2 Une sociabilité de type interne

   « Les immigrés peuvent avoir plus ou moins de contacts avec la société d’installation. Le terme de sociabilité peut être défini par l’ensemble des rapports avec autrui. On peut distinguer deux types de sociabilité : la sociabilité interne : ce sont les échanges entretenus au sein de la sphère domestique tels que les visites chez les voisins ou les réceptions à la maison. Quant à la sociabilité externe, elle correspond aux relations entretenues en dehors de la première, c’est-à-dire dans le quartier, au café, dans une association etc. Les courants Algériens, Marocains et Tunisiens ont une sociabilité plutôt de type interne »[7]. Ceci peut expliquer le fait que les femmes immigrées d’origine maghrébine aient tendance à rester à la maison et sortent peu. En outre, la maîtrise du français joue un rôle considérable au niveau de la sociabilité et sur les sorties. On fréquente les personnes avec lesquelles on peut dialoguer.

1-3 Les pratiques linguistiques : de grandes difficultés en français

    La langue véhicule les traits culturels du groupe, lui conférant ainsi une certaine cohésion. Cependant, elle est directement soumise à la concurrence du français. Si elle peut se perpétuer dans la sphère privée, dans la famille, la langue d’origine devra être abandonnée pour réaliser la plupart des actes élémentaires de la vie sociale. De ce fait, l’acquisition du français représente le préalable indispensable à une ouverture des immigrés à des personnes francophones. Trouver un travail, un logement, aider les enfants dans le travail scolaire, consulter un médecin, lire une ordonnance sont autant d’actes qui nécessitent des connaissances en français. Posséder quelques notions de français avant l’entrée en France donne un avantage non négligeable. Même si une forte proportion de migrants connaît déjà le français du fait de l’ancien empire colonial français (61 % des Algériens et 53 % des Marocains), un certain nombre ne parle que la langue d’origine. Ainsi, « 27 % des femmes originaires du Maroc ne peuvent réaliser seules les démarches de la vie courante »[8]. En outre, si parler le français pose parfois des difficultés, le lire et l’écrire demandent des capacités encore moins répandues.

     L’illettrisme en français est un problème important puisqu’il touche 60 % des Algériens et Marocains venus après l’âge de quinze ans. L’illettrisme dans la langue d’origine est généralement lié à l’illettrisme en français. Pour le Groupement Permanent de Lutte contre l’Illettrisme (G.P.L.I.), « sont illettrées, les personnes qui ont été scolarisées mais qui ne maîtrisent pas suffisamment l’écrit pour faire face aux exigences minimales dans leur vie professionnelle, sociale, culturelle et personnelle ». Pour les immigrés « le français est une langue étrangère qu’ils n’ont apprise que tardivement. Les difficultés sont plus répandues chez eux que dans la moyenne de la population étudiée : 7 % ont du mal à lire le français, 13 % à l’écrire. […] Leurs difficultés sont d’autant plus grandes que l’arrivée en France est récente. Les gens arrivés après 1980 ont été plus nombreux à avoir des difficultés de compréhension que ceux qui sont arrivés avant 1950 (1/3 contre 1/5). […} Les personnes de langue maternelle étrangère rencontrent deux types d’obstacles : la méconnaissance de la langue proprement dite (qui n’est pas assimilable à l »illettrisme) et d’autre part, les problèmes d’écriture et d’absence de maîtrise du langage. On constate que ce sont elles qui cumulent le plus fréquemment l’ensemble des difficultés »[9].

   En fait, la familiarité dans la lecture et l’écriture de sa propre langue, facilite le passage au français. « Cette relation n’est cependant pas systématique, notamment pour les formes d’écriture qui n’utilisent pas l’alphabet latin »[10].

     En ce qui concerne les femmes maghrébines, il est possible d’interpréter les difficultés par l’absence ou la courte durée de la scolarité. Ces femmes n’ont pas eu l’habitude des mécanismes d’apprentissage scolaire. Apprendre une langue telle que le français est d’autant plus complexe pour elles que l’arabe n’utilise pas le même alphabet que le français.

Pour la conseillère de l’ASSFAM, (cf. guide d’entretien en annexe n° 3) « deux facteurs peuvent motiver le souhait suivre des cours d’alphabétisation. D’une part, avoir plus d’autonomie, ce qui se traduit, lorsque les enfants sont petits, par la possibilité d’aider à faire les devoirs à la maison, lire le carnet scolaire etc., et lorsque les grands enfants sont partis, par la possibilité de s’occuper des documents administratifs alors qu’auparavant c’étaient les enfants qui en avaient la charge. D’autre part, certaines femmes désirent apprendre le français pour rompre leur isolement, pour pouvoir sortir dans le quartier, la ville ».

 II- LE MAGHREB

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Vie en communauté

  Le Maghreb regroupe cinq pays : Algérie, Maroc, Tunisie (qui forment à eux trois le Maghreb central) ainsi que la Libye, la Mauritanie et le territoire du Sahara Occidental. Dans cette recherche, je ne traiterai que du Maghreb central. En effet, au quotidien, lorsqu’on parle du Maghreb, c’est de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie dont il est question.

2-1 La culture maghrébine

    Avant de traiter du statut de la femme dans la culture maghrébine, il importe de définir le concept de culture. « Culture et culturalisme, peuvent être tenus, sinon pour des synonymes, du moins pour des termes forts proches. La perspective culturaliste est fondée sur un ensemble de propositions qui tendent à apparaître en combinaison. Selon les auteurs et les contextes, l’accent peut être mis sur l’une ou l’autre de ces propositions.

   Première proposition : la structure de la personnalité est étroitement dépendante de la culture caractéristique d’une société particulière, entendant par culture notamment, le système de valeurs fondamentales de la société. […] En corollaire de cette première proposition, les culturalistes tendent dans leurs analyses des systèmes sociaux à accorder un poids décisif à la socialisation par laquelle les valeurs fondamentales d’une société se transmettent d’une génération à l’autre.

Deuxième proposition : chaque société tend à constituer une totalité culturelle originale. Des sociétés semblables du point de vue de leur degré de développement économique, peuvent être, comme tendent à l’admettre le sens commun et l’expérience immédiate, profondément différents d’un point de vue culturel. Les Allemands sont culturellement différents des Anglais. […]

Troisième proposition qui complète la précédente : le système de valeurs des sociétés tend à être caractérisé par des valeurs dominantes ou modales. […]

Quatrième proposition : la culture d’une société tend à s’organiser en un ensemble d’éléments cohérents, complémentaires entre eux. […]

Cinquième proposition : l’homme vit dans un univers symbolique créé par lui. Toute réalité est pour lui symbolique. Les jugements, évaluations et perceptions sont tous relatifs au système culturel auquel il appartient »[11]

   Personnellement, ma représentation de la culture reprend des données des deux premières propositions. Pour moi, la culture est un ensemble de valeurs et de normes qui conditionne l’identité de chacun d’entre nous. Elle se transmet d’une génération à une autre. Elle varie selon lés pays qui ont chacun la leur.

     Quel est le statut de la femme dans la culture maghrébine ? Telle est la question à laquelle j’ai essayé de répondre.

   « L’homme et la femme ont le statut de fondateurs de la famille. On vit encore, à quelques exceptions près, sous l’empire de l’honneur du « lignage » et de l’autorité paternelle. La séparation entre hommes et femmes reste le gage de l’autorité masculine. L’intérieur des maisons, l’intimité familiale sont encore peu accessibles et surtout renfermés sur les femmes. L’autorité paternelle s’exerce toujours sans appel. Les règles du respect imposent encore l’économie de la parole au sein de la famille d’où une absence de communication entre parents et enfants »[12].

       Selon l’animatrice du Centre Social « La Mosaïque » du Chambon-Feugeorelles (cf. guide d’entretien en annexe n° 3) « le père a toujours beaucoup d’autorité au sein de la famille. Cependant, par rapport aux grands enfants, son image est parfois dévaluée lorsqu’il y a chômage de longue durée. Il semble un peu avoir perdu sa place. En ce qui concerne la femme, elle est toujours sous la tutelle d’un homme. Quand le mari est absent, c’est le beau-père ou les beaux-frères qui ont autorité sur elle.

