Confession d’une jeune fille, sorcière patentée dans sa communauté ethnique, sur le système stérile de la dévoration sorcellaire des vies humaines chez les peuples de l’Afrique noire : Arielle Kouassi G. (La Côte d’Ivoire)

Une figure des cultes d’Erebos chez les peuples de l’Afrique noire, déesse nocturne du Mal

I – Une confession glaçante et terrifiante sur les pratiques souterraines des cultes d’Erebos ou l’univers du mal absolu en Afrique noire

« Je m’appelle Kouassi G. Arielle née le 06 août 1996 au C.H.U de Yopougon. J’ai été initiée par Mme Boigny Akwa Monique, ma tante paternelle, à l’âge de 7 ans par la nourriture avec de la viande qu’elle préparait chaque soir dans une grosse marmite. J’ai été installée comme reine avec le pouvoir de détruire notre famille. Voici ceux qui ont été tués : mon père Kouassi Désiré, ma grand-mère maternelle Zagoté, ma tante du côté maternel, Agnès, ma tante du côté paternel, Aimance, mon oncle du côté paternel, Yves.

  J’ai pratiquement tué 15 personnes et détruit plusieurs foyers. Nous sommes dix dans notre groupe. L’essentiel de mon pouvoir se trouve dans mon bras gauche. Je me transforme en épervier, en faucon etc. Ma tante, qui m’a accompagnée ici, est programmée (chargée) en mars pour tuer une personne. Pour cela, on l’a transformée en animal, c’est-à-dire sous la forme d’une souris et les sorciers se sont transformés en chats. On le fait soit physiquement soit par des incantations sur la personne qui a été programmée et condamnée à mort. Alors elle mourra soit par accident de la circulation soit par tout autre moyen. On peut y arriver aussi en faisant errer l’âme de notre victime durant toute sa vie soit en lui lançant comme sort toutes sortes de maladies incurables. Ce peut être également un mauvais sort lancé contre une personne ou la frapper par la partie faible de son être.

  Les bénédictions ( ?) de la famille sont enterrées au village à Toumodikro pendant les fêtes du nouvel an. C’est au village que les sorciers vont faire leurs réunions. Voici leurs heures de rencontre : 18h, c’est le moment de la communication ; 21h, c’est l’heure de la réunion des groupes ; minuit, l’heure d’opération. Les sorciers sortent à minuit et rentrent à 5h du matin. Dans le monde spirituel, j’ai plus de 144 ans. Dans le monde de la sorcellerie, plus tu détruis de vies humaines, plus tu augmentes de puissance et tu montes en grade. Les sorciers peuvent attaquer à trois niveaux : 1er niveau, sur le corps de notre victime en lui infligeant des maladies incurables, le chômage, la destruction matérielle de ses biens et financière ; 2e niveau, sur son âme  par l’envoûtement, l’attaque ; 3e niveau, sur les liens familiaux en provoquant l’abandon, le mépris par les autres, les divisions, les discordes, la jalousie etc. Les richesses de ma tante paternelle Monique sont : une voiture, un château, un mari, un avion, un garde-corps etc. La mort de ses frères, de ses filles et de ses petits-fils – mais je n’étais encore pas encore née – sont son propre fait. C’est elle qui m’a informée qu’elle a gâté (détruit) le travail de ma tante, sa petite sœur koffi Simone, et même son foyer.  Elle veut détruire le foyer de la fille de ma tante, Eugénie Kokotré.

