Sylvie Brunel-Bamony
L’Adrar mauritanien
Données géographiques
La Mauritanie s’étend du Sahara occidental au nord jusqu’au Sénégal au Sud.Il a une frontière avec l’Algérie au nord et le Mali au Sud et à l’Est.
A l’Ouest, c’est une grande bande côtière longue de 600 Km qui délimite son territoire le long de l’Atlantique.
C’est un territoire grand comme 2 fois la France dont les 2/3 sont désertiques.
La capitale est Nouakchott.
Données démographiques
Ce pays compte environ 4 millions d’habitants.
L’espérance de vie est de 62 ans et le taux d’alphabétisation est de 59%.
Histoire
La Mauritanie fut d’abord un protectorat puis en 1920, elle devient une colonie.
En conflit avec le Sahara Occidental, c’est en 1979 que la Mauritanie s’en dégage.
L’indépendance de la Mauritanie date du 28 novembre 1960
Régime politique
Ould Abdel Aziz est actuellement chef du gouvernement de la République Islamique de Mauritanie
C’est un pays musulman à 99%
La tolérance et la liberté de conscience sont la règle générale.
On parle le Hassanya (66%) qui est un dialecte arabo-berbère mais également le Pular, le Soninké et le Wolof
Principales ressources
Industrie Minière au nord : du fer d’excellente qualité, un peu de cuivre et d’or
La pèche : la Mauritanie bénéficie des eaux les plus poissonneuses au monde. Le japon est son principal client (80%)
Les cultures : 1% du territoire est cultivé, principalement au sud, le long du fleuve Sénégal (mil, sorgho, maïs, riz)
Jardin et palmeraie (dates)
Les habitants
En premier lieu ce sont des éleveurs de chèvres et de chameaux. Les mauritaniens ont, par la suite, développé le tourisme avec l’arrivée d’un premier vol charter en 1996 déversant les 260 premiers touristes. Deux ans plus tard on comptait 1500 passagers et plus de 10.000 en 2007.
C’est ainsi que d’une population de 65% de nomades en 1960 on ne trouvait en 2000 plus que 12% de nomades, le tourisme ayant ouvert de nouveaux horizons prometteurs : guides, chauffeurs, cuisiniers, chameliers, aubergistes…
10.000 touristes/an faisaient vivre 10.000 personnes à l’année.
Mais, à partir de 2007 et suite à l’assassinat de 4 français, la chute du tourisme fut vertigineuse et suivie quelques années plus tard de l’arrêt des vols charter.
L’activité touristique est donc suspendue à la menace terroriste. L’activité pourra-t-elle bientôt reprendre ?
Randonnée chamelière
Pourquoi la Mauritanie ?
Après le désert du Thar (Inde), le Grand Erg Oriental de la Tunisie, le Ténéré au Niger, j’arrive en mars 1999 en Mauritanie.
J’effectue ensuite 2 ou 3 autres voyages organisés toujours en Mauritanie mais un désir intense d’aller au plus près des populations me pousse à organiser moi-même mes voyages. En 2003 j’effectue un séjour dans une auberge d’Azougui, magnifique oasis à 450 Km de Nouakchott. J’ai alors la possibilité et le temps de rencontrer quelques familles, les ouvriers qui travaillent dans les palmeraies, l’infirmier que j’accompagne dans ses consultations…
Mais ce n’était toujours pas suffisant : je rêvais d’aller encore plus loin dans ce fascinant désert à la rencontre des véritables nomades.
C’est alors que par l’intermédiaire d’une française travaillant sur place, je trouve une petite équipe acceptant de m’accompagner dans mon projet.
Et c’est en mars 2005 que je me lance dans la grande aventure !
Accompagnée de 3 mauritaniens (Saleck le guide, Omar le cuisinier et Mohamed le chamelier) et de 2 dromadaires, me voilà partie pour le grand désert.