     En outre, « la hiérarchie familiale est basée sur la supériorité et l’indépendance masculine à laquelle doivent se soumettre sans discussion les femmes de la famille. Mieux, les mères encouragent chez leurs fils ces manifestations. Partout le mariage est une obligation et le célibat est réprouvé. Les femmes passent de la tutelle du père à celle du mari, chef de famille, qui a à charge de les entretenir. Fidèle au Coran, la femme doit donner son consentement au mariage. Cependant, ce consentement peut être donné par son représentant »[13].

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Le masculin a-t-il toujours le pouvoir au foyer ?

     L’animatrice du Club Féminin de Montchovet à Saint-Etienne (cf. guide d’entretien en annexe n° 3) m’a expliqué : « En théorie, la femme doit donner son consentement au mariage mais dans la pratique j’ai rencontré beaucoup de femmes qui m’ont dit avoir vu venir le jour de leur mariage sans savoir qui elles allaient épouser ».

     Les femmes demeurent gardiennes des traditions. C’est à elles que revient le droit (et le devoir) de transmettre aux générations plus jeunes les traditions et la culture.

Dans les Etats du Maghreb, l’Islam est religion d’Etat. Les droits familiaux suivent plus ou moins rigoureusement le droit islamique : La Charia. La culture et les traditions sont donc très liées à la religion.

2-2 La religion musulmane

   On peut noter que peu d’immigrés résidants en France disent être sans religion. Cependant, c’est le cas pour 15 % des hommes nés en Algérie. Pour les femmes, la proportion est toujours très inférieure. Dans le pays d’origine, les lieux de culte restent très masculins. Les femmes demeurent à la maison. L’Islam repose sur cinq grands principes : la profession de foi, les cinq prières quotidiennes, le jeûne à l’occasion du ramadan, l’aumône légale et enfin le voyage à La Mecque. On ne mentionne pas le devoir d’aller dans un lieu de culte.

     Différentes fêtes religieuses rythment la vie des musulmans. Le ramadan est la fête la plus médiatisée. Deux tiers des hommes immigrés venant d’Algérie et du Maroc déclarent jeûner à l’occasion du ramadan. Pour les femmes, la proportion passe à trois quarts. A ce niveau aussi, les femmes sont chargées de transmettre les traditions. Ceci explique qu’une forte majorité des femmes jeûnent pendant le ramadan. Dès la puberté, toutes les personnes bien portantes doivent faire le ramadan. En cas de maladie, il est autorisé de ne pas faire le ramadan ou de le faire lorsqu’on a recouvré la santé.

     J’ai rencontré une animatrice retraitée ayant longtemps travaillé à Echange et Promotion (cf. guide d’entretien en annexe n° 3). Elle m’a dit : « la femme peut ne pas faire le ramadan si elle est malade, enceinte ou si elle est en période de règles ».

     Ces quinze dernières années, l’immigration a pris un autre visage dont les traits se féminisent. Le regroupement familial a provoqué une mutation irréversible dans la composition de la population étrangère. Les travailleurs isolés sont devenus minoritaires alors que les femmes et les jeunes sont plus nombreux.

     « Très lentement, l’image de la mère de famille nombreuse, recluse au sein de l’univers familial, dépendante de son mari, est remplacée par une autre femme dans l’immigration qui, entre autres, participe à la vie collective de son quartier. Malgré tout, leur condition familiale et leurs comportements socio-économiques sont variables en fonction du pays d’origine »[14]. Désormais, ce sont des familles entières qui vivent en France. Elles y resteront définitivement. Entre 1962 et 1982, la proportion de femmes algériennes et marocaines a plus que doublé, passant de 16 % à 38.5 % .

   La femme, transplantée dans le monde de l’immigration, coupée de ses racines, se raccroche à la tradition. Au sein de la famille, elle essaie de faire vivre l’identité du groupe. « Gardienne vigilante de sa culture communautaire, elle sait aussi l’assouplir et l’adapter à celle de la terre d’accueil. Son rôle social et culturel dans le maintien de la cohésion du groupe n’est pas à négliger. Il varie d’une femme à l’autre et de l’une à l’autre, il peut être de nature opposée. Ces femmes, brusquement, se sont trouvées confrontées à un mode de vie différent, auquel elles ont dû s’adapter. En même temps que les valeurs familiales et culturelles qu’elles portent, elles ont transmis à leurs filles, l’autonomie qu’elles ont acquise »[15].

   Ce travail de délimitation de la population Maghrébine féminine effectué, je vais pouvoir m’intéresser à son utilisation dans le système de soins.

DEUXIÈME PARTIE : L’ACCÈS AUX SOINS

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Les professionnelles des métiers du social au service de l’intégration des étrangers

Afin de traiter cette partie, je me suis basée sur 3 documents :

1- Accès aux soins et état de santé des populations immigrées en France par An. et Ar. MIZRAHI, CREDES, 1993

2- La revue « Prévenir » Hors-Série intitulé « Les immigrés dans leur champ social et de santé » publiée en mai 1983

3- La revue Migration-Santé N° 79 du deuxième trimestre 1994 et plus particulièrement l’article « Comportement et besoins médico-sociaux d’une population migrante ».

     Dans le document du CREDES, les données présentées ne tiennent pas compte de la nationalité. On y différencie seulement de naissance et les « autres ». On y présente donc les moyennes des immigrés, c’est -à -dire les naturalisés plus les étrangers.

     Quant à l’article « La consommation médicale des immigrés » de la revue Prévenir, on a une répartition selon la nationalité (Français, Maghrébins ou Latins) mais non selon le sexe. Je ne pourrais donc donner que des chiffres approximatifs que j’illustrerai avec des éléments recueillis lors des entretiens que j’ai eus avec 12 femmes à St-Etienne. Les résultats bruts de l’exploitation des entretiens sont présentés en annexe N° 1 ; tout comme le guide qui m’a servi à mener ces entretiens.

   Avant de traiter des soins proprement dits, il convient de s’intéresser à la prévention en matière de santé.

 I- LA PREVENTION SANTE

 1-1 Médiatique

    Différentes campagnes d’information sont mises en place régulièrement. Elles reposent sur des affiches, des brochures et des spots publicitaires. On se souvient de la dernière campagne de lutte contre le cancer du sein. Ce type d’informations n’a que peu d’impacts sur la population Maghrébine féminine car certaines d’entre elles ne comprennent pas le français et les spots télévisés ne les touchent pas. D’autres ne savent pas lire le français : d’où leur manque d’intérêt pour les brochures et les affiches.

     Le médecin généraliste (cf. guide d’entretien n° 2) avec lequel je me suis entretenue me disait combien il est difficile de mobiliser ces femmes par des campagnes nationales car tout repose sur le français. Il possède lui-même, dans sa salle d’attente, un présentoir avec une vingtaine de brochures différentes, mais il est conscient qu’elles ne sont pas lues par cette fraction de sa clientèle.

1-2 La prévention de proximité

    La prévention santé peut être réalisée par d’autres acteurs de terrain, sur les quartiers de vie de la population maghrébine. C’est un type d’action long à mettre en place mais qui s’avère très positif par la suite. Il est très difficile d’intéresser ces femmes, de les faire venir à des informations collectives. Les travailleurs sociaux, que j’ai rencontrés, m’ont fait part de leurs expériences dans ce domaine. Pour eux, il y a tout de même des éléments qui favorisent la réussite ou l’échec de ces informations.

Selon l’Amicale Laïque de Côte Chaude (cf. guide d’entretien n° 3), tout repose sur un groupe de femmes qui existe depuis trois ans au sein duquel des femmes relais font passer des informations sur le quartier aux personnes qui ne parlent pas le français. Il s’est instauré au fil des rencontres une confiance qui permet à chacune d’y participer activement. La conseillère en E.S.F. a beaucoup travaillé sur la connaissance du public, l’adaptation de l’information à ce public féminin. Pour elle, c’est la clé de la réussite de ces informations santé. Son principal objectif est de donner aux femmes les moyens d’être informées, de s’approprier l’information et de la retransmettre à leur manière.

       L’animatrice du Centre Social « La Mosaïque » me parlait de la richesse de ces informations : « Elles nous apportent autant qu’on leur apporte ». Pour elle il n’y a pas de problème de langue car elle tolère que les femmes parlent entre elles en arabe et qu’une femme traduise pour les autres. « En général, on fait beaucoup d’efforts pour parler, échanger et on avance car on dit ce qu’on pense. Si je ne suis pas d’accord avec l’une d’elles, je le lui dis. Il y a une confiance et un respect réciproques qui permettent ces échanges ».