  Chaque fin d’année, le nom d’une personne est inscrit dans un livre dans lequel est marqué le jour de son décès. La mort de mon père avait été consignée (décidée) avant même mon initiation. Monique, ma tante, était la reine de notre groupe et elle était chargée d’éliminer mon père avant mon arrivée. Mais, quand j’ai été initiée, alors on me désigna pour l’exécuter. Au début, je refusais de le faire. Mais notre groupe a dit que si je ne le faisais pas, c’est moi qu’il allait tuer à la place de mon père. Alors je le fis avec la participation de ma tante Monique. L’année de la mort de mon père, c’est ma tante Monique qui devrait rendre l’âme. Elle a pris la vie de mon père pour remplacer la sienne et continuer à vivre. C’est madame Monique qui détruisit le foyer de la grande sœur de mon père. Elle a arraché la grossesse de sa fille Mireille et Germaine en mettant ces faits sur le compte de fausses couches. Elle a provoqué aussi une fausse couche à Aimance sa fille et elle a brisé son foyer. Quant à sa fille Eliane, elle a gâté (détruit) son travail et l’a rendue ivrogne et droguée. Elle a tué son petit-fils Cédric qui était, lui aussi, dans son groupe, son frère jack, qui fut malade pendant des années avant sa mort. Elle a rendu Maturin soulard (ivrogne) avant de le tuer. 

Ancient witch book with magic spell, black candles and decorated bottles. Halloween, esoteric and occult background. No foreign text, all symbols on pages are fictional.

   

   Voici le nombre de mes collaborateurs : Godefroid, le fils de son frère, qui est l’initiateur du groupe, ma tante Monique, c’est la reine, Mme Koffi Amoin, la mère de mon oncle Francis, et Francis lui-même, mon oncle, Zagoté, ma grand-mère, c’est-à-dire la mère de ma maman, Mireille, Amy Louise et Célestine. Voici mes richesses dans le monde obscure : une voiture Peugeot blanche 306, une Ferrari rouge et bleu, une villa de 4 pièces, un type (genre) de palais, un avion jet privé, un aéroport. Dans le monde spirituel, je suis mariée et le nom de cet homme est Ange Kam. Je n’ai pas d’enfant. Je ne suis pas enceinte.  Dans les groupes de la sorcellerie, les sorciers sont classés par ordre : les initiateurs, les chasseurs, les cuisiniers, les gardiens, les chefs de groupe, les chefs de clans. Chaque clan est divisé ainsi de zéro à 5 ans. De 5 à 10 ans, ce sont les initiés, de 10 à 15 ans ce sont les missionnaires, de 15 à 20 ans les chasseurs, de 20 à 30 ans les délégués et les guerriers, de 30 ans à plus, ce sont les sages. Les sorciers utilisent les cafards, les margouillats, les salamandres, les mouches etc., bref toutes les bêtes et bestioles qui vivent dans nos maisons pour soutirer des informations à l’insu de leurs victimes. Ils peuvent, ainsi, détruire les foyers. Même par les magnans noirs (une sorte de fourmis redoutables qui sévissent dans les pays tropicaux, comme la Côte d’Ivoire, ils sont capables de détruire le commerce qu’exercice une victime etc.

  Les captures (personnes victimes de la sorcellerie) de la famille sont : Eugène, la fille de ma tante paternelle, Mme Koffi, Raymond, fils de ma tante maternelle, Mesdames Clémentine, Eliane, fille de Monique, Mireille fille de ma tante Monique, Alfred, fils de madame Clémentine et Flora, fille de Madame koffi, Pierre-Claver, Mme koffi, Evrard Eugène, Vincent Georges et Toussaint. Madame Akoua Monique donne des ordres de destruction. Elle est assise sur les biens de la famille entière. Kouassi G. Ariel, est chef du groupe : sa mission est de détruire la famille. Kouassi Amoin, mère de Francis et d’Eugene, est livreuse d’âmes. Kouassi Francis est initiateur et chasseur d’âmes, Kouassi Louis est initiateur et chasseur d’âmes, Amy est gardienne des âmes, Kwamé Murielle, est gardienne des prisons des biens, Sy Geoffroi, héritier de Kouassi Amoin, est destructeur, Kouassi Célestine, mangeuse d’âme, Madame Zagoté est missionnaire et envoyée spéciale.

