Pourquoi une morale ?

 

1 proxy.duckduckgo-3Introduction

     Dans l’énoncé même de la question, il y a une polémique qui peut se comprendre au moins de trois manières, selon qu’elle renvoie à l’analyse empirique d’un fait (pourquoi y a-t-il des morales ? ), à la perspective d’une justification en droit (qu’est-ce qui peut fonder une morale ? Et pourquoi celle-ci plutôt que telle autre ?), ou encore à une forme de dérision sceptique, voire nihiliste (une morale, pour quoi faire ? A quoi bon ?). Dans le premier cas, la question appelle une analyse explicative et non normative, pour laquelle peu importent la différence des contenus des diverses morales humaines ou la hiérarchisation de leurs valeurs. Suivant cette optique, il s’agit simplement de rendre compte de leur apparition en traitant les morales comme des manifestations humaines qu’il s’agit d’interroger, de facto, dans leur spécificité et dans leur articulation par rapport à d’autres manifestations culturelles. Dès lors, l’intitulé s’inscrit dans une problématique plus générale (pourquoi une morale ? Pourquoi une organisation sociale, politique, juridique ?) qui renvoie aux difficultés relatives à la sociabilité humaine, et convoque des analyses non seulement philosophiques, mais aussi ethnologiques, sociologiques, anthropologiques, etc. On peut alors examiner la question suivant trois modalités principales : quelle origine pour la morale (droit naturel, convention, culte, rites) ? Quelle fonction (assurer la possibilité d’une vie en commun par la régulation des passions humaines et des tendances agressives) ? Quelle finalité (parvenir, par exemple, à une concorde universelle) ?

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L’insoutenable précarité du bonheur humain dans la philosophie d’Arthur Schopenhauer

Le Monde comme volonté et comme représentation

 

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I- Introduction et définition du terme de bonheur

 

 

     Si l’on s’attache à l’étymologie du mot, on s’aperçoit très vite que le bonheur est lié au hasard, à la chance. Bonheur signifie, en effet, « bon heur », dérivé du latin augurium, qui signifie « augure », « chance ». Le bonheur, comme le malheur est alors quelque chose qui arrive, qui nous échoit, sans qu’on s’y attende. Mais il est, du même coup, précaire, et échappe à toute tentative de maîtrise. En effet, il ne suffit pas de déclarer « je veux être heureux » pour l’être effectivement. Il y a quelque chose dans la nature qu’on pourrait assimiler à ce que Leibniz appelle « le mal métaphysique »[1]. Celui-ci tient à l’imperfection du monde comme l’incompatibilité des choses ou de leurs états qui ouvrent la voie à toutes les possibilités du meilleur et du pire. Certes, dans la tradition philosophique, le bonheur suggère l’idée d’un bien. Mais de quelle nature est ce bien ? Le bonheur est-il le bien suprême ? Comment cela est-il possible puisque le bonheur est parfois frivole ? Arrivons-nous jamais à être heureux ?

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