 II- LES SOINS

    Indépendamment du fait que la démarche d’immigrer est en soi un puissant facteur de sélection en matière de santé, des conventions sont passées entre le pays d’origine et la France. Elles imposent des contrôles médicaux pour l’entrée d’immigrés en France.

2-1 Sous consommation des soins de généraliste

      Dans le livre de l’INSEE « Les étrangers en France » collection Contours et caractères, 1994 p.p. 130-137, on nous présente le nombre de consultations de médecin en 1991 pour les femmes Maghrébines : 5,5 séances dont 67,7 % sont des consultations de généralistes. On constate dans l’étude du CREDES, une sous-consommation des femmes immigrées par rapport aux Françaises. Cette sous-consommation est importante et uniforme pour tous les âges. Cette sous-consommation peut être évaluée à 31 %. Le recours au médecin décroît entre la naissance et l’adolescence puis on constate une augmentation plus ou moins régulière jusqu’à 65 ans. A partir de cet âge les consultations et les visites sont plus fréquentes.

     Dans la plupart des cas, soit 91 %, le médecin généraliste reste la première personne consultée on matière de soins. C’est lui qui oriente vers un spécialiste ou une hospitalisation. Ceci peut s’expliquer par le fait que le généraliste, souvent médecin de famille, reste plus accessible aux patients tant au niveau relationnel qu’au niveau financier.

     Dans les soins généralistes, la couverture vaccinale est un élément important. On constate qu’elle dépend étroitement de l’existence d’une activité professionnelle. En effet, si 70 % des femmes au travail sont vaccinées, la vaccination ne touche que 50 % des femmes au foyer. On peut penser que les rappels des vaccins sont rendus obligatoires par la médecine du travail des femmes actives, les femmes sans profession devant se prendre en charge elle-même.

     Dans certains cas on constate que, conjointement au système de soins, certaines personnes utilisent de façon importante des méthodes thérapeutiques traditionnelles en automédication. Celles-ci se transmettent de génération en génération par les femmes. Certaines femmes consultent aussi le « Taleb » ou marabout (de l’arabe « mrabet« ). La population lui reconnaît des connaissances précises qui fondent les rapports des « saints » à leur société. « Ses qualités vont de la possession d’un savoir juridico-religieux au charisme thérapeutique »[16].

   Les femmes que j’ai rencontrées sont mariées, mères de famille, âgées de 25 à 56 ans et originaires du Maroc ou d’Algérie. Celles avec lesquelles j’ai pu m’entretenir, consultent peu dans l’ensemble (cf. annexe n° 1, tableau n° 5). Elles consultent plus souvent pour leurs enfants. Quant à celles qui consultent le plus sont celles qui ont des problèmes de santé, donc des traitements à faire renouveler : Yamina pour dépression, Zhora pour un excès de cholestérol et Ouria pour du rhumatisme et du diabète. A la question « pourquoi ne consultez-vous pas un médecin ? » La réponse la plus fréquente est « pas malade ».

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Une famille arabe

       On peut croiser également les données relatives au nombre de consultations avec celles se rapportant à la durée de vie en France (cf. annexe n° 1, tableaux n° 5 et n° 1). Les femmes qui vont le moins souvent voir un médecin sont celles qui sont arrivées en France après 1988 : c’est le cas pour Amina, Fatima, Zokia et Malika. Les autres femmes, qui vivent en France depuis de nombreuses années (de 20 à 34 ans) semblent avoir adopté le système de soins à la française et disent consulter un

docteur chaque fois que cela s’avère utile. Cependant, la notion d’utilité est difficile à cerner lorsqu’on interroge ces femmes.

     En ce qui concerne les vaccinations (cf. annexe ne 1, tableau n° 7), seulement deux femmes m’ont dit qu’elles ne sont plus vaccinées depuis leur entrée en France ; les autres sont à jour et plusieurs pensent que c’est essentiel pour les retours au pays d’origine. Les deux femmes non couvertes sont actuellement sans emploi, ce qui illustre bien les données présentées dans la revue « Prévenir ».

     Lors des entretiens que j’ai menés, une dame, Yamina, m’a dit qu’elle consulte parfois un marabout pour soigner sa dépression (cf. annexe n° 1, tableau n° 8). « Il dit des prières, donne des potions à prendre. Je porte aussi des grigris pour être plus calme ». Les personnes qui, comme Yamina, voient un marabout, ne consultent pas le médecin pour des maux bénins.

2-2 Le spécialiste : un accès peu aisé

    Selon l’INSEE, ces soins représentent 39,3 % des recours à un médecin. Ici encore, la sous-consommation est importante : moins 17,8 % par rapport aux Françaises. Ceci peut s’expliquer par le fait que « le cadre du cabinet d’un spécialiste, son environnement extérieur et intérieur, qui diffère fortement de l’environnement quotidien des immigrés, est probablement pour ces derniers, un frein psychologique »[17].

     Je pense aussi que, dans certaines familles, si on ne consulte pas de spécialiste, c’est essentiellement pour un motif financier. Chez les spécialistes, les dépassements d’honoraires sont fréquents. Une somme d’argent reste donc à la charge de la famille, une fois les remboursements de la Sécurité Sociale et de la mutuelle déduits, lorsqu’elles en possèdent une. Dans le cas de petits budgets, cette somme est excessive et la famille ne peut se permettre de telles dépenses

     L’accès direct à un spécialiste sans passer par l’intermédiaire d’un généraliste est donc assez faible. Cela se produit seulement dans 9 % des cas

     Les femmes que j’ai rencontrées adoptent deux types d’attitude (cf Annexe N°1, tableau n° 5). Certaines d’entre elles ne vont jamais ou très peu chez un spécialiste. Si elles y vont, c’est plus pour leurs enfants : pédiatre, dermatologue par exemple. Les autres se rendent au moins une fois par an chez un spécialiste : c’est le cas pour 9 femmes sur 12. 6 sur 9 vont entre une fois et deux fois par an chez le gynécologue. Les 3 consultent des spécialistes divers.

     De plus 2 femmes sur 12 répondent « oui » à la question « Y a-t-il des problèmes de santé que vous ne traitez pas ? » (cf. annexe n° 1, tableau n° 7). Fatima attend le plus possible pour aller chez le dentiste car elle a un peu peur et qu’elle n’aime pas y aller. Fatima, elle, « laisse traîner » pour changer ses lunettes car cela coûte trop cher. Bénéficiaire du R.M.I., elle a des problèmes financiers. Les dépenses « d’optique » ne sont pas entièrement couvertes par l’aidé médicale générale. Les dépenses d’optique n’étant pas vitales sont repoussées à une date ultérieure. Ici, ce n’est pas la consultation de spécialiste qui est remise en cause mais les dépenses que cette consultation induit.

2-3 L’hospitalisation : une préférence pour le secteur public

    Alors que les Français ont une demande assez équilibrée entre les soins médicaux de ville et les soins en hôpital, les Maghrébins se soignent principalement en établissement hospitalier. Ainsi, les Maghrébins réalisent 72 % de leur consommation médicale totale dans le cadre hospitalier. Le taux d’hospitalisation des Maghrébins est 1,6 fois supérieur à celui des Français. La spécificité la plus marquée est leur hospitalisation en secteur public. Plus de 80 % de leurs séjours ont lieu dans les hôpitaux. Ceci peut être justifié par le rôle social traditionnel de l’hôpital public qui est particulièrement important. Les modalités de financement de l’activité médicale favorisent le choix des personnes les plus défavorisées en faveur du système hospitalier. Le Tiers-Payant incite à fréquenter les hôpitaux par rapport à la consommation médicale de ville où l’on doit s’acquitter de l’avance de la dépense et où l’on doit payer un ticket modérateur.

     En outre, l’hospitalisation apporte au médecin l’assurance que la thérapeutique prescrite sera correctement appliquée.

     Les Maghrébins, s’ils sont sous-consommateurs de soins médicaux de ville, sont légèrement sur-consommateurs de soins hospitaliers. « Ils sont beaucoup plus nombreux dans les hôpitaux (9,8 %) qu’ils ne le sont dans la population, mais par contre ils sont nettement sous-représentés dans les cliniques privées (3,5 %) »[18].