  Toutes ces personnes font partie du groupe de la sorcellerie. L’année 2009, c’est donc Madame Monique qui aurait dû mourir à la place de mon père et elle s’est déprogrammée cette année-là. Chaque année, les sorciers mettent en place un programme : Kouassi a la main sur ses 5 enfants,  Akwa Monique a livré sa fille pour la faire périr à sa place, sa fille Eliane pour la faire errer et sa fille Germaine pour la tourmenter. Dans la famille, il y a un lien qui a été tissé depuis bien longtemps, un lien avec la sirène des eaux marines de nuit, avec l’adoration des eaux et forêts. C’est pourquoi, la famille n’avance ni recule parce que ce lien prend de l’ampleur. Ma grand-mère a été tuée par sa fille Akwa Monique.

   Voici comment mon initiation s’est déroulée : d’abord, dans mes songes, il y avait des poursuites dans la brousse et ceux qui me poursuivaient étaient à pied. Ils avaient des pieds tout noirs avec des poudres blanches et ils étaient (ressemblaient à) comme des camions. Ils m’envoyaient de la nourriture, notamment de la viande qu’ils préparaient chaque soir. Souvent, dans mes songes, je me trouvais dans une école en train de voler avec d’autres personnes comme des oiseaux. Depuis très longtemps, toute ma famille entière est ancrée profondément dans la sorcellerie, qui est, en fait, sa richesse et sa science. C’est donc la sorcellerie qui fait notre fortune. J’ai détruit le foyer de ma tante du côté paternel, Charlotte, et je l’ai fait chasser de sa maison par le propriétaire. J’ai couché avec deux de mes cousins qui sont Laurent et Ange Kam. Mon groupe et moi avons rendu Alfred malade pendant une semaine. Koffi Amoin a livré ses petits-fils au groupe pour perturber leur avenir. Depuis lors, Geoffroi a été choisi comme héritier de sa grand-mère Koffi Amoin.

  Les sorciers ont un livre dans lequel toutes les missions sont consignées par des gardiens. Dans la sorcellerie, les vielles personnes qui n’ont pas de dents se nourrissent du sperme humain. Depuis le vendredi 18 mars 2011, au cours duquel j’ai fait un songe où ma tante Monique du côté paternel est venue à la maison, elle n’était pas venue sous son vrai visage, mais elle avait pris le visage d’une autre personne que je ne connaissais pas, de teint métissé avec de long cheveux, un grand manteau noir qui la couvrait jusqu’à ses pieds. En effet, cette tante Monique a l’habitude de prendre le visage des autres personnes pour faire ses œuvres sataniques afin d’éviter d’être reconnue par les âmes de ses victimes. Outre son manteau noir, elle transportait des outils telles une pelle, une daba etc., et un beau jour, elle me lança un regard méchant tout en souriant. C’est quand j’ai voulu répondre que j’ai reconnu sa voix ; puis j’ai dit : «  vas t’en !» Tout se passait  comme si ma voix était bloquée. Mais elle ne bougea point de sa position. 

Young witch, fortune teller reads Tarot cards.

  Tout ce que je dis est véridique, croyez-moi, car elle-même ne peut rien nier de ce que je dévoile ici. Le bras de  ma maman, Simone, qui lui fait  mal est le sort que  sa sœur Monique lui a jeté. Pour sa mort programmée en mars, cela devrait commencer par une paralysie des os. C’est ce qu’elle m’a dit le soir du 17 mars 2011 dans mon sommeil. Et elle m’a confirmé que c’est elle qui a détruit le foyer de toutes ses sœurs et elle a tué tous ses trois frères. Elle utilise aussi le corps des membres de la famille pour faire des opérations ( ?). Elle se transforme en épervier, en faucon, en lionne pour attaquer ses proies (victimes) et toutes les personnes de la famille ont été enterrées à Toumodi près d’un arbre avec un gros tronc.  Lorsqu’ils (les sorciers ?) les ont enterrées, ils ont mis des gardiens et ceux qui ont été choisis pour garder ces lieux sont ma tante Monique, tonton Francis, ses fils et sa mère Koffi Amoin…

  Moi Kouassi G. Arielle, je souhaiterais quitter le groupe et le clan de la sorcellerie ; quitter définitivement et me racheter auprès du Seigneur Jésus Christ ».