Saleck m’avait concocté un magnifique circuit d’une quinzaine de jours au cours duquel nous avons traversé des paysages très divers : vastes plaines de sable (erg), immenses plateaux pierreux (reg) et de magnifiques dunes qu’il fallait gravir et que nous dévalions les talons bien enfoncés dans ce sable chaud.
Dès que nous approchions d’un campement, la coutume veut que l’on s’arrête pour saluer la famille, boire un thé et donner des nouvelles. A cette occasion s’il était nécessaire, il m’est arrivé de prodiguer quelques soins : désinfection de plaies, nettoyage des yeux purulents…
Guide et chamelier au repos
La rencontre de tous ces gens me fascinait par la simplicité de leur vie et leur connaissance parfaite du désert, cette immensité qui me paraissait si mystérieuse et dans laquelle je voulais me fondre.
Cette expérience fut tellement fructueuse et porteuse de bonheur immense que je n’ai cessé de la renouveler chaque année.
Cette proximité amicale avec ma petite équipe m’a conduite, au fil des ans à un partage plus particulier avec la famille nomade de Mohamed le chamelier qui maintenant m’accueille chaque année.
Désireuse d’un véritable échange et avec l’aide financière des uns et des autres (famille, amis, collègues…) à chacun de mes séjours, j’établis avec Mohamed le « projet de l’année ».
Ce fut en premier lieu l’achat d’un dromadaire (outil de travail du chamelier) puis, l’achat de 9 moutons. En effet, les nomades n’ont pour toute richesse que leur troupeau (chèvres, moutons, dromadaires) qui leur sert d’échange pour se ravitailler en nourriture (riz, maïs, thé, huile, savon, sucre…). Plus tard, et suite au mariage de Mohamed et à l’arrivée d’un fils, un mini crédit fut accordé à la famille afin de faire face aux dépenses exceptionnelles (crédit totalement remboursé au bout de 3 ans).
Voici « Chems », le dromadaire, et son maître
« Il est des jours où l’on se fait piéger sans même le savoir.
On se croit voyageur, on regarde le monde comme une exposition et en quelques secondes on devient l’otage des lieux que l’on visite, d’un site, d’une histoire et surtout d’un peuple. »
Depuis quelques années, la vie est devenue particulièrement difficile pour ces gens qui vivaient du tourisme (n’oubliez pas que Mohamed était chamelier et proposait ses services à tous les tours opérateurs). Afin de rester dans « son désert » et pour faire vivre sa famille dont il est responsable (sa femme et ses deux enfants, sa mère, ses deux jeunes sœurs et son frère) Mohamed se lance dans le commerce de bétail.
Après avoir voyagé en solitaire, j’ai eu par la suite plusieurs occasions d’y emmener des amis désireux de partager ma passion. Ils en sont tous revenus enchantés, émerveillés mais aussi bouleversés par les conditions de vie de ces nomades.
Malheureusement, au fil du temps, et suite aux différents « événements », le sentiment de peur ayant pris le dessus sur la raison peu d’amis prennent le « risque » !
Je partage la pensée d’un grand amoureux de la Mauritanie qu’est M. Freund : « Le tourisme est une arme contre le terrorisme. Lorsque les touristes partent, ne restent que des terrains vagues dont les terroristes font leur lit ».
« Non, ils ne réussiront pas à rendre ces populations infréquentables ! »
Impossible pour moi, d’oublier cette famille qui chaque année m’accueille sous sa tente et avec laquelle je partage un brin de vie.
Campement nomade
Hospitalité Arabe
O parent étranger
Qui tient une houlette,
Veux-tu bien partager
Avec moi ma galette ?
O parent ! Ô passant
Dont j’ignore le nom,
Je t’offre cet encens.
Prends le, ne dis pas non !
Accepte ce lit rêche
Que prépare ma mère.
Pour toi est notre eau fraîche
Et notre mire amère.
Notre pain, notre sel,
Notre encens sont pour toi.
Hélas sous notre toit,
Nous n’avons pas de miel.
Des pas d’hommes sur l’étendue infinie des dunes