   En ce qui concerne les femmes, l’incompréhension des symptômes et les difficultés d’appréciation des seuils de gravité des maladies créent une certaine urgence qui n’est pas toujours perçue. De plus, les difficultés de communication entraînent parfois des problèmes pour répondre aux questions posées par le corps médical, ce qui peut induire des retards dans les applications thérapeutiques.

   Sur les douze femmes maghrébines contactées à St-Etienne, deux seulement ont été hospitalisées aux cours des trois dernières années (cf. Annexe N° 1, tableau n° 5).

     Certaines d’entre elles ont été hospitalisées au moment de la naissance de leurs enfants (cf. annexe n° 1, tableau n° 2). 6 femmes sur 12 ont accouché à l’hôpital au moins une fois et 6 sur 12 ont eu leurs enfants dans une clinique privée. Enfin, 4 femmes sur 12 ont accouché au moins une fois à l’hôpital et une fois dans une clinique privée.

     Ces exemples vont à l’encontre de l’idée selon laquelle les immigrés iraient plus à l’hôpital qu’à la clinique. Cependant, l’échantillon de 12 personnes n’est pas représentatif de la population stéphanoise. Le médecin, que j’ai rencontré, m’a confirmé que les familles maghrébines qu’il côtoie conservent une forte préférence pour les hôpitaux publics.

     En outre, on constate que ces femmes sont loin de réaliser 72 % de leurs soins à l’hôpital puisque 10 femmes sur 12 n’ont pas été hospitalisées durant les 3 dernières années, sauf en maternité pour quelques-unes.

     Enfin, je pense qu’en 1997, l’hôpital a moins d’attrait pour les patients qu’en 1983, date de parution de la revue « Prévenir ». Le Tiers-Payant n’est plus seulement le monopole de l’hôpital. Certains spécialistes le proposent à leurs patients.

2-4 Un accès aux soins dentaires semblable aux Français

    En France, la consommation de soins dentaires est très variable selon les catégories socio-économiques. La consommation des couches défavorisées est particulièrement faible. La consommation des hommes et des femmes est équivalente. D’après l’ouvrage de l’INSEE, « Les étrangers en France », collection Contours et Caractères, 1994, p.131, les Maghrébins ont sensiblement la même consommation de soins dentaires que les Français avec respectivement 1,3 et 1,4 séances de dentiste au cours de l’année 1991.

     Sur les 12 femmes rencontrées, aucune ne m’a dit aller régulièrement chez le dentiste une ou deux fois par an pour y faire un contrôle (cf. annexe n° 1, tableau n° 7). Elles y vont seulement quand elles ont mal aux dents. Ainsi, seules 3 femmes ont vu un dentiste durant l’année 1996 (cf. annexe n° 1. tableau n° 7).

     Fatma, elle, attend toujours le plus possible pour prendre un rendez-vous chez le dentiste car elle a un peu peur et elle n’aime pas y aller. Cependant, cela n’est pas spécifique aux seuls Magrebins, beaucoup de Français ont peur du dentiste.

    Je pense que la faible consommation peut s’expliquer ainsi : les femmes qui n’ont pas été habituées à voir régulièrement un dentiste durant l’enfance ont plus tendance à reproduire ce comportement à l’âge adulte. Elles ne consultent donc que lorsqu’une carie se signale par des douleurs vives, voire des abcès.

     Cependant, pour la conseillère en E.S.F. de l’ASSFAM, les soins dentaires semblent poser peu de problèmes pour les femmes. Nombreuses sont celles qui ont des dents couronnées. Elle pense que le brossage est acquis pour ces femmes. Pour elle, le problème se situe plus au niveau des enfants et de la prévention des caries.

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Visages de femmes arabes en France

III- LA PROTECTION SOCIALE

3-1 La Sécurité Sociale : pas de problèmes

   D’une manière générale, les étrangers qui travaillent en France sont astreints aux mêmes cotisations que les Français et bénéficient des mêmes prestations. « Le code de la Sécurité Sociale prévoit que les travailleurs étrangers soient assurés obligatoirement dans les mêmes conditions que les travailleurs français. Dès lors que l’immatriculation est demandée par l’employeur à la Sécurité Sociale, et sous réserve des durées minimales d’assurance ou de cotisation, l’immigré bénéficie des prestations en nature et en espèces des assurances maladie, invalidité, décès, accident du travail et veuvage »[19].

Les ayants droit bénéficient également de l’assurance maladie.

   Que ce soit dans l’étude du CREDES ou dans celle de la revue Migr-Santé de 1994, cet élément de la couverture sociale ne pose aucun problème. Toutes les personnes sont couvertes au niveau de l’assurance maladie qu’elles soient « assuré-social » ou ayant-droit de l’assuré. Ceci s’explique par le fait que les personnes interrogées sont toutes en situation régulière sur le territoire français.

     En ce qui concerne les femmes, elles sont soit employées, soit ayant-droit de leur mari qui travaille.

   Toutes les femmes avec lesquelles je me suis entretenue étaient couvertes au niveau de la Sécurité Sociale (cf. annexe n° 1, tableau n° 6). L’analyse qui peut être faite est semblable à celle précédemment évoquée. Je n’ai rencontré aucune femme célibataire. Toutes celles que j’ai vues, étaient soit salariées, soit ayant-droit de leur mari. En outre, je ne suis pas allée dans un dispensaire de soins gratuits où j’aurai pu voir des femmes sans aucune couverture sociale car elles sont en situation irrégulière en France. Mais ce point n’est pas mon propos ni ma problématique dans ce travail.

     Enfin, les femmes dont le mari ne travaille pas, sont bénéficiaires du R.M.I. qui ouvre droit à la couverture sociale.

     En général, et c’est le cas pour toutes les femmes rencontrées, ce n’est pas l’aspect Sécurité Sociale qui n’est pas contracté, mais bien l’aspect couverture complémentaire par une mutuelle.

 3-2 La protection complémentaire maladie : une couverture partielle

    Les Français sont plus souvent protégés par une couverture complémentaire que les immigrés. Ces derniers sont environ 60 % à avoir une mutuelle alors que les Français sont couverts à 87 %. Ce pourcentage est, cependant, à relativiser par rapport à la classe sociale. Dans les classes défavorisées, le niveau de protection entre Français et Maghrébins est équivalent.

   Même si la famille doit acquitter les cotisations de manière à être couverte, les économies réalisées ne sont pas négligeable. On ne peut jamais prévoir ce qui va se passer en matière de santé au cours de l’année.

     Les personnes qui ne cotisent pas à une mutuelle sont celles qui ont un petit budget et qui tentent de minimiser le plus possible le poste santé. Les difficultés surviennent lorsque les dépenses de santé s’avèrent indispensables. Les personnes qui n’ont pas de mutuelle sont donc freinées financièrement au niveau de l’accès au système de soins.

     On peut penser que 60 % est un chiffre relativement important. Cependant, tout comme au niveau de la Sécurité Sociale, il faut tenir compte de certaines variables. La principale est la condition de résidence en France Mais nous ne traitons que des personnes en situation régulière.

     En outre, sur les 60 % qui bénéficient de la couverture d’une mutuelle, certains ont pu jouir d’aides financières accordées par des organismes divers tels que le Fond Social de l’ASSEDIC ou la Commission des Aides Individuelles de la Caisse d’Allocations Familiales. D’autres ont pu faire une demande de réduction du montant des cotisations : quelques grands groupes de mutuelle proposent des réductions pouvant aller jusqu’à 50 % du montant initial. Ce type de procédé tend à faire augmenter le nombre de familles, donc de femmes maghrébines, couvertes par une mutuelle.

     Sur les 12 personnes rencontrées, 6 sont couvertes par l’Aide Médicale Générale dont nous parlerons ensuite de façon plus précise. 5 sont protégées par une mutuelle. Seule Fatima n’a pas contracté une mutuelle (cf. annexe n° 1, tableaun° 6).

   A l’exception d’Amina, sur les 5 femmes qui ont une mutuelle, 4 ont une durée de vie en France supérieure ou égale à 20 ans. On peut penser qu’elles ont une bonne connaissance du système de santé et de leurs droits.

     Fatima, arrivée en 1990 en France, parle très peu la langue française, dit ne consulter un médecin que très rarement. Elle est sans activité professionnelle. L’emploi de son mari ne procure pas à la famille de grosses ressources financières. Monsieur n’a donc pas pris de mutuelle.