  II- Une rationalité implacable dans l’art stérile de détruire des vies humaines et, surtout, celles des individualités les plus intelligentes et les plus brillantes au nom de l’égalité de tous : c’est l’unique cause efficiente du manque de progrès et de développement des peuples de l’Afrique noire

Cette confession, qui a eu lieu dans le cadre d’un groupe de prière charismatique (ces groupes se multiplient actuellement, de manière indéfinie, dans tous les pays africains et d’Amérique du Sud dont, notamment, le Brésil), appelle quelques remarques.

 D’abord, cette folie meurtrière des forces de la nuit ou puissances spirituelles de ces peuples se situe toujours au sein des familles. Sans doute, dès lors que les membres de ces celles-ci se connaissant mieux qu’un étranger quelconque, il est aisé de trouver leurs failles qui permettent à leurs prédateurs d’appréhender leur âme en vue de l’annihiler et, conséquemment, d’ôter la vie de l’individu désigné comme une possible proie. Ces éléments de réalités permanentes sur ce continent nous ont conduit à la pensée que la faible démographie de ce continent s’explique essentiellement par ce phénomène de tuerie continue opérée sous l’angle des mondes spirituels. Par ailleurs, les sorciers se métamorphosent pour appréhender l’âme de leurs victimes/proies pour les raisons suivantes : d’une part, ces subterfuges leur évitent d’être reconnus par les âmes potentiellement victimes. Car pour avoir plus d’efficacité, ils doivent se cacher sous une apparence de normalité, surtout sous la figure de personnes bonnes au quotidien. Donc, les victimes potentielles ne peuvent point se méfier du danger de mort qu’ils représentent dans la famille. D’autre part, toutes ces opérations de meurtres dans le monde spirituel et/ou de sorcellerie, se passent sous forme de rêves, de songes ou de cauchemars.

  Ainsi, la confusion demeure dans la conscience des victimes dès lors qu’ils ignorent s’il s’agit de phénomènes oniriques ordinaires et sans importance ou, au contraire, s’ils représentent un danger pour leur vie. D’autant plus qu’ils ont la faculté de sortir, la nuit,  de leur corps-peau sous forme d’entité spirituelle. Car l’énergie du corps biochimique est trop lourde pour être aisément transportable à travers des couloirs d’énergie dans l’espace. En outre, ces êtres néfastes, ayant des pouvoirs inouïs de manipuler ce qu’on appelle d’ordinaire la matière, usent de la porosité de la terre/sol comme une complice consentante de leurs sabbats. La terre leur apparaît telle de l’argile qui prend toutes les formes du génie d’un artiste ou d’un artisan humain. La preuve, comme les sorciers eux-mêmes le reconnaissent volontiers : les non-sorciers sont incapables de savoir où ils opèrent leurs meurtres et où ils enterrent les déchets de leurs victimes. Ceux qui leur sont semblables voient immédiatement ces lieux occultes. C’est de la même manière que, par les savoirs/pouvoirs neuroniques, ils traversent (il s’agit de leurs « aliens ») les murs des maisons pour aller capturer l’âme de leurs victimes dans leurs lits, comme un jeu d’enfant. En outre, selon l’aveu de Jean Nagalo de Bianouan (La Côte d’Ivoire, 4 juin 2018), le monde des esprits fonctionne de manière impitoyable au sens où la seule loi qui vaille, c’est celle du plus fort. Il ne nous a pas caché qu’il était lui-même un redoutable sorcier maléfique et un audacieux prédateur dans les missions dangereuses ou scabreuses. Puisqu’il se sait déjà mort, mais physiquement en sursis, il s’autorisa à lever quelques voiles sur le monde des puissances des ténèbres ou les mystères du cerveau humain. A l’occasion de cette rencontre, nous étions en compagnie de M. Misseli Bationo, célèbre journaliste à la retraite.