     Comme toutes les autres femmes que j’ai vues, Fatima se rend aux consultations de la Protection Maternelle et Infantile pour les visites de ces trois enfants (cf. annexe n° 1, tableau n° 5). Les consultations sont gratuites, l’avantage n’est donc pas négligeable et permet à la famille de Fatima de limiter les dépenses de santé.

3-3 L’Aide Médicale Générale dans le cadre du R.M.I.

    L’Aide Médicale Générale a été réformée en 1992. Son accès a été élargi à de nouvelles populations telles que les bénéficiaires du R.M.I. Ils accèdent à l’Aide Médicale Générale qui permet la prise en charges des dépenses de santé en ambulatoire, c’est-à-dire médecine de ville, mais aussi des soins dispensés en hôpital, sous réserve qu’ils soient reconnus par la Caisse Primaire d’Assurance Maladie.

   L’admission est valable durant une année, renouvelable et la prise en charge est étendue aux ayants droit. L’admission de plein droit à l’Aide Médicale Générale est subordonnée à une demande. Elle s’adresse aux personnes qui ne relèvent pas du régime obligatoire de l’assurance maladie. Elle est toujours totale : en plus des soins ambulatoires et des soins en milieu hospitalier, elle permet la prise en charge du forfait journalier.

     Pour les bénéficiaires du R.M.I., l’Aide Médicale Générale prend la forme d’une carte de Sécurité Sociale sur laquelle est inscrit dans la Loire : 100 % département LOIRE. Cette carte avait pour objet de supprimer les Bons d’Aide Médicale que l’on retire au C.C.A.S. (Centre Communal d’Action Sociale). Ce n’est pas encore réalisé sur Saint Etienne. Dans le cadre de l’Aide Médicale Générale, les médecins ne peuvent pas appliquer des suppléments d’honoraires

     Ces renseignements m’ont été fournis par le responsable de l’ensemble des secteurs de prestations de la C.P.A.M. dans la circonscription de Saint Etienne.

     Enfin, 10 % des familles étrangères bénéficient de l’Aide Médicale Générale selon la revue Migration-Santé parue au deuxième trimestre 1994.

   Lors de mes entretiens, la moitié des femmes était couverte par le dispositif de l’Aide Médicale Générale dans le cadre du R.M.I. (cf. annexe n° 1, tableau n° 6). Les femmes étaient toutes ayants droit de leurs époux qui est l’allocataire de Revenu Minimum d’insertion.

     Dans la clientèle maghrébine du généraliste que j’ai rencontré, 10 à 15 % sont bénéficiaires de l’Aide Médicale Générale dans le cadre du R.M.I. Ceci reprend les données théoriques précédemment citées.

TROISÈME PARTIE : INCIDENCES ET SOLUTIONS

 I- INCIDENCES SUR L’ACCES AUX SOINS

 1-1 La culture a un impact important

    La culture des femmes maghrébines a une incidence sur l’accès aux soins. En effet, la conseillère en E.S.F. de Côte Chaude m’a expliqué que « lorsque le lien avec la culture est très fort, il est difficile d’entamer un travail. C’est le cas pour l’alimentation. Quand un problème de santé rend un régime nécessaire, j’ai beaucoup de mal à faire passer des notions d’hygiène alimentaire. Les femmes restent attachées à la cuisine traditionnelle qui utilise beaucoup de féculents ».

     En outre, Françaises et Maghrébines n’ont pas les mêmes notions au corps et de la maladie. Il en découle parfois une incompréhension des symptômes ressentis. La femme peut alors se trouver dans l’une ou l’autre de ces deux situations : soit elle est prise de panique alors que la maladie est bénigne soit elle ne s’affole pas pour une situation qui l’aurait méritée.

   On constate des difficultés dans l’appréciation des seuils de gravité de la maladie. Ainsi, l’urgence d’un recours médical n’est pas toujours perçue par les femmes. J’ai rencontré une dame qui venait à son rendez-vous avec l’Assistance Sociale de son quartier et devait, dans le même temps, conduire son fils de 3 ans en consultation à l’hôpital. Le rendez-vous au Service Social Départemental n’avait pas été annulé. Madame allait arriver en retard à la consultation qui était pourtant essentielle pour l’enfant.

     Nous l’avons vu dans la première partie, les femmes maghrébines restent encore très soumises à l’autorité masculine. Celles qui sont arrivées récemment en France semblent, et c’est logique, plus imprégnées par la culture et les traditions que les femmes qui vivent en France depuis 20 ou 30 ans. 4 femmes sur 12 ont besoin de quelqu’un pour prendre les rendez-vous. Cette tâche est réalisée par leur mari. Ces mêmes femmes sont accompagnées chaque fois qu’elles sortent pour aller à un rendez-vous chez un médecin ou à une consultation de P.M.I.. Si la maîtrise du français est faible dans ces 4 cas, la culture a aussi une importance. 3 femmes sur les 4 sont en France depuis moins de 10 ans. (cf. annexe n° 1, tableau n° 4).

     C’est le cas de Fatima. Malgré l’obstination de la traductrice à dire à Monsieur qu’il n’est pas nécessaire qu’il accompagne sa femme, qu’elle est là pour traduire ce que dit le médecin et ce que sa femme répond ; que le problème de la langue n’est pas une barrière ici, il s’entête à l’accompagner pour chaque consultation du P.M.I. Monsieur ne veut pas laisser sa femme, seule, « en ville ».

     Toutefois, les femmes qui sont en France depuis plus longtemps ont fait des compromis, ont mélangé la culture d’origine et celle du pays d’accueil. Elles ont adopté le système de soins français. Elles disent consulter facilement, et de leur propre chef, lorsqu’elles sont malades.

     Je pense aussi que la culture varie selon l’origine rurale ou urbaine des femmes, au pays de naissance (cf. annexe n° 1, tableau n° 1). On peut constater que celles qui vivaient en campagne avant d’entrer en France (Yamina, Fatima, Zokia, Fatma, Ouria et Malika) sont celles qui consultent le moins souvent, à 2 exceptions près : Yamina consulte souvent : bien que vivant à la campagne, il y avait une ville à 1 km. Son comportement face aux soins ne diffère donc pas de celui des citadins. Quant à Ouria, ses problèmes de diabète et de rhumatisme l’obligent à « rendre visite » au médecin régulièrement. Pour les citadines, l’habitude de consulter des médecins au pays d’origine n’a pas disparu.

     Pour résumer cette partie sur l’incidence de la culture, nous pouvons dire ceci : de toute évidence la culture influence le comportement des femmes maghrébines dans la mesure où la culture fait partie de l’identité de chacune d’elles. Toutefois, au fur et à mesure que la durée du séjour en France augmente, l’impact de la culture diminue. Le comportement de ces femmes qui vivent sur le territoire français depuis plus de 20 ans est sensiblement identique à celui des Françaises de naissance. Cependant, comme me le rappelait l’ancienne animatrice de « Echange et Promotion », on ne peut pas généraliser, catégoriser. Certaines familles restent très imprégnées par la culture d’origine, d’autres moins mais dans tous les cas le regard de la communauté joue un grand rôle, reste présent ».

1-2 Le respect de la religion et son incidence sur la santé

    Fortement liée à la culture maghrébine, la religion joue un rôle dans l’accès aux soins et dans l’utilisation du système de soins. Cependant, l’impact est moins flagrant et moins facile à évaluer. En ce qui concerne la religion musulmane, peu d’éléments ont une incidence sur le recours aux soins. Seule, la pratique du jeûne à l’occasion du ramadan a une importance incontestable. A la question (cf. annexe n° 1, tableau n° 4) « si vous êtes malades, faites-vous le ramadan en même temps que les autres membres de votre famille ? », 8 femmes sur 12 m’ont répondu « Oui, toujours ». Amina m’a dit « on fait toujours le ramadan, même quand on est malade, quand on croit, on a du courage ! » (cf. annexe n° 1, tableau n° 8)

     La pratique du ramadan peut, dans certains cas, poser problème au niveau de l’observation du traitement notamment. Si la thérapeutique prévoit la prise de comprimés matin, midi et soir au milieu du repas, cela ne sera pas respecté correctement si la femme pratique le jeûne pendant le ramadan. Là encore, cette forte proportion (8 sur 12) démontre le rôle de gardiennes des traditions et de la culture des femmes maghrébines. Elles font abstraction de leur maladie afin de respecter leur religion. 3 femmes sur 12 m’ont dit ne pas faire le jeûne pendant le ramadan lorsqu’elles sont malades. Elles font le jeûne plus tard, seules, lorsqu’elles sont en meilleure santé. C’est autorisé par la religion. En agissant de cette façon, les femmes peuvent concilier les deux choses : respect de l’un des cinq grands principes de l’Islam et respect du traitement prescrit par le médecin.

   Il n’y a qu’une femme sur les 12 qui ne pratique plus le jeûne du ramadan depuis plusieurs années. Cela peut paraître contradictoire car elle reste, malgré 20 ans de vie en France, très marquée par la culture de son pays d’origine. Cette réaction face à la religion a certainement des motivations personnelles que Fatima n’a pas souhaiter me présenter.

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Entre femmes

1-3 La barrière de la langue limite l’accès aux soins

     Comme nous l’avons déjà évoqué dans la première partie, la scolarisation dans le pays d’origine est très importante lorsqu’il s’agit de passer à l’apprentissage du français. La moitié des femmes contactée à Saint-Etienne n’ont jamais été scolarisées dans leur pays de naissance (cf. annexe n° 1, tableau n° 3). Celles qui l’ont été, ont eu une scolarité courte allant de trois ans d’enseignement pour Amina jusqu’à huit ou neuf ans de cours pour Yamina, Zhora et Malika. Or, il apparaît, au regard des résultats des entretiens portés en annexe n° 1, tableau n° 3, que 2 femmes parlent bien et lisent bien le français. Elles écrivent plus ou moins correctement, faisant quelques fautes d’orthographe et de grammaire, selon elles. Les mécanismes ont été acquis durant l’enfance. Quant à la troisième, si le niveau de connaissance est encore faible, elle progresse rapidement depuis qu’elle va aux cours d’alphabétisation.

   « L’observation du traitement prescrit est jugée bonne dans 84 % des cas »[20]. Cela signifie que la femme maghrébine soit a su lire l’ordonnance, soit a confié cette tâche à un membre de la famille.

   « Toutefois, 24% des consultations médicales auraient été gênées par des difficultés linguistiques »[21]. Le généraliste que j’ai contacté m’a dit : « lorsque la personne ne parle pas du tout français, on n’est jamais sûr de rien. Parfois, à la fin de a consultation, je me demande ce qu’elle a compris ». On constate en outre que « 61% des patients ayant souffert de problèmes de communication sont sans profession »[22]. Ce sont en majorité des femmes. On note que l’exercice d’un emploi favorise l’apprentissage du français. Cela peut s’expliquer ainsi : avec l’obtention d’un emploi, la sociabilité s’oriente vers la sphère externe. On côtoie des personnes diverses avec lesquelles on n’a parfois rien en commun, pas même la langue. On est cependant contraint de faire des efforts pour comprendre et pour se faire comprendre. Au sein de la famille, on ne fait pas ce genre d’efforts. Tout le monde parle la même langue, on se comprend.

     Pour les femmes, les difficultés linguistiques persistent « alors que la durée de séjour dépasse, dans tous les cas, cinq années et atteint dix années pour la plupart ». La diffusion des cours d’alphabétisation n’est pas satisfaisante, surtout auprès des femmes au foyer. En effet, seulement 29 % en ont bénéficié et 44 % des bénéficiaires savent lire et écrire le français. Cependant, je pense que, pour que les femmes profitent de l’opportunité que représentent les cours d’alphabétisation, il faut qu’elles soient dans une logique d’apprentissage, qu’elles fassent la démarche de sortir de leur domicile, ce qui n’est pas toujours évident.

       A l’hôpital aussi, la barrière de la langue est importante. Beaucoup d’intervenants se succèdent au chevet des malades : médecins, infirmiers, aides- soignants etc. Ces personnels ne sont en généra! pas formées pour comprendre les patients non francophones et ils n’ont pas toujours le temps de s’y employer. L’hôpital pose également des problèmes quant à l’orientation dans les différents niveaux et au sein d’un même étage. Les panneaux, libellés en français sont illisibles pour les populations maghrébines.

     Quelques femmes utilisent les services de traducteurs occasionnels mais dans la majorité des situations on fait jouer l’interprétariat familial. L’efficacité de ce dernier est parfois limitée. En effet, on peut ne pas le solliciter par pudeur, car des éléments sont alors tus au personnel soignant. Lorsqu’il est sollicité, on se heurte parfois à des interprétations personnelles de la part de la personne qui traduit la malade.

     Ces difficultés linguistiques sont de nature à retarder l’application d’un traitement le plus adéquat possible. Lors de mes entretiens, j’ai pu bénéficier des services d’une traductrice. Grâce elle, j’ai pu m’entretenir avec des femmes qui ne parlent pas du tout le français, elles connaissent certains mots, mais au niveau du corps, de la santé et des soins, elles ne pouvaient pas s’exprimer. J’ai eu plus de difficultés avec l’une des dames qui ne répondait pas à mes questions. Son mari ne laissait pas la traductrice faire son travail et répondait sans cesse à la place de sa femme.

   Certaines femmes ont besoin d’une personne pour prendre les rendez-vous : c’est le cas pour quatre femmes sur douze. Elles doivent aussi être accompagnées par un membre de la famille pour les traduire (mari, enfants). Un nombre plus important a besoin de quelqu’un pour lire les documents et ordonnances.

     Devant l’incidence de la culture, de la religion et de la maîtrise du français sur l’accès aux soins, des progrès restent encore à faire, notamment au niveau de la communication. Ce travail peut être effectué par des travailleurs sociaux dont les conseillers en Economie Sociale et Familiale.

 II- ACTIONS POSSIBLES DES CONSEILLERS EN E.S.F

     Afin de prendre en charge leur santé et celle de leur famille, les femmes maghrébines doivent acquérir un minimum d’autonomie. Celle-ci sera acquise plus facilement si la langue française est mieux maîtrisée.

     Les cours d’alphabétisation, tout en permettant l’acquisition des connaissances de base, développent une sociabilité plutôt de type externe, tournée vers la ville et les personnes francophones. La formation de conseiller en E S. F. donne aux futurs professionnels des techniques et des notions pour l’animation de groupes. Les conseillers en E.S.F. sont donc à même d’animer ces cours. Des objectifs sont fixés dès le départ. Ce peut être : apprentissage de mots que l’on utilise quotidiennement à l’oral, lecture de textes courts ou réalisation de démarches simples. Ils sont évaluables. Les cours peuvent utiliser différentes méthodes que je ne détaillerai pas ici.

   L’adaptation de ces femmes à la société d’accueil passe par un apprentissage du quotidien et une prise de responsabilités dans divers domaines de la vie courante dont la santé. Le conseiller en E.S.F. peut, de par sa spécificité, avoir un rôle dans accompagnement social. Il peut apporter des notions sur le corps humain (vocabulaire) pour mieux comprendre et se faire comprendre du personnel médical, sur la façon de prendre un rendez-vous ou encore sur les moyens de se repérer dans ville, le quartier, l’hôpital.

     L’animatrice du club féminin de Montchovet à Saint-Etienne m’a présenté des actions qu’elle a menées en matière de santé. Elle anime des groupes de femmes et quelques séances sont réservées à la santé. La connaissance du vocabulaire spécifique est développée à partir de cassettes vidéo et du jeu « Anatomie 2000 ». Les participantes travaillent sur le corps, différentes spécialités de la médecine (le pédiatre s’occupe des enfants et non des pieds comme certaines le pensent) ou encore les présentations possibles des médicaments (comprimés, ampoules etc.,)

     Plusieurs thèmes sont abordés par la suite tels que les vaccinations, le carnet de santé, l’alimentation et les régimes, les vacances au pays d’origine entre autres. Les actions présentées ne sont que quelques exemples de ce qui peut être fait par un conseiller en E.S.F. Mais la liste n’est en aucun cas exhaustive.

   En fait, quelle que soit la manière d’aborder la santé avec ces femmes, le conseiller en E.S.F. doit prendre en compte leur identité propre modelée par un passé, une culture et une religion spécifiques. Il doit permettre à ces femmes de construire leur personnalité en mettant en valeur leurs capacités et leurs savoirs.

     Les actions doivent se mettre en place à partir de la demande du public(formulée ou non) et non à partir des souhaits des travailleurs sociaux pour que les femmes soient impliquées et actrices. Chaque progrès est un pas accompli vers l’autonomie, le conseiller en E.S.F. n’étant qu’un accompagnateur de ces femmes.