 Selon cet homme, en effet, « il existe des kamikazes et des « missionnaires », soit des individus qu’on envoie en mission dans le monde des puissances des ténèbres. Ce sont des individus, y compris des enfants, des adolescents, des jeunes adultes qui, en raison de la puissance de sorcellerie dont ils sont doués, proposent aux groupes (associations de malfaiteurs) auxquels ils appartiennent d’aller accomplir des missions difficiles, quitte à y perdre la vie dans cette entreprise, à l’instar de ma propre fille qui a été tuée par les djinnas – entités divinisées – du Djandjou[1]. Elle avait consenti à tuer son oncle Théotime, avec l’aide de l’un des fils de ce dernier, parce qu’il désire occuper la place de son père dans l’entreprise où celui-ci l’avait fait entrer, il y a quelques années. Donc, ces jeunes personnes sont audacieuses et n’ont peur de rien parce que chacun de nous se croit invincible du fait de ses forces innées. Ainsi, ils sont capables d’attaquer l’âme d’un individu particulièrement difficile à appréhender pour diverses raisons, entre autres, parce qu’elle est protégée par Dieu ou par les divinités du kwala ».

Une figure de sorcier : ce sont les individus qui incarnent le mal et non pas leurs institutions
elles-mêmes

  A la question : « quelles raisons vous poussent-elles à tuer, entre autres, les membres de vos familles, à les empoisonner ou à les rendre si malheureux ? » Notre interlocuteur répond : « Pour nous, tuer quelqu’un n’est pas un mal. Car nous sommes programmés pour tuer, empoisonner, rendre malheureux, bref pour causer le mal, comme le Satan de la Bible. Nous sommes nés avec une puissance, qui coule dans notre sang et qui est initialement neutre. Mais nos mères nous initient au mal en nous donnant à manger un produit à base de protéine humaine. C’est cette chose qui est l’essence de notre puissance pour le mal. C’est pourquoi, tant qu’on ne fait pas le mal, on n’est jamais tranquille, comme un phénomène d’addiction à l’alcool. Donc, tuer est un jeu facile. Car l’esprit du diable (c’est ainsi que vous nous appelez : les « diables » du fait de nos forces extraordinaires) qui nous habite nous incline fortement à agir ainsi. C’est notre nature. Moi-même, j’ai été un kamikaze et j’ai brûlé ma vie psychique, c’est-à-dire celle des pouvoirs de mon cerveau, de la sorte. Même si je n’ai pas encore envie de mourir physiquement – car j’aime les plaisirs de la chair, de mon corps présent ; de ce point de vue, nous sommes tous semblables, même toi : la peur de la mort, c’est la peur de perdre la jouissance de nos sens, c’est tout -, je sais que la mort n’est plus loin[2]. Mais, au fond, celle-ci n’est rien. Dès que je serai délesté de cette peau, je pourrais immédiatement me réincarner dans un autre corps, si je veux. En réalité, nous le savons, nous gens de la nuit, comme vous (les aveugles) nous appelez : on ne meurt jamais, on se dépouille d’une peau. On continue de vivre sous une autre forme suivant une autre réalité… »      

 Ensuite, beaucoup d’anthropologues africanistes, en particulier, français, n’ont pas cherché à comprendre réellement la raison profonde qui se tient au-delà des propos qu’ils entendaient de leurs interprètes relativement à cette monstrueuse réalité, celle qui confère au continent africain quelque chose comme un désastre, un désarroi terrifiant. C’est ce qui fait que cette zone de la terre est qualifiée de continent de la peur pour ses habitants[3]. dépourvus de puissance sorcellaire. N’ayant pas bien compris ce qui était en jeu dans les traductions de leurs informateurs – comme ils disent d’ordinaire-, ils ont toujours préféré théoriser ces données pour donner un éclat rationnel, une originalité à leurs thèses de doctorat d’anthropologie.  

  Enfin, il y a une rationalité sous-jacente à ces données, en apparence, absurdes : celle d’une autre conception, d’une autre compréhension de la nature humaine et même de la Vie. Par-delà ce qui peut être douloureux pour les Africains eux-mêmes, il importe de tenter de bien comprendre comment ils manipulent les forces vitales d’un être humain au point de lui retrancher la vie sous une dimension qui échappe à l’intelligence des sens ordinaires. Selon Ebourbié Kando[4] d’Ekoulkouala (Burkina Faso), l’être humain n’est guère différent des autres espèces vivantes sur notre terre. Les cerveaux quantiques l’ont bien compris qui usent à leur guise de la vie des gens par des procédés de manipulation qui leur sont propres. Ainsi, il est aisé de dépouiller un être humain, comme on le fait habituellement d’un animal quelconque. On suspend son âme neurovégétative en l’air, pour en extraire sa chair en vue de sa manducation. Par ailleurs, même si ces êtres monstrueux de la nuit se sont partagé la chair de l’une de leur victime et qu’ils sont pris sur le fait ou dénoncés par l’un d’entre eux au point qu’ils ne peuvent rien faire d’autre que de le restituer en l’état, ceci ne leur pose aucun problème. Il leur suffit de se retrouver la nuit pour récupérer les divers morceaux partagés à chacun d’eux, de les rassembler et d’y faire des incantations pour redonner vie à leur victime ; à la seule condition que son foie n’ait point été déjà détruit par l’un d’entre eux… Aussi, une telle conception et/ou compréhension de l’être humain par les peuples africains subsahariens demande à être explorée et étudiée à fond pour compléter nos savoirs biologiques. Et tel est le sens de la place de ces données dans les investigations présentes. Autrement, la nature de ces réalités humaines singulières échappent totalement à la raison commune des peuples.

  En somme, ces réalités du monde ténébreux lèvent le voile sur l’essence des sociétés africaines comprenant le chaos comme une structure saillante de l’idiosyncrasie et de la psychologie des individus. Certes, le chaos, créateur de diverses figures de désordre au sein des sociétés humaines – le domaine de la politique, la gestion des affaires économiques et financières, comme nous l’avons montré à maintes reprises, représentent le summum du désordre sur notre commune Terre -, est inhérent au mode d’être de l’Anthropos en ce monde. Mais, en ces sociétés, il semble atteindre des sommets dans l’art de provoquer le désordre comme l’expression de la puissance de certains individus que nous avons appelés les cerveaux quantiques pernicieux et néfastes. En effet, du fait de l’inclination invincible d’une majorité de leurs membres à créer partout le désordre en tant qu’ils sont absolument ennemis de l’harmonie, de la paix et du bonheur des communautés, voire à porter des coups mortels aux uns et aux autres, il est évident qu’on a affaire à un ordre de réalité du type darwinien. Il est même comparable à l’atmosphère qui régnait aux Etats-Unis lors de la conquête de l’Ouest, en l’occurrence, un monde sans loi si ce n’est celle du règne du pistolet.

Coalescence esprit/matière et efficience des forces du cerveau humain capable de tout

   Comme Darwin l’a bien analysé dans son ouvrage majeur[5], les individus qui font preuve de plus de force ou qui sont plus aptes à s’adapter à un milieu physique donné sont ceux-là seuls qui survivent à la sélection naturelle en laissant une progéniture vigoureuse. Il en est quasi même chez les peuples africains. Car les cerveaux quantiques néfastes, qu’on appelle d’ordinaire les sorciers «mangeurs d’âmes », sont enclins à créer des combinaisons spirituelles scabreuses et mortifères pour éliminer ceux d’entre leurs membres (leurs frères et sœurs) qui sont dénués des pouvoirs cérébraux semblables aux leurs. Parfois, dans ce champ social souterrainement violent – une sorte d’univers parallèle avec ses lois propres : les règles qui régissent le monde du jour n’ont plus cours ; ce n’est plus l’ordre des anciens qui commande, mais celui des individus les plus puissants, fussent-ils plus jeunes ou enfants -, même les théurgies protectrices de la vie des non sorciers ne parviennent pas toujours à les sauver d’une mort certaine. La seule nuance par rapport au type darwinien – et elle est importante – entre le fonctionnement des sociétés animales et celles des sociétés africaines tient à ceci : dans le règne des animaux non humains, la manifestation des forces, c’est-à-dire l’instinct de domination des plus forts sur les plus faibles est tout à fait aveugle. En revanche, – heureusement pour les autres sociétés humaines – la nuisance, c’est-à-dire la volonté du mal – ce qui est une figure exacerbée de la cruauté – passe nécessairement par les liens de la famille des cerveaux quantiques enclins au désordre, au mal sous toutes ses figures.