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L’acculturation, l’intégration et leurs incidences sur la mutation des femmes arabes

CONCLUSION

    Culture, religion et maîtrise du français ont un impact considérable et constituent à eux seuls des obstacles à l’accès aux soins pour les femmes maghrébines vivant en France. En effet, la différence d’approche de la maladie et du corps dans la culture française et dans la culture maghrébine est importante. De plus, culture et religion musulmane sont étroitement liées pour donner aux femmes leur statut vis-à-vis des hommes de la famille.

   La langue française et sa « non-maîtrise » constitue, à mon sens, l’obstacle le plus difficilement surmontable par les femmes. En cela, il est le principal facteur d’exclusion de l’accès aux soins pour les femmes immigrées en France.

     L’hypothèse selon laquelle « La culture et la mauvaise maîtrise du français rendent difficile l’accès aux soins pour ces femmes » est donc vérifiée. Cependant, un autre élément joue un grand rôle dans ce domaine : l’aspect financier et les ressources de la famille. En effet, les faibles qualifications professionnelles des femmes maghrébines sont en corrélation directe avec le salaire lorsque celles-ci ont un emploi. Ce qui n’est pas souvent le cas. La plupart de temps, il n’y a donc qu’un salaire et des revenus de transferts sociaux pour permettre à la famille de subvenir à ces besoins.

     Or, selon Maslow, les besoins sont hiérarchisés. Il faut satisfaire les besoins de base, c’est-à-dire physiologiques : faim, soif etc., pour pouvoir aspirer à des soins d’ordre supérieur tels que les besoins de sécurité ou les besoins sociaux. L’accès aux soins se situe au niveau des besoins de sécurité. Il est fréquent, dans les familles immigrées, que les ressources soient à peine suffisantes pour assurer la nourriture et le toit à la famille.

     L’accès aux soins n’est donc pas une priorité pour ces femmes maghrébines. Les revenus sont donc un frein à l’accès aux soins pour elles. En cela, mon hypothèse était incomplète : les soins étant limités par la culture, la mauvaise maîtrise du français et les bas revenus. J’ai pu constater que la santé est difficile à aborder avec ce type de public. Pour les actions des travailleurs sociaux, il est nécessaire de s’appuyer sur des groupes déjà constitués dans les quartiers, de mettre en confiance la population et de s’adapter au-delà des problèmes de langue.

     Les travailleurs sociaux et notamment les conseillères en E.S.F. ont un rôle à jouer dans l’acquisition de l’autonomie de ces femmes, la santé n’étant qu’un des divers domaines de la vie quotidienne dans lequel elles peuvent intervenir.

Three_Algerian_Women.jpg

Femmes algériennes d’hier et recherche dans l’esthétique vestimentaire

 

BIBLIOGRAPHIE

-CREDES « Accès aux soins et état de santé des populations immigrées en France ». 5, 62 p.

-BOUDON R. : Dictionnaire critique de la sociologie. Paris : Ed. Presses es de France, 4ème Ed. mise à jour, 1991, p.p. 141-143

 -INSEE : Les étrangers en France. Paris : collection contours et caractères, 1994, p.p.

-C et LACOSTE, Y. : Maghreb, peuples et civilisations. Paris : Ed. La , 1991, p.p. 45-50 et p.p. 117-155

-LE MOIGNE, G. : L’immigration en France. Paris : Ed. Presses Universitaires de ection Que Sais-Je ?, 1995, 126 p.

-LEMSINE A : La Chrysalide. Paris : Ed. des femmes, 1976. 277 p.

-MESTIRI E. : L’immigration. Paris : Ed. La Découverte, 1990, 124 p.

-NOIRIEL D : Le creuset français. Paris : Ed. Le Seuil, 1988, p.p. 297s357

-TRIBALAT M. : De l’immigration à l’assimilation. Paris : Ed. La découverte, 1996,

2 ARTICLES

– BODIER M : « Du nouveau sur l’illettrisme » In Sciences Humaines, N° 57, janvier 1997, p.p. 10-13

– FANELLO S et. Ali : « Comportement et besoins médico-sociaux d’une population Migration-Santé, n 79, 2ème trimestre 1994, p.p. 105-115

-SERANGE-FONTERME, R. : « La consommation médicale des immigrés », In Prévenir, Mai 1983, p.p. 23-32

GLOSSAIRE

 ASSFAM : Association de Service Social Familial Migrants

CREDES : Centre de Recherche d’Etudes et de Documentation en Economie de la Santé.

-PMI : Protection Maternelle et Infantile.

-R.M.I. : Revenu Minimum d’insertion.

-SMIC : Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance.

-ESF : Economie Sociale et Familiale.

ANNEXES

SOMMAIRE DES ANNEXES

-ANNEXE N° 1 : Guide d’entretien avec les femmes Maghrébines et résultats bruts de l’exploitation des entretiens

-ANNEXE N° 2 : Guide d’entretien avec le médecin

-ANNEXE N° 3 : Guide d’entretien avec les travailleurs sociaux

-GUIDE D’ENTRETIEN AVEC LES

-GUIDE D’ENTRETIEN AVEC FEMMES MAGHREBINES

ETAT CIVIL :

Prénom

Age

Nationalité

Situation matrimoniale

Nombre d’enfants

Nombre d’enfants nés en France

Nombre d’enfants nés au pays d’origine

Nombre d’enfants nés à l’hôpital

Nombre d’enfants nés dans une clinique privée

Année d’arrivée en France

ORIGINE :

Rurale ou urbaine

Changements par rapport aux soins

SCOLARITE :

Scolarisée ou non Niveau d’études

Maîtrise du français parlé, lu, écrit,

IMPACT SUR L’ACCES AUX SOINS :

La culture : accompagnement par un homme

 prise des rendez-vous

La religion : ramadan

ACCES AUX SOINS :

Consultations chez le généraliste

Consultations chez le spécialiste, lequel

Hospitalisations

Soins dentaires

Vaccinations

Recours au taleb

Compréhension du médecin

REMARQUES DIVERSES :

ANNEXE N° 1

TABLEAU N°1

Situation

Familiale

Age Pays

d’origine

Origine : rurale ou urbaine Année d’arrivée en France
Khadouj Mariée 50 Algérie Urbaine 1967
Amina Mariée 32 Maroc Urbaine 1988
Mebarka Mariée 50 Maroc Urbaine 1974
Yamina Mariée 34 Maroc Rurale (ville à 1 KM) 1977
Fatima Mariée 28 Maroc Rurale 1990
Zokia Mariée 40 Algérie Rurale 1994
Zhora Mariée 49 Maroc Urbaine

(dispensaire)

1965
Fatma Mariée 45 Maroc Rurale (ville proche) 1969
Rkia Mariée 55 Maroc Urbaine

(hôpital)

1974
Ouria Mariée 56 Algérie Rurale 1963
Malika Mariée 25 Maroc Rurale 1991
Fatima Mariée 44 Algérie Urbaine

N.

1976

ANNEXE N° 1

TABLEAU N°2

Nombre

d’enfants

Nés en France Nés au pays d’origine Nés à l’hôpital Nés en clinique privée
Khadouj 10 10 0 8 2
Amina 3 3 0 1 2
Mebarka 7 2 5 1 1
Yasmina 7 7 0 3 4
Fatima 3 3 0 0 . 3
Zokia 5 1 4 0 1
Zhora 5 4 1 0 4
Fatma 4 4 0 0 4
Rkia 6 5 1 5 0
Ouria 8 8 0 8 0
Malika 2 2 0 0 2
Fatima 4 1 3 0 1

 

ANNEXE N° 1

TABLEAU N° 3

TABLEAU N° 4

Généraliste Spécialiste P.M.I. Hospitalisation en 1995, 96 ou 97
Khadouj En général elle consulte peu sauf pour ses enfants En général elle consulte peu sauf pour ses enfants Oui Non
Amina Consulte peu sauf pour ses enfants Consulte son gynécologue une fois par an plus dermatologue et pédiatre Oui Non
Meberka Consulte facilement mais est rarement malade Consulte son gynécologue une fois par an Oui Non
Fatima Consulte souvent car elle fait de l dépression Consulte son gynécologue et un spécialiste pour son fils ‘ épileptique Oui Non
Consulte rarement Consulte rarement Oui Non
Consulte peu Consulte peu Oui Non
Consulte 4 à 5 fois par an pour une hypercholestérolémie Consulte son gynécologue une fois par an Oui Non
Consulte peu sauf si elle est « fatiguée » Consulte son gynécologue une fois par an Oui Non
Consulte peu les généralistes Consulte tous les mois pour des problèmes de dos Oui Oui en août 1995
Consulte 4 fois par an environ Consulte 2 fois par an pour du rhumarisme et du diabète Oui Oui en mars 1995
Rarement malade Consulte son gynécologue 2 fois par an Oui Non
Consulte environ une fois par an Consulte 2 fois par an un O.R.L. Oui Non

TABLEAU N° 5

Sécurité Sociale Mutuelle Aide Médicale Générale grâce au R.M.I.
Khadouj Oui (travaille) Oui Non
Amina Oui (travaille) Oui Non
Mebarka Oui Non Oui
Yamina Oui (ayant-droit) Oui Non
Fatima Oui (ayant-droit) Non Non
Zokia Oui Non Oui
Zora Oui (travaille) Oui Non
Fatma Oui (travaille) Oui Non
Rkia Oui Non Oui
Ouria Oui Non Oui
Malika Oui Non Oui
Fatima Oui Non Oui

 

TABLEAUN° 6

Vaccinations à jour Dentiste en 1996 Problèmes de santé non traités Problèmes rencontrés
Khadouj Oui (nécessaire pour retourner au pays) Non Non Oui pour lire les ordonnances
Amina Oui Non Non Non
Mebarka Oui Non Non Oui pour lire les ordonnances et documents
Yamina Oui Oui Non Non
Fatima Oui Non Non Ne comprend pas et n’arrive pas à se faire comprendre
Zokia Oui Non Non Ne comprend pas et n’arrive pas à se faire comprendre
Zhora Oui Non Non Non
Fatma Oui Non Attend le plus possible pour aller chez le dentiste Non
Rkia Oui car nécessaire pour retourner au pays Oui Non Non
Ouria Oui Oui Non Lecture difficile
Malika Non depuis l’arrivée en France Non Non Ne comprend pas et a besoin d’une traduction
Fatima Non depuis l’arrivée en France Non « laisse traîner pour changer ses lunettes » Ne comprend pas et a besoin d’une traduction

 

TABLEAUN° 7

Remarques et témoignages divers
Khadouj « En Algérie, on n’allait pas beaucoup chez le médecin, ça a changé. Si on y retournait ce serait différent »
Amina « On fait toujours le ramadan, même quand on est malade. Quand on croit, on a du courage! »
Mebarka •’ ///
Yamina Madame va chez un marabout pour sa dépression. Il dit des prières. Elle porte aussi des grigris et dit que cela la rend plus calme.
Fatima Madame parle très peu le français. Son mari l’accompagne à chaque fois et répond aux questions à sa place.
Zokia ///
Zhora III
Fatma Madame consulte peu les médecins. Elle utilise surtout des remèdes de

« grand-mère »

Rkia Madame a de gros problèmes de décalcification d’où de fréquentes visites chez un spécialiste
Ouria III

III

Malika III
Fatima Attend pour changer ses lunettes à cause du prix élevé

GUIDE D’ENTRETIEN AVEC LE MEDECIN

La culture

Le regroupement familial La culture

La santé, le corps, la maladie dans la culture maghrébine consultations

 

La couverture sociale

La Sécurité Sociale

La mutuelle

Le RMI

Pourcentage de bénéficiaires dans la clientèle Vécu par rapport à la « Carte Santé + »

 

La prévention santé

outils utilisés

impact auprès des femmes maghrébines difficultés rencontrées

Témoignages d’expériences vécues

 

 

 

 

INTRODUCTION…………………………………………………………………………………….3

 

METHODOLOGIE………………………………………………………………………………………………………………4

PREMIERE PARTIE : LES FEMMES MAGHREBINES………………………………………..5

I- L’IMMIGRATION MAGHREBINE EN France…………………………………….……………..5

1-1 Le regroupement familial favorise la féminisation de la population………………………………5

1-2 Une sociabilité de type interne……………………………………………………………………6

1-3 Les pratiques linguistiques : de grandes difficultés en français……………………………………6

II- LE MAGHREB……………………………………………………………………………………7

2-1 La culture Maghrébine……………………………………………………………………………..7

2-2 La religion………………………………………………………………………………………….8

 

DEUXIEME PARTIE : L’ACCES AUX SOINS……………………………………………………9

I- LA PREVENTION SANTE……………………………………………………………………….9

1-1 Médiatique………………………………………………………………………………………..10

1-2 prévention de proximité…………………………………………………………………………..10

II- LES SOINS……………………………………………………………………………………….10

2-1 Sous-consommation des soins de généraliste…………………………………………………….10

2-2 Le spécialiste : un accès moins aisé………………………………………………………………11

2-3 L’hospitalisation : une préférence pour le secteur public…………………………………………12

2-4 Un accès aux soins dentaires semblable aux Français……………………………………………13

III-LA PROTECTION SOCIALE…………………………………………………………………13

3-1 La Sécurité Sociale : pas de problèmes…………………………………………………………..13

3-2 La protection complémentaire maladie : une couverture partielle……………………………….14

3-3 L’aide médicale générale dans le cadre du R.M.I…………………………………………………14

TROISIEME PARTIE : INCIDENCES ET SOLUTIONS………………………………………15

I- Incidences sur l’accès aux soins………………………………………………………………….15

1-1 La culture a un impact important sur l’accès aux soins…………………………………………..15

1-2 Le respect de la religion et son incidence sur la santé……………………………………………16

1-3 La barrière de la langue limite l’accès aux soins…………………………………………………16

II- ACTIONS POSSIBLES DES CONSEILLERS EN ESF………………………………………18

CONCLUSION……………………………………………………………………………………….18

BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………20

GLOSSAIRE………………………………………………………………………………………….21

ANNEXES……………………………………………………………………………………………22

[1] Tribalat M. : De l’immigration à l’assimilation (Ed. La Découverte, Paris 1996, p. 302)

[2] Camille et Yves LACOSTE : Maghreb, peuples et civilisations (Ed. La Découverte, Paris 1991,p.p. 45-50 et 117-155)

[3] A Lemsine : La Chrysalide (Ed. des femmes, Paris 1976, 227 p)

[4] CREDES : « Accès aux soins et état de santé des populations immigrées en France », Paris, 1993, 62 p

[5] Fanello S et Ali : « Comportements et besoins médico-sociaux d’une population migrante » In Migration et Santé N° 79, 2e trimestre 1994, p.p. 105-116

[6] Serange-Fonterme R : « Consommation médicale des immigrés » In Prévenir, Hors Série, mai 1983, p.p. 23-32

[7] Tribalat M. : De l’immigration à l’assimilation (Ed. La Découverte, Paris 1996, p. 214)

[8] Ibidem, p.9

[9] Bodier M. : « Du nouveau sur l’illettrisme », In Sciences Humaines, N°57, janvier 1997, p.p. 10-13

[10] Tribalat M. : De l’immigration à l’assimilation (Ed. La Découverte, Paris 1996, p. 196

[11] Boudon R. : Dictionnaire et critique de la sociologie (Ed. PUF, 4e Ed. mise à jour, mars 1994, p.p. 141-143)

[12] Camille et Yves LACOSTE : Maghreb, peuples et civilisations (Ed. La Découverte, Paris 1991,p.p. 120–121)

[13] Camille et Yves LACOSTE : Maghreb, peuples et civilisations (Ed. La Découverte, Paris 1991, p.12)

[14] Mestiri E. : L’immigration (Ed. La Découverte, Paris 1990, p. 95

[15] Ibidem p. 15

[16] Camille et Yves LACOSTE : Maghreb, peuples et civilisations (Ed. La Découverte, Paris 1991)

[17] Serange-Fonterme R : « Consommation médicale des immigrés » In Prévenir, Hors Série, mai 1983, p. 29

[18] Opus cit., 21

[19] LE MOIGNE, G : « l’immigration en France » (Ed Presses Universitaires de France, collection, « Que sais- je ? » Paris,1995, p 68)

[20] FANHLLO S. et. Ali « comportement et besoins médico-sociaux d’une population migrante » In Migration-Santé n° 79, 2ème trimestre 1994, p. 109

[21] FANELLO, S. et. ali, op cit p 35

[22] FANELLO, S. et. ali., op. cit. p. 35

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