Quand il y a absence de liens familiaux dans une communauté donnée[6], qui rendent possible le passage aux meurtres psychiques, les individus doués d’un tel penchant créent des alliances. Tout se passe comme s’il s’agissait d’un passeport pour tuer ou pour causer le mal dans le monde spirituel, selon l’expression de la jeune Arielle. Celui-ci aurait des lois spécifiques qui ne leur permettent pas d’agir à leur guise en dehors des cercles familiaux. Dès lors, partout où il y a la paix, l’harmonie ou la bonne intelligence entre les êtres humains, il faut qu’ils y apportent le désordre, la souffrance, la mort. En vertu de leur pouvoir créateur de désordre en permanence, nous pouvons soutenir, à juste titre, que ce genre de cerveaux quantiques, qui vivent sous ces cieux, sont légions. Ils sont ennemis des combinaisons heureuses, condition du bien-être des êtres humains en ce monde. D’où l’hypocrisie généralisée sur la santé des uns et des autres, l’état de richesse de certains individus. En effet, en ces pays, nul ne s’avise de dire clairement aux autres, quand c’est le cas : « je vais bien ou très bien, mais un peu ! ». De même, personne ne dit qu’il est riche de peur que les méchants de sa famille ne le réduisent à l’état de pauvreté en détruisant ses biens par des procédés souterrains, c’est-à-dire diaboliques ; à moins de disposer de théurgies suffisamment puissantes pour le protéger d’un tel sort funeste…Même de cette manière, rien n’est gagné !

  Cependant, des cerveaux ce genre d’êtres, parmi les humains, utilisent leur science/pouvoir neuronique pour s’élever au-dessus des communs des individus par la connaissance des organismes et des éléments de la terre (minéraux, végétaux, animaux) en vue d’user de leurs potentialités pouvant servir à soigner, à aider, à équilibrer les énergies vitales dont le fonctionnement harmonieux est indispensable à la bonne santé, à la vitalité forte ou très forte. C’est, ainsi, que leur conscience est considérablement plus avancée que celle d’aucune autre conscience individuelle. Nous les avons appelés des transhumains bienfaisants[7] pour la communauté humaine. Ces données nous instruisent toujours sur le fait que les sciences biologiques, même si elles nous éclairent grandement sur certains labyrinthes du vivant, ne sont pas, à elles seules, susceptibles de nous apporter une connaissance très approfondie de ce dernier, notamment au sujet de certains phénomènes abstraits, comme la magie, la science/pouvoir neuronique dont elles négligent l’étude. Or ces faits sont intrinsèquement humains depuis les origines des descendants d’Homo sapiens et même de la vie jusqu’à nos jours.

Occult, esoteric, divination and wicca concept. Halloween background with vintage objects. No foreign text, all symbols on pages are fantasy, imaginary ones

Conclusion

   Malgré le triomphe contemporain de l’esprit scientiste matérialiste, différent de l’esprit scientifique, il est évident que la magie – il s’agit de l’expression, sous diverses formes, des pouvoirs du cerveau humain – est aussi vieille que la vie du genre humain lui-même. Et elle se rencontre partout. On comprend qu’un philosophe comme Schopenhauer puisse s’interroger à juste titre sur la permanence et la vivacité de cette réalité humaine. Selon lui, « on s’étonne ici de la persistance avec laquelle, malgré tant d’échecs, l’humanité a poursuivi partout et toujours l’idée de la magie et on en conclura qu’elle a des racines solides »[8]. D’après Le Robert, la magie dérive du grec mageia ou « religion des mages perses ». Mais cette étymologie du mot a aussi le sens de « sorcellerie », terme que nous jugeons, à présent, inadéquat. En effet, qu’il soit question du magicien ou du sorcier, il s’agit toujours, selon ce dictionnaire de « l’art de produire par des procédés occultes des phénomènes sortant du cours ordinaire de la nature ». Dans le langage courant des peuples européens du Moyen Age, en vertu des pouvoirs que détient cette sorte d’art, qui semble visiblement perturber les lois de la nature, on parle volontiers de la « magie divine », tolérée par les églises chrétiennes et de la « magie démoniaque » condamnée par celles-ci. Ce qui les distingue réside en ceci : la première est favorable à la vie, répare les maux, est au service du bien, à l’inverse de la seconde qui nuit à la vie, cause des dégâts au milieu des êtres humains. Dès lors, la magie, autant que la science, ont des points communs tant à l’origine que dans les différentes sphères de leurs activités présentes.


[1] C’est un culte de théurgie protectrice des familles dont les entités sont invisibles aux sorciers. Et cette invisibilité permet aux entités de la théurgie de les détruire, quand elles capturent leur âme en flagrant de tentative de meurtre sur la personne (âme) de l’un de ses adeptes.

[2] En effet, un mois plus tard, les frères de cet homme nous informèrent de son décès, soit vers fin juin 2018.

[3] Cette affirmation est une triste réalité. Car les peuples africains préfèrent l’usage obscur et mortifière des pouvoirs de leurs sciences neuroniques opaques, comme le phénomène de la destruction de la vie d’autrui. Tel est l’exemple des Ambas, un peuple de l’Afrique de l’Est. Mais ceux-ci ne sont pas les seuls peuples de ce continent dans cette situation scabreuse -,. Le journaliste polonais, Ryszard Kapuscinski a longuement analysé leurs pouvoirs de nuisance les uns à l’égard des autres. Dans son livre, il rapporte l’histoire d’un homme totalement paralysé par l’encerclement de ses ennemis sorciers, membres de sa famille, qui cherchent à le tuer : « Ce sorcier peut en effet me faire mourir à petit feu. Ne serait-ce qu’en semant des cailloux, des petites feuilles, des plumes, des bouts de bois, des mouches mortes, des poils de singe ou des peaux de mangue sur les sentiers que j’emprunte. Il me suffira de les fouler pour tomber malade ou mourir aussitôt… L’homme a peur même de sortir de sa case, car sur le seuil il  peut tomber sur un morceau d’écorces de baobab ou une épine d’acacia empoissonnée » (In Ebène-Aventures africaines (Plon, Paris, 2000, p.193)

[4] Il s’agit d’une prêtresse qui a consacré ses savoirs/pouvoirs qu’elle aurait reçus de Dieu au service du bien en sauvant des vies humaines, au nom de son Dieu.

[5] L’origine des espèces –traduit, présenté et annoté par Thierry Hoquet- (Seuil, coll. « Sources du savoir », Paris 2013)

[6] Là où des groupes africains se constituent, il y a nécessairement une ou des associations, voire des organisations de sorciers malfaisants. Il en est ainsi des Lyéla du Burkina Faso qui sont installés à Bianouan (La Côte d’Ivoire) ; ou dans toute autre cité.

[7] En France, nous avons eu des contacts avec de tels individus particuliers dans l’Ain, dans la Nièvre, dans le Bourbonnais etc. Notre curiosité nous a poussés vers eux pour tâcher de comprendre à la fois la nature de leurs cerveaux, comment ils réussissent à opérer des “miracles” dans leurs pratiques thérapeutiques, telle la faculté de soigner des brûlures graves sans cicatrices. Mais ils n’ont pas été en mesure de nous donner la moindre explication, hormis le fait qu’ils usent de prières catholiques, dans certains cas, pour agir et opérer efficacement. Cependant, en lisant nous-mêmes ces mêmes prières, nous avons été incapables d’obtenir le moindre résultat. Sans doute, notre cerveau n’est pas connecté de la même manière que les leurs !

[8] In Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie – sous la direction de Pierre Bonte et Michel Izard – (P.U.F, Paris 2004, coll. « Quadrige »)

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